Après nous avoir invité à nous en remettre à la force de l’Esprit pour la mission, porte étroite de la foi, les textes de ce 22è dimanche ordinaire nous invitent à l’humilité. Ils nous conduisent à regarder la manière dont nous vivons pour être en accord avec le Seigneur. L’humilité qui Dieu nous conseille n’est pas une quelconque posture philosophique alternative. Elle nous vient de la sagesse même de Dieu, de son appel à vivre comme ses héritiers, à devenir reflet de son visage. L’humilité est la posture même du Christ tout au long de l’Évangile. Il n’a jamais revendiqué un quelconque titre de gloire ; il s’est fait le proche de chacun. Vivre de l’humilité de Dieu c’est entrer dans sa générosité qui prend soin de chacun et de toutes les choses de la terre.
Transmettre
Nous pouvons être attirés par ce qui brille, par les titres et autres reconnaissances. Ils peuvent être justes s’ils sont ajustés à une fin qui soit le service et la croissance. Ils ne doivent jamais être une fin en soi. Nos responsabilités – grandes ou petites – doivent être assumées et vécues comme une vocation ie un appel à transmettre la vie de Dieu au monde. Cela revient, pour paraphraser Paul de Tarse, à transporter un trésor dans des vases d’argile. Nous devons donc être particulièrement vigilants dans notre quotidien à ne pas trahir cette confiance que Dieu met en nous. Comme chrétiens, nous portons Dieu au monde. Un Dieu humble, pauvre et serviteur. Sachons alors nous replonger dans la grâce reçue lors de notre baptême qui nous a configuré au Seigneur, prêtre, prophète et roi.
Conscience
Cet appel à l’humilité qui nous est fait aujourd’hui ne concerne pas seulement notre rapport aux autres. Nous devons aussi le manifester à l’égard de la Création. En en prenant soin, nous prenons soin en même temps des uns et des autres. Les incendies en Amazonie, la pollution des océans, de notre atmosphère, la fonte des glaces… sont là pour nous faire prendre conscience que nous abîmons notre terre. Ce n’est pas donc pas de culpabilité que nous avons besoin, mais d’une prise de conscience.
Encyclique
Prenons le temps de (re)lire Laudato Si de François. Cette encyclique n’est pas un plaidoyer écolo mais une alerte vigoureuse sur notre rapport à la Création et les uns aux autres. Entrer dans une démarche d’humilité c’est se reconnaître gardien de la Création. Œuvrer pour la préserver c’est permettre aux femmes et aux hommes de ce monde de vivre dignement. A la question « qu’as-tu fait de ton frère », nous pourrions y adjoindre le corrolaire : « Qu’as-tu fait de la terre » ? Nous trouvons un écho à cet appel à la fin de la prière d’ouverture de ce dimanche qui nous demande de « protéger ce que le Seigneur a fait grandir ».
Transformer
Cet appel à devenir humble et pauvre à l’image du Seigneur pour transformer ce monde est à la fois personnel et communautaire. Chacun doit se sentir invité à revêtir la tablier de serviteur en laissant le Seigneur transformer son coeur par Sa grâce. Ensemble, en communauté chrétienne, il est essentiel d’avoir une ouverture sur le monde et la cité. Ces portes et ce regard attentif et en même temps inclusif doivent se vivre dans une réelle fraternité et convivialité.
Table
Nous célébrons nos Eucharisties autour de deux tables : la Parole et celle du « pain et du vin consacrés ». Pourquoi ne pas nous réunir plus souvent autour d’une troisième : celle du frère / de la sœur. Et si nous devenions des communautés ouvertes faciles à rejoindre pour des temps de partage fraternel. Ne nous précipitons pas dans des actions pastorales, œuvrons dans le sens de la gratuité ?
Nous avons besoin de chaleur humaine, de nous sentir membres d’une même famille malgré les différences. En ouvrant largement nos tables, nous pourrons bâtir des mots et faire tomber ces murs hautains qui habitent si souvent nos cœurs et nos vies.
[…] à tout, pour suivre le Christ. Nous n’aimons pas beaucoup ce mot, tout comme l’humilité de la semaine dernière. En fait, le mot utilisé par le Christ par Luc est verbe « haïr ». Il nous est alors demandé […]