L’épître aux hébreux que nous avons écouté dans la seconde lecture des textes de ce dimanche nous encourage à « tenir ferme l’affirmation de notre foi ». Tenir bon dans cette foi que nous professons jour après jour n’est pas chose évidente. Cela ne l’a jamais été, ne nous leurrons pas. La foi est avant tout, comme le dit son étymologie, une histoire de confiance. Confiance en ce Dieu qui choisit de faire confiance en la nature humaine. Confiance en ce Dieu qui est proche de nous et ne cesse de nous accorder sa tendre miséricorde. Cette miséricorde n’est pas de la condescendance qu’un suzerain consentirait à donner à l’un de ses vassaux. La miséricorde de Dieu est le don de sa tendresse, de son amour passionné et passionnant pour chacun de nous. La foi est donc de reconnaître que l’amour de Dieu est premier dans notre vie, et qu’il nous entraîne à aimer en toutes choses et la meilleure manière d’aimer c’est de servir.
Service
« Servons », c’est la réponse que Jésus fait à Jacques et Jean qui réclament une place dans le Royaume que le Christ vient instaurer. Leur imaginaire pense qu’il s’agit d’un Royaume à l’image de ceux de la terre où il y a le Roi et ses proches. Ils n’ont pas compris que le Christ est venu inverser nos perceptions. Le pouvoir qui règne dans ce monde n’est pas pertinent pour le Christ. Il ne s’agit pas de commander, de donner des directives, mais de servir. Servir ce n’est pas d’abord faire des choses, c’est être disponible.
Disponibilité
Disponible pour aimer, disponible pour entendre ce qui est en train d’enfanter dans ce monde et de quelle manière je peux y apporter, par ma foi, une lumière qui dynamise et réchauffe. Cette disponibilité que le Christ vient nous proposer est une manière de devenir avec lui un consolateur des souffrances du monde, un révélateur de la Bonté humaine – qui nous vient de Dieu, une présence gratuite à ce que l’autre est dans sa différence. Pour nous aider à entrer dans cette dynamique, il nous suffit de contempler le Christ dans son Évangile. Il ne se situe jamais dans une position dominante, moralisatrice ; il s’intéresse à ce que l’autre est, à sa recherche profonde. Il renvoie chacun à sa propre source intérieure où demeure sa vérité profonde. Cette source que l’Esprit vient éclairer et emplir de sa force de vie.
Mission
Cette disponibilité pour servir invite à l’action. Agir ne veut pas dire s’agiter mais être pleinement présent dans l’action. Pour le chrétien, agir c’est vivre la mission du Christ. C’est être baptisé. Notre baptême nous envoie dans le monde pour être présence du Christ. Ce sacrement missionnaire nous donne la force de l’annoncer mais aussi de supporter « les outrages, blâme et pauvreté aussi bien spirituels que matériels » comme le dit Ignace de Loyola dans ses Exercices Spirituels. Être missionnaire ce n’est pas d’abord partir dans les contrées lointaines pour évangéliser. Il s’agit d’être présent, au milieu de ce monde, au milieu de nos contemporains, pour être témoin du Christ, de sa tendre délicatesse et de son invitation à la joie. La mission commence au cœur de notre vie pour se prolonger au milieu du monde, de ceux et celles que nous sommes appelés à rencontrer au fil de nos jours.
Si d’aventure nous avons quelques velléités à pousser les autres et prendre leur place, à vouloir commander au lieu de conduire, d’accompagner et de soutenir ceux dont nous avons la responsabilité, regardons le Christ en croix. Tout fils de Dieu qu’il est, il n’a pas cessé de nous montrer la voie du plus grand service, celle de donner sa vie pour celle de chacun de nous, celle de laver les pieds de ses disciples. Demandons-lui la grâce de reconnaître en nos cœurs ses appels à se mettre au service des uns et des autres et à être vigilant à la manière dont nous nous situons les uns avec les autres.
Missionnaires au cœur de nos vies
Méditations au coeur du monde / dimanche, octobre 21st, 2018
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