Nous voici de retour aux dimanches du temps ordinaire avec ce 2e dimanche de l’année C que nous célébrons (le premier a été remplacé par la fête du baptême du Seigneur). Le temps ordinaire n’est pas un temps fade, sans goût, long comme un jour sans pain, sans vin, sans joie. C’est le temps où nous prenons conscience que Dieu se dit et partage avec nous sa vie dans l’intimité de notre quotidien, dans tout ce qui fait nos joies, nos peines, nos tristesses, nos angoisses (GS 1). Le temps ordinaire est le temps idéal pour vivre, sur le long terme, l’alliance que Dieu est venu sceller avec nous, la nuit de Noël.
Savourer le temps ordinaire
Réjouissons-nous donc de ce temps long, qui nous conduira jusqu’au seuil du Carême, pour savourer l’Espérance que Dieu veut faire fleurir dans nos vies, par nos vies. Les temps liturgiques sont là pour nous faire sentir intimement les moments charnières de la vie de Dieu, mais il ne cesse de se donner à nous. Ces dimanches du temps ordinaire nous donnent l’opportunité de mieux entrer dans le quotidien du Seigneur, dans son pèlerinage sur terre, dans ce chemin d’alliance qu’il a pris en compagnie de femmes et d’hommes de bonne volonté qui le suivaient.
À Cana, Dieu fait alliance avec nous
L’Évangile de ce 2e dimanche du temps ordinaire de l’année C nous conduit à Cana. Marie, Jésus et ses disciples sont invités. Ce mariage a lieu le « troisième jour » , nous dit l’évangéliste Jean. Le premier étant le baptême du Christ, le second l’appel des premiers disciples. Cette indication dans le temps n’est pas anodine, elle nous signifie que par ce mariage, le Seigneur vient nous révéler la puissance de sa vie, la beauté et la force de son alliance. Dans le signe de l’alliance qu’est ce mariage, la puissance et la générosité de Dieu viennent se manifester. À Cana, le Christ nous offre le vin des noces éternelles.
Contempler le Christ durant le temps ordinaire
Au début de ce temps ordinaire, il est donc heureux que la liturgie nous fasse contempler le Christ à Cana. Ce miracle nous conduit à méditer à la fois sur la capacité médiatrice de Marie et sur l’abondance de la générosité du Christ. Il est beau de voir comment le Christ est attentif à la requête de Marie, qui paraît inopportune. Ce n’est pas le moment qu’il a choisi pour se révéler, mais pour autant, comment faire autrement ? La fête bat son plein et les invités n’ont plus de vin pour célébrer ces noces. Sont-ils des buveurs ? L’intendant a-t-il vu trop juste ? Qu’importe ! Le fait est là et Marie s’en aperçoit.
L’abondance de l’amour de Dieu
C’est la mère du Christ qui lui permet de révéler sa gloire, comme le vieillard Syméon le prophétisait dans le Nunc dimittis. La gloire de Dieu, est-ce seulement de faire des miracles, des signes pour « servir du bon vin » ? Cela serait pervertir son don. Le Christ n’est pas un faiseur de miracles ou un thaumaturge, il est Celui qui nous dit et nous donne l’abondance de l’Amour de Dieu. Ses miracles et guérisons sont des signes tangibles qui nous donnent la densité de son action salvifique. Autrement dit, Dieu nous sauve de notre petitesse, de notre manque d’amour, en nous communiquant le sien.
Dieu nous sauve avec nous
Notons que les miracles de Dieu ne se font pas dans notre coopération. De même que la multiplication des pains se fait à partir de ceux disponibles et de la collecte des disciples ; il fait advenir le « bon vin » à partir de l’eau disponible et de l’action des serviteurs. Nous sommes aujourd’hui ces serviteurs, ces femmes et ces hommes qui viennent écouter Jésus leur parler au cœur. Cette parole que Jésus nous adresse dans l’Écriture, les sacrements, notre vie quotidienne au cœur du monde sont là pour que nous fassions advenir son Royaume ici et maintenant.
Se convertir à la Bonne Nouvelle
Il ne s’agit pas de convertir les autres au message de l’Évangile, mais de nous laisser convertir par l’Évangile. Ce sont nos vies que nous avons à tourner davantage vers le Seigneur. Nous avons à nous recevoir de Lui, à le laisser nous aimer pour que nous puissions à notre tour croître dans son amour et dans l’amour mutuel.
Recevoir Dieu
Ce passage des Noces de Cana, qui ouvre notre méditation des dimanches du temps ordinaire de cette année 2022, est aussi une question de la réception. Celle d’une parole, de la Parole faite chair en Jésus qui se donne par des médiations et qui réjouit les invités. Nous avons nous aussi à la recevoir et faire fructifier les dons de l’Esprit qui nous sont donnés en abondance. Chacun selon son charisme, chacun selon son appel. C’est dans la singularité de ce que nous sommes que nous avons à participer aux noces de Dieu avec l’humanité. C’est ce que nous célébrons à Noël et à Pâques : ce mystère, cette alliance de Dieu avec les femmes et les hommes.
Nous devenons ainsi des « fils dans le fils » et avons à porter la joie de l’amour de Dieu au monde. Nous devons laisser cette grâce infuser en nous, faire doucement, mais sûrement, sa place en nous.
Profiter du temps ordinaire pour consolider l’alliance
L’alliance se consolide dans le temps et a besoin, comme le bon vin, de temps pour mûrir et devenir un breuvage savoureux. Ce temps ordinaire, qui s’est ouvert lundi dernier, est donc tout indiqué pour laisser au vin des noces l’occasion de se bonifier et de produire en nos cœurs de bons et beaux fruits.
Dieu se réjouit pour et avec nous
À Cana, le Seigneur se révèle comme Celui qui veut nous réjouir par ce qu’il y a de meilleur et qui pourtant provient de ce qui est simple : de l’eau. Cette eau est aussi le symbole de la vie. Dieu se dit donc, par analogie, dans et par la simplicité de la vie pour nous conduire à l’émerveillement et la satisfaction de pouvoir goûter à sa propre vie. Nous pouvons rendre grâce pour cette simplicité de Dieu. Par cette humilité de Dieu qui se révèle, aujourd’hui, dans cet évangile des noces de Cana, au travers de cette eau versée par les serviteurs dans les jarres dédiées à recueillir le vin. Ce sont bien ceux qui sont au service qui sont les premiers témoins de ce premier signe de Jésus.
Ainsi, la Gloire de Dieu se manifeste bien au plus grand nombre au travers des serviteurs. Demandons donc au Seigneur la grâce de devenir davantage ses serviteurs pour porter au monde, pour chanter au monde, la splendeur de son nom.