Bienheureux soit Thomas et ses doutes. Une semaine après la Résurrection, nous entendons l’Évangile du doute d’un des compagnons de Jésus. Passage bien connu, même au-delà de la sphère chrétienne.
Qui n’a jamais entendu l’expression : « Moi, je suis comme saint Thomas : je crois que ce que je vois ». La preuve par l’expérience. Mais, un peu comme la bienheureuse faute de l’Exultet, nous pouvons nous réjouir des doutes de Thomas. Ils continuent d’humaniser les disciples puisque leur proximité avec le Christ ne les empêche pas de résonner de manière pratique.
C’est d’ailleurs une bonne nouvelle : ceux que le Christ choisit sont des femmes et des hommes ordinaires. À vrai dire, les femmes dans l’Évangile sont souvent bien plus courageuses, spirituelles, comprenant l’intelligence des choses, que les disciples. Cette pauvreté peut nous rassurer sur la nôtre.
L’Amour de Dieu est premier
Nous ne sommes pas des super héros, mais nous sommes capables de Dieu, mais nous sommes, tous et toutes, aimés passionnément de Dieu et c’est ce qui compte, après tout ! C’est pour cela que suivre Jésus, prendre la route derrière Lui, partager sa table n’est pas une condition de capacité. Ce qui importe, c’est de manifester le désir de rencontrer, comme Thomas, le crucifié-ressuscité.
Certes, nous ne sommes plus dans les jours qui suivent la résurrection, mais nous avons l’occasion de rencontrer chaque jour le Christ blessé qui vient nous sauver. Il suffit d’écouter ou de lire les actualités dans une attitude contemplative. Nous verrons que l’Amour de ce monde est blessé non seulement par la maladie, mais surtout, par notre égoïsme, notre manque de générosité à l’égard de nous-même et de nos contemporains.
La visite à Thomas
Le Seigneur doit pouvoir aussi venir dans les cénacles de nos vies dont les portes sont verrouillées par la peur. L’accueillir, c’est l’entendre nous dire « la paix soit avec vous ».
Cette paix que nous implorons tout au long de la liturgie eucharistique et qui nous est aussi donnée dans le sacrement de pénitence et de réconciliation. La paix avec nos cœurs, avec ce monde, avec toutes les guerres dont nous sommes à la fois victimes et bourreaux. Par cette double visite aux apôtres cloîtrés, le Christ vient les réconcilier avec eux.
Par ses blessures, Il nous montre que l’Amour a toujours le dernier mot, et par sa visite à Thomas, que nos doutes ne sont pas une fatalité. Il invite les disciples, et nous, par extension, à grandir dans notre foi.
Du doute naît la foi
« Cesse d’être incrédule, sois croyant », entendons-nous le Christ nous dire, à travers Thomas. Nous devrions inscrire cette phrase de Jésus sur le miroir de notre salle de bains. Nous sommes libres de ne pas croire en Jésus, en ses promesses de Vie éternelle, mais, de grâce, gardons et cultivons la foi, la confiance en l’Amour. C’est une exigence pour promouvoir une qualité de vivre ensemble.
Cette invitation du Christ est une supplication, en fait, pour que nous ne désespérions jamais, ni de lui, ni surtout de nous-mêmes. L’expérience des jours saints que nous avons traversés, au cours du Triduum, nous fait saisir que rien n’est jamais perdu si nous faisons l’expérience de la confiance.
Un printemps pour chaque jour
Il s’agit d’accepter de regarder au-delà de l’immédiat, de discerner dans les bourgeons de l’existence la fleur qui embaumera et embellira chacune de nos journées. C’est à cela que l’expérience de Thomas nous invite.
Nous n’avons pas à rester au bord du tombeau vide, nous avons à faire confiance à celui qui est la vie, le mouvement et l’être. La peur des apôtres, nous la connaissons. Pas facile de se lancer à la suite de Celui qui a tout perdu pour nous. Mais ce sont ces blessures, ce fol amour de Dieu qui vient nous conduire à tout risquer pour aimer.
Tout risquer pour aimer
Nous n’avons rien à perdre à aimer, à vivre dans les plénitudes des promesses du Christ. Elles nous conduisent à la plénitude de notre vie qui nous conduit à la rendre en partage. C’est ce que nous dit la première lecture lorsqu’elle nous parle des premières communautés croyantes. L’amour du Christ les conduit à tout mettre en commun pour que chacun puisse vivre dignement.
C’est ce que nous vivons à chaque eucharistie en quelque sorte. Nous apportons ce que nous sommes pour repartir avec l’unique nécessaire : le Christ qui vit en nous pour que nous vivions, par notre vie, en Lui. La communauté chrétienne doit être fraternelle et exigeante. C’est-à-dire que nous avons à tourner notre vie et à vivre notre foi en plein monde. Nous avons un devoir d’incarner, par nos jours, la joie et l’espérance des disciples du crucifié-ressuscité.
La force de la louange
La vie nous apporte son lot de difficultés que nous avons à supporter, mais surtout à apporter dans notre prière. Il ne nous est pas demandé de régler les problèmes du monde à nous tout seul, mais dans un esprit de solidarité ˗ car enraciné dans l’amour du Christ – de contribuer à soulager l’humanité blessée.
Ainsi, nous pouvons entrer dans la louange que nous propose le psaume de ce dimanche. Louer Dieu, c’est reconnaître que son amour parcourt la terre et que le crucifié-ressuscité est venu nous apporter sa consolation, sa miséricorde.
Alors, continuons, tout au long de ce temps pascal, à nous réjouir de la victoire de la vie sur la mort, de la joie sur la tristesse. Le Christ nous invite à participer à sa résurrection pour porter la joie de son amour à toute la terre. Confions-nous à la grâce de sa miséricorde et demandons-lui d’écouter chaque jour sa Parole qui nous invite, comme il le fait pour Thomas, à choisir de croire en Lui pour vivre davantage en plénitude.
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