La semaine dernière, nous avons contemplé la manière dont le Seigneur désirait que nous marchions dans la voie du pardon. Ce dimanche, il nous invite à méditer sur sa bonté. Dieu nous pardonne parce qu’il est bon. Il nous demande, par conséquent, de devenir participant à sa bonté pour entrer dans le dynamisme de la mission. Reconnaître que Dieu est bon, c’est découvrir qu’il est différent de nous. Nous faisons l’expérience ainsi de notre péché récurent ; de ce qui nous sépare de Lui. Dieu ne cesse de nous aimer de manière inconditionnelle. Qui que nous soyons, quoi que nous fassions, son amour demeure. Il est donc profondément différent de nous, comme désire nous le faire comprendre Isaïe dans la première lecture (Is 55, 6-9).
Différence
Pour autant, cette différence n’est pas une inaccessibilité. Dieu se situe au-dessus, non dans le sens d’une hiérarchie, mais d’une distance. Celle-là même que le Christ est venu nous inviter à parcourir en suivant son enseignement. C’est en cet appel à la conversion que consiste l’annonce de la Bonne Nouvelle. L’Évangile n’est pas un guide de bonnes pratiques pour celui ou celle qui désire se conduire parfaitement. Il est une force dans laquelle chacun peut puiser pour construire le Royaume. Il est, paradoxalement, déjà là, mais reste fondamentalement à faire advenir. Cette force doit nous conduire à la liberté intérieure, à ne rien préférer à l’amour du Christ comme nous le demande saint Benoît dans sa règle.
Indifférence
C’est cette indifférence qui habite Paul. La seconde lecture (Ph 1, 20c-24.27a) nous fait comprendre que son seul souci est que l’Évangile soit annoncé. Qu’importe le ministre et ses intentions, ce qui est essentiel, c’est que Jésus-Christ soit révélé à temps et à contre-temps. Cela peut nous rassurer – en ce qui concerne la qualité du ministre – et en même temps nous encourager. Nous sommes tous et toutes les ministres du Christ et donc invités à le proclamer par et dans toute notre vie. Paul écrit cette lettre depuis la prison. Mais cela n’arrête pas son zèle.
Action
Ne restons pas à nos piètres capacités et ne nous arrêtons pas aux difficultés. La bonté de Dieu nécessite d’être portée à la connaissance des toutes les femmes et les hommes de ce temps. Parfois, il nous surprend dans nos conceptions de ce monde. C’est le cas de l’Évangile de ce dimanche (Mt 20, 1-16). Le maître du domaine de la parabole, qui représente le Père, propose de venir à sa vigne pour un forfait. Chacun, peu importe son travail, sera récompensé d’une pièce d’argent. Cette rémunération peut paraître injuste pour ceux qui ont travaillé toute la journée, et généreux pour les derniers. Comme quoi, tout est une question de point de vue, mais bien plus de bonté.
Récompense
Le Père à jugé bon de nous donner sa vigne à travailler, le monde à aimer, et sa récompense est son amour. Qu’importe que nous soyons prompts ou à la traîne pour annoncer l’Évangile. L’essentiel est de répondre à l’invitation du Père de venir travailler à la vigne. Cette parabole peut aussi nous ouvrir à la tentation que nous pouvons avoir de nous comparer. Pour construire le Royaume de Dieu, nous avons besoin de chacun et chacune. C’est ce que nous rappelle le verset de l’Évangile de dimanche, tiré du psaume 144, 9.7b.
Inclusion
Tâchons donc d’avoir la même sensibilité, dans nos communautés, que celle du maître de maison. Il y a des personnes qui sont plus discrètes que d’autres, mais ont sans nul doute le même désir de faire goûter la bonté de Dieu. Permettons-leur par une invitation fraternelle de nous faire bénéficier de leur présence. Le Père veut que chacun ait une place dans sa maison. Personne ne doit être exclu ou mis de côté. Souvenons-nous que nous sommes les Ambassadeurs du Christ, ses intendants fidèles.
Demandons donc la grâce de la bienveillante vigilance à l’égard des uns et des autres. Puisse la charité du Christ féconde notre charité pour que nous puissions vivre davantage du Christ.
[…] Notre prière, nos appels à l’aide ne restent pas vaines. Il ne cesse de nous exaucer. Pour autant, ne soyons pas impatients ou plutôt irréalistes. La pensée et la temporalité de Dieu sont différents des nôtres. Non qu’il ne veuille ou ne puisse exaucer nos désirs, mais Il fait en sorte qu’ils soient dépouillés de toutes velléités de puissance. C’est peut-être ce qu’il nous faut entendre dans cette parabole des vignerons homicides. Dieu ne se résout à notre incapacité de travailler à sa vigne, comme nous l’avons vu avec les « ouvriers de la dernière heure », il y a deux semaines. […]