Nous entrons dans la dernière semaine avant la Semaine Sainte. Confinés, mais pas isolés, demeurons unis au cœur du Christ qui demeure avec nous dans cette traversée pascale. C’est bien Lui qui nous fait tenir, qui nous donne de garder l’espérance qui pourrait nous échapper. C’est vers cette vertu cardinale que l’Évangile de ce 5ᵉ dimanche de Carême nous conduit. Des sentiments de détresse, de désespoir, de révolte même peuvent nous habiter comme Marthe et Marie. Que ce soit devant la mort d’un proche – surtout en cette période où l’au-revoir peut être quasi impossible – la maladie ou bien encore ce virus qui nous immobilise, nous pouvons être désemparés. Pourtant, notre foi en le Christ-Sauveur nous garde en vie et debout, mais notre cri ne détresse peut se transformer en récriminations comme ceux des Juifs de cette page d’Évangile.
Paradigme
Comment vivre alors ce paradigme ? Comment avancer dans la confiance ? D’abord, se souvenir que même le Christ a pleuré et a été ému au plus profond de lui-même devant la tristesse de ses amis et la mort de Lazare. Notre Dieu partage nos sentiments, notre humanité. Il n’est pas un Dieu lointain ou qui ferait semblant d’aimer sa création. Son incarnation, son chemin d’humanité nous révèlent la tendresse de sa divinité et sa proximité. Mais il n’en reste pas à ses sentiments. Il est davantage tourné vers la manifestation des œuvres du Père.
Libération
Le but ultime de cette dernière est de nous libérer, de ne pas laisser ce qui nous entrave sur notre chemin, par les mains de nos frères et sœurs en humanité. Les consignes du Christ : « Déliez-le, et laissez-le aller », libère Lazare qui est entouré et noué dans le linceul. Cela n’est pas sans nous rappeler le sacrement de pénitence et de réconciliation. Dans la formule d’absolution, le prêtre nous confère, de la part de Dieu, le « pardon et la paix ».
Rencontre
Nous sommes alors déliés de tout ce qui nous empêche d’aller à la rencontre du Christ et envoyés dans la Paix pour annoncer la joie d’être réconcilié. Nous sommes alors renouvelés dans notre relation au Christ. Lazare est donc comme une préfiguration du pardon que le Christ nous offre. Son action salvatrice à l’égard de son ami nous dit que la puissance de son amour est telle que même la mort n’a pas le dernier mot.
Résilience
Aimer au-delà de ce qui nous entrave, nous blesse, nous immobilise, voilà la proposition que nous fait le Seigneur en ce dimanche. Ne restons pas sur nos tristesses, nos insatisfactions, mais courons à sa rencontre dans un élan de foi et d’amour. Prenons le temps de relire nos vies pour y trouver ce frère/cette sœur comme Marthe qui nous susurre à l’oreille : « Le Maître est là, il t’appelle ». La rencontre avec le Christ passe par les autres qui nous révèlent Sa tendresse. Elle nous place dans l’espérance, celle qui ne nous déçoit pas, car elle nous embrasse de la miséricorde qui vient nous dire, comme à Lazare : « Viens dehors ».
Joie
Même si nous sommes confinés, notre cœur, lui, doit se dilater et se diriger vers la joie de Pâques. Ne laissons pas les circonstances extérieures nous ravir notre espérance. Le Christ nous appelle à devenir davantage ces fils et filles de lumière, confiants en l’avenir. Prenons le temps de regarder de nouveau ce moment extraordinaire de prière en temps d’épidémie présidé par le Pape François. Dans cette sobriété du Parvis vide de la basilique Saint-Pierre, ses mots, sa prière et surtout la présence eucharistique ont enflammé le monde de la Paix, de la force et de l’espérance de Dieu.
Laissons-nous donc le Seigneur nous rénover et nous embrasser par le Seigneur. Que sa consolation habite nos cœurs et notre monde pour Sa plus grande gloire et le Salut du monde.