Qui d’entre nous n’a pas connu l’échec ? Malgré la bonne volonté, le professionnalisme, la bonne préparation… une mission, une opération se sont révélées être un échec. C’est ainsi que nous pouvons lire, de prime abord, l’Évangile de ce dimanche. Pierre et ses compagnons ont « peiné toute la nuit sans rien prendre ». Ce n’est sans doute pas la première fois, mais ce n’est jamais agréable. De plus, quelqu’un vient les entraver dans leur travail. Jésus monte dans la barque pour mieux enseigner. Décidément, c’est une journée étrange. Mais, ce qui est surprenant c’est que l’Évangile ne nous rapporte aucune parole de protestation, de contestation par rapport à l’action de Jésus.

La confiance malgré l’échec

Pierre et ses compagnons manifestent une confiance a priori en Jésus, et ce malgré l’échec. Regardons nos activités et celles qui ressemblent à un échec. Où se situe le Christ dans cette situation ? Le laissons-nous sur le bord du rivage et naviguons seul, au large, en plein échec ? Ou malgré la peur, les tentations de résignation ou bien le prenons-nous dans notre barque et jetons, à sa demande, nos filets ? Ce qui importe, bien plus que nos craintes ou nos échecs, c’est la confiance que nous manifestons en Jésus et l’audace de le mettre dans toutes nos activités.

Porter l’Évangile en plein monde

L’Esprit est au cœur du monde et notre baptême nous invite à porter l’Évangile en plein monde. Cela signifie que nous devons concourir à ne pas compartimenter notre vie. Il n’y a pas tel lieu pour Dieu et tel autre, moins glorieux, moins lumineux où nous le mettons de côté. C’est d’ailleurs ces derniers qui auraient le plus besoin d’être exposés au feu de la miséricorde divine.

Répondre présent

Ce qui importe c’est de répondre présent aux visites que le Seigneur nous rend. Il souhaite que nous soyons disponibles pour la mission, il a besoin de nous pour que nous jetions nos filets et lui amenions des poissons en abondance. Cette pêche miraculeuse en fait c’est le quotidien de nos vies, de nos jours. Nous pouvons les amener à Jésus pour qu’il les transforme en abondante joie pour nos frères et sœurs.

La grâce malgré l’échec

Cet épisode de la pêche miraculeuse au cœur même de l’échec de ces pêcheurs professionnels nous invite à nous laisser entraîner par l’audace missionnaire du Christ. Il nous invite jour après jour à avancer, avec Lui, en eaux profondes. Nous avons à faire avec Lui le pari de la confiance. Nous n’avons aucune prise sur l’avenir, nous pouvons juste prendre à cœur aujourd’hui pour préparer demain avec accueil et disponibilité. Les disciples étaient sans doute abattus par leur échec, mais sur la Parole du Christ, ils se sont remis en route. Leur cœur était sans doute disponible pour la mission, à l’image des pèlerins d’Emmaüs.

Servir dans la confiance

Ainsi, quand nous nous sentons abattus, perdus, ballottés par les flots, gardons confiance et tâchons de rester en veille. La Parole viendra nous visiter et nous inviter à aller encore plus « en eau profonde » pour « lâcher nos filets ». Dans ce cœur à cœur avec le Seigneur nous avons à lui faire confiance de prime abord. C’est Lui qui guide le navire, mais c’est nous qui sommes à la barre. Comme souvent dans l’Évangile, le Seigneur fait à partir de ce que nous avons. Avec cinq pains et deux poissons, Il nourrit une foule ; avec les filets de Pierre et de ses compagnons, les poissons viennent en abondance.

Vers une vie en abondance

C’est une invitation que nous avons à faire vraiment fructifier nos talents, à nous mettre vraiment au service de la croissance du Royaume avec ce que nous sommes. Le Seigneur saura bien faire grandir nos pauvretés et les orienter vers le service de nos frères et sœurs. Ne craignons pas de faire appel à Lui dans nos échecs ou les impasses de nos vies. Il est présent pour nous conduire du côté de la vie, cette vie en abondance promise qu’il ne cesse de nous inviter à faire fructifier. Dieu, en nous créant libres, choisit de nous laisser agir au cœur de ce monde, en plein monde pour le rendre plus beau, plus fraternel. Mais, il nous assure du secours de son Esprit pour que nous puissions faire advenir son Royaume en ce monde et en ce temps.

Porteurs des grâces du Royaume

Dieu nous choisit pour être ses porteurs des grâces du Royaume. Cette élection mystérieuse ne dépend pas de nous, de nos capacités. Elle est une grâce qui nous est offerte. Peut-être, nous nous sentons comme Isaïe, devant cette élection : « Un homme aux lèvres impures [qui] habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures ». Nous avons toujours de bonnes réponses, de bonnes excuses pour ne pas céder aux appels du Seigneur. Il ne nous force pas la main et nous ne serons pas maudits, punis… si nous poursuivons notre chemin sans lui. Mais son invitation à servir ce monde, à marcher à sa suite est une promesse de bonheur.

Duc in altum

Souvenons-nous du Deutéronome 30, 15-20 et écoutons davantage le Seigneur qui nous conduit. Pierre, ses compagnons, Paul se sont laissés séduire par le Seigneur. Ils ont accepté de prendre la route et la mer avec Jésus. Ils ont saisi l’audace de se laisser aimer par Dieu et de prendre le vêtement du service. Cela les a conduits à la gloire du Ciel, mais pas à une vie tranquille… Alors, nous aussi nous avons à nous rendre disponibles pour nous laisser conquérir le cœur par le Celui du Christ. Sa miséricorde, son appel à le servir dans notre quotidien supplantent ce qui peut être échec etc.

Suivre le Seigneur

Ce qui est essentiel c’est de l’entendre et de l’écouter nous appeler à venir à sa suite, à lâcher nos filets en « eau profonde ». Ce chemin ressemble certes à un sentier montagneux, escarpé. Mais c’est celui d’une promesse de vie et surtout l’assurance que nous ne sommes pas seuls. Nous cheminons, avec la foule des saintes et saints de notre temps, au carrefour de ce monde pour témoigner de la joie de connaître et de pouvoir servir le Seigneur.

Alors, réjouissons-nous, soyons dans l’allégresse d’être aimé avec passion par le Christ. Faisons monter de nos cœurs, de nos lèvres un cantique d’action de grâce et confiants dans son appel et sa miséricorde prenons sa suite et devenons pêcheur d’hommes. C’est notre fierté d’avoir reçu cette mission lors de notre baptême, alors avançons sans crainte suite à son appel. Duc in altum.