Nous contemplons, ce 4e dimanche de temps de l’Avent, l’Évangile de la Visitation. Le Seigneur se fait proche de nous. Il ne reste que quelques jours pour préparer nos cœurs à sa rencontre. Nous sommes invités à nous tourner vers la joie. Cette joie qui est celle d’Elisabeth.
Nous aussi, nous pouvons reprendre son bel étonnement : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? », dit Élisabeth à Marie. Dans cette rencontre, ce sont toutes nos activités qui sont invitées à être relues dans cette visitation. Comme Marie, le Seigneur a fait sa demeure en nous. Nous sommes conviés à le faire rencontrer, par nos vies quotidiennes, aux femmes et aux hommes de ce temps. C’est donc au service de la joie que nous sommes conviés.
La joie de nous laisser rencontrer par Dieu
Une joie qui traverse l’ensemble des textes de l’Avent. Souvenons-nous de la première lecture de dimanche dernier. Le prophète Sophonie nous invitait à pousser des cris de joie. Aujourd’hui encore, l’Évangile nous convie à laisser le Christ « tressaillir en nous ». Mais, au quotidien, comment laisser au Christ la première place ? Laisser Dieu être Dieu nous laisse la latitude pour servir nos frères et nos sœurs, tels que nous sommes. Mais, nous sommes tellement habités d’émotions et de sentiments divers et contradictoires… Alors, comment laisser le Seigneur venir le soir de Noël dans nos maisons et dans nos communautés paroissiales ?
Traversés par la Parole
D’abord, se laisser rejoindre par la Parole de Dieu qui nous ouvre à l’Espérance de l’Amour de Dieu. Jean-Baptiste, dans le sein d’Élisabeth, a reconnu que la Parole, en Marie, ouvrait le chemin des possibles. Elles portent toutes deux une puissance de vie. La vie de Dieu et de ceux et celles qui veulent en vivre permet de « disperser les superbes et de renverser les puissants de leurs trônes ». C’est ce que nous chantons dans le Magnificat, lors des Vêpres.
Ce n’est donc pas rien que cette puissance de l’Amour de Dieu qui vient habiter notre monde, notre corps, notre cœur. La première lecture vient nous présenter « celui qui va être enfanté » comme le berger du troupeau. Nous connaissons bien cette figure du berger, du bon pasteur. Ainsi le Christ est celui qui nous guide sur le chemin du plus grand amour. Sa venue, humble et pauvre, le soir de Noël nous appelle à reconnaître la fragilité de notre amour humain.
La joie de découvrir Dieu comme « maître de la fragilité »
C’est plutôt une bonne chose de considérer Dieu comme un « maître en fragilité », car l’amour est fragile et nous sommes toujours pauvres en amour. Cela demande d’avoir confiance en l’autre, de se risquer à se déposséder pour se laisser rejoindre. Nous expérimenterons ainsi un chemin de joie, chemin de crête, escarpé, parfois difficile. Pensons donc à celui de Marie vers Élisabeth, de la sainte Famille obligée d’aller se faire recenser à Bethléem.
Prendre la route
Aimer c’est donc apprendre à se mettre en route. Certains d’entre nous le feront au cours de fêtes qui approchent. Ils prendront la route pour manifester, dans le respect des gestes barrières, l’amour qu’ils portent aux autres. Amour peut-être maladroit, difficile à exprimer devant la fragilité de l’âge, de la maladie… Prendre la route, c’est toujours aller à la rencontre du Christ qui se révèle au long du chemin. Il se révèle à nous au fil de l’inattendu de la route.
Contemplons l’inconnu
Notre Dieu ne cesse de se révéler dans l’inconnu du connu. Il nous invite à dépasser nos attentes, à être en perpétuel état de veille pour découvrir ce qui peut émerger et naître au fil du temps, au cœur de notre monde. De cette manière de procéder pourra naître, en nos cœurs, la louange. C’est elle qui nous fait reconnaître que nous avons besoin d’être visités, comme Marie et Élisabeth, par la grâce de l’Esprit. Cette visitation nous conduit à entrer dans une véritable gratitude. Dieu nous visite, prend corps et cœur dans notre chair. Il ne vient pas les posséder comme le ferait un démon, mais habiter en nous.
La joie de la visitation
Par cette joie de la visitation, nous comprenons davantage l’agir de Dieu. Pour autant, le Seigneur ne force pas la porte de notre cœur. Il se propose à nous pour que nous puissions entrer dans le dynamisme du don. Ce que nous célébrons dans l’Eucharistie, ce pain et ce vin, corps et sang du Christ, n’est pas un sacrifice qui vient apaiser le courroux d’un Dieu jaloux. Elle est le sacrement de notre Alliance entre Dieu et nous. Elle se renouvelle sans cesse même si, paradoxalement, elle nous est donnée une fois pour toute.
Laissons l’Amour circuler
L’Amour ne peut pas ne pas circuler, c’est un dynamisme libre, en perpétuel mouvement qui se transforme et se fortifie. C’est ce que nous pouvons comprendre dans la seconde lecture de ce 4e dimanche de l’Avent. Ce qui importe ce n’est pas d’abord le sacrifice du Christ, mais son désir de faire la volonté de son Père. Le Christ obéit librement pour nous faire saisir l’importance de la disponibilité.
Vivre pleinement la rencontre
Nous avons tant de choses à faire, tant de personnes que nous portons dans notre prière, tant… Mais, quand nous prenons le temps de la rencontre, sommes-nous pleinement disponibles à la présence de l’autre ? Savons-nous la goûter, la savourer, comme nous le faisons avec un bon vin, de bons mets… Si nous reconnaissons, dans la visite avec les autres, les pas de Dieu, nous ne sommes pas très loin du Royaume. Dans l’Évangile de ce dimanche, Marie et Élisabeth sont pleinement présentes l’une à l’autre. Leur rencontre sincère et vraie permet aux fruits de leurs entrailles de se réjouir, de jubiler.
La joie d’une vraie rencontre
Comment ne pas se réjouir de la vérité de la rencontre ? Nos vies filent tellement vite que nous ne prenons peut-être pas le temps de nous arrêter pour cueillir les petites joies de vie au long de notre route. Arrêtons-nous donc cette semaine devant la crèche d’une église, de nos maisons, une image, un paysage… pour demander au Seigneur de nous aider à le découvrir dans nos rencontres passées et futures.
Aidés de ce discernement, nous pourrons, nous aussi, comme Élisabeth et Marie, entrer dans la joie de Dieu qui nous donne de vivre l’Évangile en plein monde. Puisse le Seigneur nous conduire vers la joie qui naît de son cœur ouvert et nous aider à nous émerveiller de sa création.