Dimanche, faire le choix de la fraternité


Propos d'un chrétien engagé / mercredi, juillet 3rd, 2024
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Dimanche 7 juillet 2024, nous irons voter. Nous exprimerons notre choix pour la conduite des affaires de notre pays. Il nous faudra choisir en responsabilité, en conscience, en pesant le pour et le contre. Peut-être que ce sera un choix contrarié, par défaut, pour sauver la cohésion sociale ou ce qu’il en reste. La sagesse populaire dit que « choisir c’est renoncer ».

Un choix raisonné

Certains pensent qu’au point où nous en sommes, nous pouvons renoncer au bon sens. Que nous n’avons pas essayé l’extrême-droite, que cela ne sera pas pire ! Sauf que choisir un parti de l’exclusion, de la haine de l’étranger, de la régression citoyenne, de l’opposition entre peuples ce n’est pas bâtir la justice.

Au-delà des crises

Depuis longtemps, notre pays traverse des crises qui frappent d’abord les plus fragiles. Les gouvernants successifs n’ont pas su résorber la fracture sociale. Mais, malgré tout, grâce notamment à l’action du secteur associatif, les conséquences ont été amorties. Même si cela reste une première urgence.

Renoncer aux mécanismes de peurs

Comme chrétien, engagé dans l’Église et dans la société, je ne peux me résoudre à voir que des « mécanismes de peur » prennent le pas sur « un désir d’avenir différent et plus fraternel ». Ma lecture de l’Évangile me laisse à penser que le Christ serait davantage du côté des pauvres, des fragiles, des exclus, de ceux qui sont laissés au bord de la route. Pour autant, il n’est pas un programme politique. Mais, il encourage à ne pas avoir peur des crises. La peur n’est pas une route sereine, la foi nous engage à la confiance. Celle d’un avenir de réconciliation, de concorde et de paix. Cela ne signifie pas que la foi se tient d’un côté de l’échiquier. Il y a des chrétiens partout, même à l’extrême-droite.

Le choix de mon frère

Pourtant, j’entends résonner au cœur du monde, cette parole de l’Écriture : « Qu’as-tu fait de ton frère » ? (Gn 4, 10). Serais-je en paix d’abord avec moi-même, ma conscience et, in fine, avec Dieu si je fais le choix de l’exclusion, de la haine, du repli sur la « communauté nationale » ?

Vous n’aurez pas ma haine

Personnellement, non ! Je ne comprends pas cette haine qui est le soubassement de l’extrême-droite. Il y a sans nul doute des explications politiques, sociologiques à ce sentiment de déclassement social. Il y a des riches très riches qui conduisent des personnes à gagner trop peu pour vivre dignement. Oui, c’est injuste, scandaleux.

L’autre n’est pas mon ennemi

Mais, en quoi cela fait-il que l’autre est devenu un « ennemi », un « étranger » au sens large ? Est-ce que cela m’avantagerait que les étrangers, qui travaillent tout autant que les Français, fassent l’objet de mesures discriminatoires ? Le Français est-il d’une « race tellement pure » que d’autres nations viendraient ruiner sa réputation ? Non ! Les étrangers ne viennent pas manger le pain des Français.

Recherche de mains tendues

L’autre est un autre, quelle que soit son origine, son sexe, sa religion… En fait, je dois faire le choix de le respecter comme il est, et si possible de lui venir en aide, et réciproquement. Ce n’est pas de haine ni de haies entre nous que nous avons besoin, mais de mains tendues. La concorde ce n’est pas l’absence d’opinion, mais l’apprentissage du consensus.

Le choix de la fraternité

Certes, nous ne pouvons pas pas d’accord sur tout, mais nous avons à l’être sur l’égale dignité de la personne humaine. En fait, le choix que nous avons à faire, pour notre pays, c’est celui de la fraternité. Elle peut être critique et inventive, certes, mais nous avons à faire ce choix.

L’insaisissable vivre ensemble

C’est un impératif pour les hommes et les femmes de bonne volonté. Cette fraternité est aussi un impératif de notre République. Elle est d’ailleurs ce qui permet l’égalité et la liberté. Faire le choix de la fraternité, c’est choisir l’altérité et   «être prêt à parcourir la distance qu’il faudra pour rencontrer les autres ». Alors, puissions-nous avoir du bon sens dimanche et nous réjouir d’une humanité qui aura le courage de se souvenir que nous sommes du « même sang  ».

Le choix de la réconciliation

Enfin, puissions-nous être convaincus « que l’Esprit travaille au cœur des hommes afin que des ennemis enfin se parlent, les adversaires se tendent la main, des peuples qui s’opposaient acceptent de faire ensemble une partie du chemin5 ».