Traditionnellement, ce 4? dimanche de Carême est celui du « Laetare » le dimanche de la joie. Le dimanche où nous entendons l’Évangile dit du « Fils prodigue ». Nous sentons que bien le calendrier s’accélère et que la grande et belle fête de Pâques approche. Les yeux de notre cœur sont fixés sur cette échéance même si nous avons que nous aurons à passer par le vendredi saint. Il n’y a pas de résurrection sans croix mais surtout il n’y a pas de foi en Christ sans la joie. Cette joie inaltérable d’un amour offert librement et éternellement. Cette joie de pouvoir compter sur le cœur ouvert du Christ pour être emporté dans le mouvement de sa miséricorde. La joie d’un père qui retrouve son fils et qui l’accueille avec justesse. C’est cette figure de l’Évangile que nous sommes invités à contempler ce dimanche.
Visage
Ce visage du Père qui fait accueil aux bons comme aux méchants. Ce Père miséricordieux qui nous offre son amour par le don de son Fils sur la croix. Cet épisode du « fils prodigue » – qui devrait s’appeler plutôt celui du « père prodigue » peut faire naître en nous un sentiment d’injustice. Il y a comme un apparente concurrence entre les deux fils : un qui garde fidèlement les biens de son père et l’autre qui choisit de les dilapider. Dans cette parabole, il n’y a pas de jugement de la part du père. Il accepte librement les choix de l’un et de l’autre.
Liberté
Pour Dieu c’est pareil, point de jugement de nos comportements. Il ne nous enferme pas dans nos égarements, dans nos choix plus ou moins judicieux. Il ne vient pas interférer dans notre vie même si nous devons prendre conscience que nous en sommes pleinement responsables devant les femmes et les hommes de ce temps. Dieu est présent à nos vies pour que nous nous rendions présents à la sienne. Notre péché, ce qui nuit à la dignité de l’autre est un obstacle à l’amour de Dieu. C’est pour cela que nous sommes appelés à la conversion pour rendre ce monde aimable puisqu’aimé de Dieu.
Relire
Pour mieux servir et aimer nous pouvons relire nos vies. C’est ce que fait le fils, que l’Évangile, nous dit « prodigue ». Il exerce une sorte de discernement des esprits. Il s’aperçoit que son bonheur était ce contre quoi il s’est révolté. Souvent, nous faisons des détours, nous aussi, dans notre vie pour finalement revenir au lieu clé de notre existence, à sa pierre de fondation.
Amour
Comme ce fils de l’Évangile nous pouvons revenir vers notre Père pour retrouver la force de son amour. Ce qui importe le plus dans cette page d’Évangile ce n’est pas le péché du fils mais l’amour du Père. C’est ce fait qui interpelle l’autre fils. Il ne se rend pas compte que lui aussi est aimé d’une manière particulière par son père. Il est dans le jugement, la comparaison et la justification. Alors que la seule qui vaille c’est l’amour incommensurable du Père. Cet amour qui avait été rompu par son frère est aujourd’hui réconcilié par son retour vers le Père. Le frère se convertit littéralement, se retourne pour aller vers le chemin de l’Amour qui est justice. L’autre se met en colère par jalousie.
Réconciliation
L’Amour plein et entier de Dieu pour chacun de nous peut et doit nous déranger, nous bousculer. Il vient briser le cercle vicieux de notre autosuffisance, de nos certitudes embastillées. Il est toujours temps de revenir vers le Père, dans la prière, le sacrement du frère ou celui de la réconciliation. Dieu ne cesse de nous attendre. Dieu est fidèle à sa parole, à sa promesse de nous relever et de nous envoyer vers la joie de son Amour.
Pourquoi tant hésiter, pourquoi faire tant de détours pour vivre de la vie en plénitude qui nous est promise ? Trouvons le temps dans ces quelques semaines de Carême qu’il nous reste à vivre pour (re)découvrir ce Père miséricordieux, qui fait de nous ses ambassadeurs, ses fils et filles bien aimés.