Aujourd’hui, comme les disciples, nous marchons aux côtés de Jésus. Nous avons célébré avec Lui, lors de son dernier repas, et l’avons suivi sur le chemin de sa passion. Aujourd’hui, jour de résurrection, c’est Jésus qui marche à nos côtés. C’est aujourd’hui Pâques. Nous proclamons avec fierté le cœur de notre foi : « Christ est ressuscité, Christ est vraiment ressuscité ». Toute la liturgie concourt à transformer nos cœurs pour entrer dans cette intelligence de la foi. Les alleluia retentissent dans les voûtes de nos églises. Pour autant, nous ne pouvons pas être dans une joie béate. Trop de guerres, de haines, de violences, de maladies habitent nos cœurs. Nous les avons confiés à Jésus sur la Croix pour qu’aujourd’hui, Il les transfigure.
La marche des disciples
L’Évangile des pèlerins d’Emmaüs convient bien à notre situation. Leur peine est grande, tout comme l’est notre inquiétude. Comme ces deux hommes qui marchent, nous aussi nous nous « entretenons et interrogeons » sur le sens de cette vie touchée par l’épidémie de Covid-19. Nos yeux et nos cœurs sont aussi embués. Nous sommes difficilement capables de cerner, de trouver une raison qui vaille encore d’espérer. Mais, au creux de nous-mêmes sourd « la petite fille espérance », si chère à Charles Péguy. Il nous faut alors être attentifs à tout ce qui nous entoure. Nous avons à discerner ce qui fait sens dans notre vie, ce qui lui donne de la saveur. Comme Paul, qui deviendra disciple après avoir été persécuteur des premiers chrétiens, nos yeux ont besoin d’être dessillés par la présence discrète d’un frère ou d’une sœur.
Du sensible à l’intelligible
C’est cette expérience sensible que vivent les disciples sur la route d’Emmaüs. Un tiers, alors inconnu, les questionne sur leur vie, leurs soucis, ces angoisses qui semblent obscurcir leur cœur. Dans nos vies, nous aussi avons, sans doute, un inconnu, un événement discret, imperceptible qui nous dit que notre vie a du poids, du sens, car elle est irriguée par la source de l’amour. C’est cela que nous célébrons jour après jour, qui a pris un sens particulier ces trois derniers jours. Si nous nous coupons de la source de l’amour, si nous oublions qu’il est plus fort que nos égoïsmes, alors, nous aussi, nous poursuivons ce chemin d’Emmaüs. Célébrer le Ressuscité, c’est mettre en avant cette vie qui nous donne d’avancer malgré le poids du jour.
Partager la vie du Ressuscité
Nous partageons chaque jour cette vie du Ressuscité. C’est particulièrement vrai lorsque nous sentons nos journées être épincelées par un regard, un mot bon, une petite attention, une visite… Ces moments sont alors l’occasion pour nous de relire, de discerner ce qui a fait sens. Un peu comme ces deux compagnons de Jésus qui lui racontent les événements qui les préoccupent. Prendre le temps de faire le récit de ce qui nous marque, nous préoccupe, donne l’occasion de Le percevoir d’une manière différente. Il ne s’agit pas d’essayer de changer les choses, mais de les comprendre à nouveaux frais.
Discerner la grâce présente
Également, ce peut être l’occasion de comprendre que la grâce était présente dans cette expérience. Dans la discrétion de l’instant, nous pouvons avoir eu l’impression d’être comme portés, d’être en profonde communion avec le monde. C’est cela vivre en Ressuscité, être habité de ce feu nouveau que nous allumons lors de la vigile pascale. Ce feu doit non seulement brûler notre égoïsme, nos désirs de puissance, mais il doit surtout éclairer la route qui nous fera découvrir cet autre comme un frère, une sœur.
Cultiver la fraternité
Cette fraternité n’est pas une option. Aujourd’hui, nous vivons trop souvent comme des étrangers les uns avec les autres. Même dans nos familles. Alors, nous avons à mettre l’accueil en premier, à l’image des pèlerins d’Emmaüs. Au terme de leur marche, ils ont offert l’hospitalité à l’étranger sur le chemin : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà, le jour baisse. ». Ils l’ont reconnu à la fraction du pain, signe du don de Dieu pour nous.
N’oublions pas l’hospitalité
Malgré la pandémie de Covid-19, n’oublions pas l’hospitalité, la générosité et de vivre la fraternité. Certes, ce n’est pas possible d’accueillir largement du fait des consignes sanitaires, mais nous pouvons toujours être prompts au service. Il s’agit bien de devenir davantage frère et sœur de Celui qui s’est rompu lui-même pour nous donner le même pain de vie pour la vie du monde. C’est à ce geste simple que les pèlerins d’Emmaüs ont reconnu Jésus.
Choisis par le Christ
Nous ne nous sommes pas choisis. Mais, nous sommes choisis par le Christ pour devenir le pain qui rassasie la faim et assèche la soif des femmes et des hommes de ce monde. Nous ne sommes pas capables, de notre propre initiative, d’aimer comme Lui, de nous donner entièrement comme Lui. Mais, par notre baptême, nous choisissons de nous laisser entraîner à sa suite. Nous poursuivons la marche de tant de femmes et d’hommes qui se sont laissé, séduire, pétrir, presser par le Christ.
Être ajusté au Christ
Notre vie n’a de sens que dans le don partagé, dans le désir d’être ajustés à la vie du Christ pour qu’Il brille, par son amour, dans la vie du monde. C’est cela être ressuscité avec le Christ : préférer sa lumière qui éclaire les ténèbres de nos vies à notre propre gloire qui, certes, nous apporte une satisfaction immédiate, mais qui peut nous entraîner à l’orgueil et l’égoïsme.
À la source de la miséricorde
Puissions-nous puiser dans le dynamisme de la miséricorde du Christ qui, en ce jour de Pâques, nous indique la voie du plus grand amour. Elle nous aide à mieux saisir que le Christ sera connu non pas par des plans apostoliques, par une quelconque force de conviction. C’est dans une cohérence de vie, une qualité de témoignage, que nous pourrons être les relais de l’Amour de Dieu pour et dans ce monde.
Que le dynamisme de la résurrection nous entraîne à prendre une part active à la marche du monde, pour qu’il devienne davantage plus juste et plus fraternel.
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