La violence est au cœur de l’actualité. Nous n’avons pas de difficulté, en ce mercredi des Cendres, à prendre le vêtement de deuil et de pénitence. La guerre est aux frontières de l’Europe. Des Ukrainiens doivent se cacher, fuir leur pays pour garantir leur vie. Rien ne semble arrêter la violence. Ce Carême nous conduit à prier pour la paix. Pour que les armes se taisent, que la violence cesse et que les mots et les paroles conduisent à la paix. Nous sommes démunis devant ce déferlement de violence. Nous ne comprenons pas, malgré le flot d’informations continu déversé par la télévision. Nos seules armes sont la compassion et la prière. Nous prions Dieu pour qu’il transforme les cœurs et qu’il fasse aboutir la paix.
Par delà la violence
Derrière le bruit des armes, des scènes de violence, ce sont des femmes, des hommes, des enfants qui souffrent. Nous pouvons nous interroger, comme lors du pic de l’épidémie du Covid-19, sur la place de Dieu. Est-il absent, a-t-il déserté notre terre devant la lourdeur de notre cœur, notre fascination de la violence en tout genre, notre obstination ? Notre foi est-elle vaine pour que la guerre prenne le pas sur la concorde et la paix ? Mais, en fait, c’est peut-être que nous sommes sourds à la voix de Dieu. Les croix de nos églises, de nos médailles, de nos pendentifs ne nous aident pas à comprendre qu’il est venu réconcilier l’humanité avec nous-mêmes. Les cendres que nous recevons, Carême après Carême, ne servent donc pas à nous conduire sur le chemin de la Conversion ? Ainsi, nous pouvons dire avec l’Ecclésiaste : « Vanité des vanités, tout est vanité ».
La violence de la « vaine gloire »
Peut-être que notre péché est cette vaine gloire qui nous colle à la peau. Depuis les premiers temps de notre humanité, nous ne cessons de nous prendre pour Dieu. Nous voulons posséder ce monde comme nous le faisons pour une chose. Mais, nous n’en sommes pas les propriétaires, juste les gardiens qui doivent prendre soin de manière humble et généreuse. Si nous cherchons à exercer une quelconque violence, le plus juste serait de le faire contre notre cœur endurci et notre incapacité de comprendre que l’autre est une « terre sacrée ». Ce Carême qui s’amorce aujourd’hui peut nous aider à prendre conscience de cet entêtement.
L’urgence de la conversion
Nul besoin d’introspection sans fin, de chercher pendant longtemps ce qui pourrait occuper notre prière durant ces quarante jours. Il y a, bien sûr, la violence de notre monde, ce mal qui ne cesse de rôder dans nos cœurs. Mais, aussi notre urgent besoin de conversion. Nous avons besoin de revenir à Dieu, de nous souvenir des promesses de notre baptême qui nous font devenir les coopérateurs de Dieu. C’est ce que nous dit Paul dans la seconde lecture.
Les Cendres : chemin d’humilité
Nous pouvons demander au Seigneur, alors que ces Cendres reçues sont signe de notre finitude, de nous aider à marcher sur le chemin de l’humilité. Nous serons alors conformes à son image et pourrons devenir davantage les serviteurs de la mission du Christ. Le but du Carême n’est pas de faire pénitence pour le plaisir, ou bien de rechercher une quelconque violence physique en guide de purification. Il s’agit plutôt d’un temps favorable pour retrouver le compagnonnage avec Jésus. Il est notre maître et ami. Prendre le chemin avec Lui c’est accepter que notre « vie ne soit plus à nous-mêmes ». C’est une route de dépossession qui nous invite à chercher la rencontre en vérité avec les autres humains.
Le Chemin du Christ
Au long de ce chemin, sans nul doute escarpé et parfois rude voire rugueux, nous pourrons laisser notre cœur se réjouir dans l’inattendu de l’événement. Ce quotidien, le plus banal, nous rappelle qu’avec le Seigneur, l’extraordinaire se cache dans notre ordinaire. Dans cette route, nous avons à exercer l’oreille de notre cœur pour écouter davantage la Parole du Seigneur. Elle est ce qui nous permet de rester connectés à la volonté du Seigneur, à écouter et discerner, au plus profond de nous-mêmes, la direction du service et de l’amour. C’est un exercice qui nous est sans doute familier, mais dont nous pouvons davantage prendre conscience au cours de ce Carême.
Le temps de la Parole
Prendre le temps pour la Parole et la laisser raisonner tranquillement, comme nous le propose le pape François dans son message pour le Carême. Nous saurons alors en tirer du fruit pour construire le Royaume et œuvrer pour la Paix au cœur de la vie de notre monde. Cheminer au cœur du monde avec la Parole pour compagne c’est entrer dans la compréhension que nous avons un urgent besoin de conversion. Si nous la laissons pénétrer notre vie nous discernerons assez rapidement que nous ne sommes pas ajustés au désir de Dieu, à l’amour de Dieu.
Marcher vers la justice de Dieu
Certes, il faut sans doute beaucoup de temps pour être juste comme Dieu. Mais si nous ne commençons pas par nous accorder à sa volonté, à sa justice et à sa paix, notre désir sera vain. Ainsi, le Carême est un temps d’ouverture pour prendre conscience que nous avons à cheminer avec Dieu, mais aussi à prendre sa Parole, son Évangile, sa Bonne Nouvelle au sérieux. C’est le sens de la formule liturgique de déposition des Cendres : « Convertis-toi et crois-en l’Évangile ». Ainsi, pour suivre Jésus, il faut commencer par se détourner du chemin qui conduit à vouloir posséder l’autre, à ce qui nous empêche de voir la dignité de nos frères et sœurs en humanité.
Chasteté
C’est marcher vers cette chasteté qui nous conduit à respecter l’altérité de l’autre et à le recevoir comme celui qui nous révèle une part du visage, du mystère de Dieu. Ainsi, dans un second temps, nous pourrons mettre nos pas dans ceux de Jésus, dans cette Bonne Nouvelle que nous recevons pour l’annoncer aux femmes et aux hommes de ce temps.
En fait, le Carême n’est ni plus ni moins qu’un chemin de contemplation de l’agir du Christ. Il poursuit son œuvre dans notre vie par le don de l’Esprit. Il nous demande de servir la Paix pour que nous vivions réconciliés par et dans son amour. C’est un chemin difficile, mais qui est loin d’être impossible. Entrons donc, joyeux des promesses du Christ, dans ce temps du Carême et unissons-nous davantage par la prière et l’action pour ceux et celles qui sont victimes de la violence et de l’injustice des hommes.
[…] revanche, nous pouvons essayer de comprendre comment les tentations peuvent nuire à la dignité, à la liberté, à l’autonomie de personnes humaines. Dans notre quotidien, nous n’envahissons […]