La liturgie de ce dimanche a comme un goût de Jeudi Saint. L’Église nous demande de fêter le corps et le sang du Christ ; ce qui s’appelait la Fête Dieu auparavant. En célébrant ce dimanche le Saint Sacrement, c’est l’Amour de Dieu pour sa création qui doit habiter notre louange. La venue du Christ en notre monde, que nous célébrons, dans le pain et le vin consacrés, est un appel à l’émerveillement et à l’action de grâce. Ce Dieu qui est relation, comme nous l’avons fêté dimanche dernier, a choisi de nous rencontrer dans la simplicité, sous les espèces du pain et du vin. Ces aliments de base réjouissent et réchauffent le corps et le cœur de l’Homme. Dieu, en mettant son corps entre nos mains, nous invite à nous offrir à nos contemporains. Célébrer le corps et le sang du Christ c’est entrer dans un mouvement descendant. Ce mouvement du lavement des pieds, où le maître se fait le serviteur de tous.Offrande
L’offrande du Fils au Père, dans le dynamisme de l’Esprit qui nous invite à faire de nos vies une vivant offrande à la louange de sa gloire. Cette solennité du corps et du sang du Christ est l’occasion de saisir qu’avec le Christ, nous devons faire de toute notre vie un offertoire. L’Évangile de ce dimanche n’est pas le récit de l’institution de l’Eucharistie, mais comme pour le Jeudi Saint c’est Paul – témoin indirect du Christ – qui nous le relate. Nous entendons le récit de la multiplication des pains et des poissons.
Faim
Les foules ont suivi Jésus, elles se sont déplacées pour se nourrir de sa parole, de sa présence. Les apôtres – par pragmatisme ou jalousie – veulent les renvoyer car eux aussi ils ont faim. Jésus, lui, choisit de faire un miracle. Il demande à son Père de répandre le bien – c’est le sens de « bénir » – sur cette foule affamée. Ce bien, c’est l’abondance du don de Dieu qui nourrit, rassasie généreusement. La générosité de Dieu est telle qu’il est resté
Partage
La table de Dieu est toujours ouverte, il n’y a jamais assez de convives au repas des noces de l’Agneau. Dieu donne mais c’est à nous de porter ces dons à nos frères et sœurs. Jésus, dans l’Évangile, multiplie, mais demande aux disciples de servir la foule présente, après l’avoir enseignée. Cela fait penser à notre manière de célébrer. Nous écoutons la Parole de Dieu, puis par le ministère du prêtre, louons le Père de transformer nos offrandes, par le don de l’Esprit, en corps et en sang du Christ puis sommes invités à le partager. Ce déroulement de la liturgie donne toute sa dimension à la foi chrétienne.
Transformation
Ce que nous célébrons ce n’est pas seulement la transformation du pain et du vin en corps et sang du Christ, mais aussi celle de l’assemblée. Telle la foule de l’Évangile, nous aussi nous nous sommes déplacés pour écouter Jésus. Nous avons faim et soif de sa parole. Elle donne toute sa densité à notre vie. Mais cela ne nous rassasie pas entièrement, nous avons besoin de rencontrer le Christ dans sa chair, de communier au plus intime de sa vie.
Mission
Ce sacrement, même s’il est distribué personnellement, n’a de sens que partagé dans la communauté chrétienne. C’est le sens de l’envoi en mission des ministres extraordinaires de la communion qui vont la porter aux personnes malades. Cet envoi lie les uns aux autres et façonne notre communauté. Elle nous fait saisir que personne ne doit manquer à la table du Christ. Elle est une table ouverte où le Christ se donne en abondance pour la vie du monde. Communier au corps et au sang du Christ, c’est habiter le monde avec la puissance de l’amour du Christ. Ensemble, nous sommes le corps mystique du Christ qui apportons sa vie au monde. C’est vivre dans la dynamique de notre baptême qui nous a fait devenir prêtre, prophète et roi.
Alors, en cette fête du corps et du sang du Christ, demandons au Seigneur d’avoir toujours faim et soif de sa vie. Que ce manque habite notre vie pour que nous laissions toujours une place pour l’autre. Notre vie n’a de sens que si l’Amour du Christ qui nous fait vivre est proclamé, partagé, distribué dans la simplicité et la discrétion de notre quotidien.
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