La talentueuse journaliste et blogueuse Natalia Trouiller m’a tagué, ainsi que quelques autres, à propos du centre, dans sa conception politique. Le temps a passé mais je n’ai pas oublié cette main tendue, déjà saisie par certains comparses – je n’ose pas dire camarades ni même compagnons – à participer au débat.
A vrai dire, je ne sais pas si je dois utiliser le terme « centre » ou « les centres » tellement la situation actuelle de notre paysage politique est embuée par l’obsession, la pseudo nécessité d’occuper cet espace entre la droite et la gauche. Ce serait risible si cela ne risquait pas de mettre en péril la confiance – déjà bien mal en point – de notre démocratie. Mais là n’est pas le propos. Se revendiquer du centre, c’est pour moi affirmer que la politique est d’abord une affaire de consensus, de rencontres, de partages aidant à se forger une d’opinion. Je suis et demeure convaincu qu’en politique, comme en beaucoup d’autres choses d’ailleurs, il n’y a pas de vérité absolue mais des vérités qui se forgent au gré de la rencontre et la confrontation d’idées sources et motrices.
Une des miennes, qui est peut être une obsession, c’est la centralité de l’homme comme sujet. Il doit être le point de départ, le poids nodale de toutes réflexions, de tous socles. Ce que le politique est amené à bâtir doit résolument être ordonné au bien-être des personnes, à favoriser le vivre ensemble. Il ne s’agit pas de bâtir un communautarisme mais une communauté au sens où Emmanuel Mounier l’entendait. De cette base initiale, il peut être mis en œuvre des politiques publiques en faveur du dynamisme économique, des réformes fiscales et sociales etc… La seule condition et la seule question qui doit se poser, à l’heure de ces réflexions, est le principe d’égalité ou, à l’extrême rigueur, veiller à ce que les mesures prises soient le moins nuisibles possibles. J’ai bien conscience non seulement qu’il est difficile de satisfaire chaque concitoyen mais aussi qu’il existe des différences entre les uns et les autres. Pourtant, se réclamer du centre, pour moi, c’est être extrêmement vigilant à ne pas favoriser une catégorie plus qu’une autre. Cela serait pour moi de la démagogie et de l’électoralisme. Cependant, j’ai conscience de la difficulté de tenir sur le terrain ce discours mais c’est pour moi un présupposé, un critère de discernement de l’action politique.
Choisir le centre, pour moi, c’est le refus d’entrer dans une stigmatisation et une catégorisation outrancière de l’homme. C’est essayer de croire, malgré tout, malgré moi, qu’il y a toujours un avenir pour chacun, qu’il n’y a pas de fatalité où nous enfermerions les personnes dans leur situation et ainsi avoir la conscience tranquille. Choisir de vivre ces valeurs qu’incarnent pour moi le centre, telle que mon mentor Bernard Stasi, l’a vécu, à ce que j’en ai compris lors de mes jeunes années de militantisme, c’est accepter d’aller jusqu’au bout de ses convictions au risque de tout perdre. Le compromis est possible en politique, il est même souhaitable et sain mais la compromission est en revanche délétère tout comme les petits arrangements, les petits renoncements, pour avoir juste un poste, un titre ou un siège. Même si, il ne faut pas se le cacher, il y a une part d’orgueil, de recherche de la satisfaction d’être utile lors d’un engagement politique ce n’est pas cela qui doit être premier et motiver ce choix.
Une fois encore, le service de l’homme, de tous les hommes, de chaque homme doit être le moteur premier, si j’ose dire, de cet engagement au service de la cité. Le centre n’a bien sûr pas le monopole de cette manière de vivre et de penser mais c’est pour moi, aujourd’hui, le seule positionnement qui peut permettre aux uns et autres, démocrates et républicains (dans l’acception étymologique de leur sens) de faire de la politique, de servir la cité, autrement dit en vue du bien public et du bien commun.
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