L’Évangile de ce dernier dimanche de juin, le 13e du temps ordinaire (Mt 10, 37-42), est troublant. Le Christ nous demande de le préférer à nos amours terrestres. Il ne s’agit pas de choisir entre nos « attachements » intimes et l’amour pour Dieu. Sinon, nous pourrions avoir comme une envie furieuse de refermer cette page d’évangile pour vivre et aimer nos proches… sans Dieu ! Mais, le Seigneur nous veut tout entier à son service et cet amour est excessif. La démesure qu’il nous a montrée par le sacrifice de la croix en est la parfaite incarnation.
Davantage
Il s’agit bien d’aimer davantage le Seigneur pour nous recevoir de Lui en plénitude. Voilà notre unique nécessaire : vivre de Dieu, vivre dans, par et avec l’amour de Dieu. De cet amour premier, nous pouvons tirer le dynamisme pour établir la justice et la paix en ce monde et en ce temps. C’est ce « ne rien préférer à l’amour du Christ » de Benoît de Nursie. Si cette recherche de ce « fol amour de Dieu » ne guide pas nos vies, ne coule pas dans les veines de nos jours, nous passons à côté du sens de la vie. Mais cette quête n’est pas à rechercher tel le chercheur d’or. Elle est un désir qui doit se dire « plus dans les gestes, que dans les paroles » comme dirait Ignace de Loyola. Pour cela, faisions mémoire du sacrifice offert une fois pour toutes par le Christ.
Hospitalité
La première lecture nous donne un bel exemple de cet amour du prochain. Élisée est accueilli dans des bonnes conditions à chacun de ses séjours à Sunam. Reconnaissant de cette hospitalité, il offre à ses hôtes ce qu’ils souhaitent au plus profond d’eux-mêmes : accueillir la vie. Nous voyons bien que ce qui compte ici n’est pas tant l’équivalence du don, mais le mouvement de réciprocité. Chaque soir, nous pouvons faire un petit exercice de relecture de nos journées. Regardons ce que nous avons reçu des autres. Même dans nos journées qui nous semblent les plus vides, nous avons sans doute reçu quelque chose ; peut-être malgré nous. Qu’avons-nous fait alors de ce don ? L’avons-nous gardé pour nous où l’avons-nous transformé en service pour l’autre ? C’est cette transformation de ce que l’on a reçu qui fait la Gloire de Dieu et circuler son amour.
Eucharistie
Nous retrouvons ce mouvement dans nos eucharisties. Avec du pain et du vin, Dieu vient nous donner son fils en partage pour qu’à notre tour nous partagions et diffusion son amour. Nous faisons mémoire de son sacrifice gratuit, par amour pour nous. C’est de ce cercle vertueux que nous sommes invités à vivre. Ce don de Dieu appelle de notre part une participation pleine et entière à son Amour pour le monde et pour chacun de ceux que nous rencontrons. Ceci est du domaine de la grâce à demander et à recevoir. Ayons confiance, Dieu nous en comblera au-delà de nos attentes, à condition de savoir être patients, attentifs et coopérants. Souvenons-nous aussi que notre Dieu ne demande le sacrifice de nos vies, mais de les unir à celui de son Fils.
Baptême
Il s’agit là d’une démarche qui consiste à prendre au sérieux notre vocation baptismale. Elle nous ouvre la voie à notre participation à l’œuvre de miséricorde du Seigneur. Elle nous configure, une fois pour toutes, au Vivant, à ce Dieu qui ne cesse de désirer que nous soyons relation d’Amour dans toutes les dimensions de notre vie. Il nous faut donc entrer en résistance face à tout ce qui peut nuire à cet amour, à toutes les velléités de puissance et de conquête. Ces vaines batailles qui ne visent qu’à gonfler notre ego nuisent au projet de Dieu et entravent toute rencontre. Tâchons d’entrer vraiment dans une bienveillante vigilance à l’égard des autres et de nous-mêmes. Nous pourrons ainsi privilégier la recherche de l’accord dans le respect de la diversité et des différences.
Entrons donc dans l’action de grâce de ce que les autres nous révèlent notre capacité d’être à leur égard hospitalité et d’accueillir en nos vies leurs désirs. Offrons-là sur l’autel pour recevoir de Dieu la grâce de sa joie. Nous pourrons ainsi construire son Royaume et notre vie sur l’Amour pour sa plus grande gloire et le plus grand service de nos contemporains.
[…] fatigue pour entrer dans la vraie louange. Cette action de grâce permanente qui est pour nous le « sacrifice spirituel » dont la source est […]