Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ? Qui donc est Dieu pour continuer jour après jour à vouloir que nous le servions en servant la justice du Royaume. Celle-là même qui amène à chercher à agir avec justesse pour la dignité de chaque personne. Croire en Dieu, père de Jésus-Christ, nous amène à rechercher une manière d’agir, de procéder qui soit en cohérence avec l’Évangile. Il n’est pas un manuel de savoir-vivre ou le « Devenir parfait pour les Nuls ». C’est une invitation à la contemplation de l’agir du Christ pour mieux le suivre et l’aimer. Ce dimanche, c’est avec véhémence que le Seigneur s’adresse à nous. Le Christ nous demande d’aller encore plus loin que le premier testament. C’est ce qu’il appelle accomplir la Loi et les prophètes.
Radicalité
Jésus ne veut pas nous enfermer pour autant dans un légalisme rigide mais dans la radicalité de l’Amour de Dieu. C’est cela sa justice. Il n’y a pas en la matière de consensus mou, de demi-mesure. Le Christ doit être en ce domaine le modèle. Pour nous montrer l’absolu du fol amour de Dieu, il a été jusqu’à s’offrir en sacrifice sur la Croix. Ce don l’a conduit à nous pardonner notre aveuglement, nos difficultés à le rencontrer. Ce pardon absolu doit aussi nous inviter à être pardonnant pour nos frères et sœurs en humanité. Nous sommes appelés à reconnaître que nous ne sommes pas toujours ajustés à l’Amour de Dieu, que notre moi est souvent plus proéminent que l’existence de l’autre. Cela pose la question de la cohérence entre notre pratique religieuse et notre quotidienneté.
Harmonie
Nous pouvons être facilement tentés d’être dans un légalisme avec Dieu. Ce serait un peu trop facile et nous ne prendrions alors pas le risque d’habiter notre humanité. Vivre de la justice de Dieu, être en conformité avec l’Évangile c’est œuvrer pour atteindre la perfection promise par Dieu. Les Apôtres et les Saints à leur suite n’étaient pas pleinement en ressemblance avec Celui qu’ils servaient. Toutefois, leur désir était habité de servir en plénitude l’Éternel Seigneur de toutes choses. Il est important de nourrir ce désir par la prière, la fréquentation des sacrements et la relecture de vie. Nous pourrons ainsi mesurer l’écart entre nous et la justesse de Dieu et prendre la route qui nous sépare du frère ou de la sœur dont la présence nous fait souffrir.
Réalisme
Ce que le Christ nous demande aussi dans l’Évangile de ce dimanche c’est du réalisme et de la détermination. Le suivre c’est décider et choisir ce qui nous fait vivre. Il ne nous oblige à rien si ce n’est à entrer dans un réel discernement. C’est ce que nous propose la première lecture. Ses premiers mots : « Si tu veux » sont le cœur de la démarche proposée par le Christ. Il ne nous force pas à entrer dans son Alliance. Pour autant elle est une invitation à la liberté et à la fidélité car ce n’est pas sur nous-mêmes que nous comptons mais sur Dieu.
Libération
De ce fait, il est important de nous libérer de tout orgueil et de toute tentative de réussir une vie chrétienne de manière volontariste. Dieu est le premier sur le chemin. C’est Lui qu’il nous faut chercher à servir dans la justice, l’humilité de notre quotidien, avec les fatigues et contradictions que nous pouvons rencontrer.
Tâchons de lui demander d’être davantage attentif à ce qui germe, à ce qui jaillit même humblement qu’à ce qui brille ou s’agite de manière excessive. Voilà une manière de devenir ces femmes et ces hommes « heureux » dont le psaume de ce dimanche nous parle. Que la grâce du Seigneur nous accompagne aujourd’hui et pour l’Éternité ; nous deviendrons alors davantage sages et disponibles pour la mission.