La Parole du Christ à la toute fin de l’Évangile de ce 29e dimanche ordinaire a quelque chose de glaçant. Dans tout ce passage, il est question de la présence du Père, de sa parole féconde, qui répond à nos demandes. Mais, il semblerait que nous, nous l’oublions. En qui plaçons-nous notre confiance ? En des « idoles faîtes de mains humaines » ou encore pire en nous-mêmes ? Notre foi n’est-elle qu’un brin de paille, balayée par le vent, sans constance ni consistance ? Qu’elle soit fragile, nous le savons et l’avoir (re)découvert dernièrement peut nous rassurer. Toutefois, avons-nous le désir de la cultiver, d’entrer en communion avec cette Parole qui nous bouscule, nous déplace et en même temps nous dynamise ? Le Christ ne pourra trouver la foi sur la terre à son retour que si nous choisissons de faire fructifier son alliance.
Semences
Telle une terre que nous voulons féconde, il nous faut l’entretenir et semer de belles et bonnes choses. Dans notre vie de foi, il en est de même. Nous sommes invités à faire de la Parole le bon engrais de nos vies. Si nous ne rencontrons pas le Christ, dans sa Parole et ses Sacrements pour dynamiser nos vies, la foi s’éteindra. Nous serions sans doute ni plus mauvais, ni plus meilleur – la foi n’est pas un label de bonne conduite. Ce qui est certain, c’est que nous serions boiteux. Quelque chose ou plutôt quelqu’un manquerait à notre vie.
Alertes
Cette Parole de vie doit nous maintenir en alerte. Non pas comme un slogan mais comme une source de vie, de force, de joie qui ne se laisse pas tarir par les vicissitudes de la vie. C’est le message que Paul veut faire passer à Timothée dans la seconde lecture. Il l’encourage, le confirme dans la foi et l’envoie en mission. C’est l’exemple typique de la manière dont nous devons nous comporter, nous qui désirons vivre du Christ. C’est l’attitude missionnaire du disciple qui souhaite semer la Parole dans les cœurs des femmes et des hommes qu’il rencontre. Il est donc important, pour nous qui avons le désir de faire du Christ notre compagnon de route, de repartir de Lui. Il est notre point de départ, de repère, tel un phare dans la nuit.
Désolations
Nous pouvons rencontrer la nuit de la foi, la doute, l’angoisse. Parfois, dans le quotidien de nos vies nous sommes vides, perdus et enclins alors à la désolation et arides pour prier la Parole. C’est alors que nous devons compter sur la prière, l’appui et le soutien de nos amis, frères/sœurs, compagnons de route. La communion des saints, la prière d’intercession a cette utilité : présenter à Dieu ceux que nous côtoyons. C’est un aspect de la mission, moins visible que le dynamisme ad gentes mais ô combien fécond. La solitude est la ruine de la foi. C’est la porte ouverte aux ruminations, aux mauvaises décisions et à la perte de la joie donc de la foi. L’Ennemi de la nature humaine se délecte de ces situations. Il vient alors nous entretenir dans les ténèbres et nous faire oublier la lumière du Ressuscité, même vacillante qui scintille.
Appuis
Contemplons Moïse dans la première lecture. Seul il se fatigue et Israël perd le combat ; aidé par Aaron et Hour et assis sur la pierre, la victoire est assurée. Nous aussi, lorsque nous avons envie de baisser les bras, il nous faut apprendre à la fois à nous reposer et surtout à compter sur des compagnons. Le combat d’Israël est gagné car c’est une victoire collective : celle d’un Peuple.
Nous aussi, nous pouvons vaincre les ténèbres qui nous assaillent par une victoire collective. Elle passe par la construction de l’Église, communauté chrétienne, qui prend appui sur la Parole. Unis dans la prière, nous pouvons demander au Seigneur qu’il renforce notre foi, notre amour . Qu’il nous donne la grâce de forces neuves pour aimer et servir davantage les femmes et les hommes de ce monde.