Les textes de ce 17e dimanche ordinaire nous amènent à réfléchir sur le sens de la prière d’intercession. C’est souvent ce que notre cœur nous conduit à porter devant le Seigneur. La prière d’intercession ce n’est pas dire à Dieu ce qu’il doit faire mais remettre entre ses mains notre vie, celle de nos frères et sœurs en humanité. Prier ainsi c’est reconnaître que le Seigneur est le maître de notre vie et que sa grâce peut nous aider à découvrir toutes choses nouvelles en Christ.
La prière d’intercession : une force
Les lectures de ce dimanche peuvent nous aider à découvrir la force de cette prière d’intercession. Ils sont aussi une invitation à ne pas considérer Dieu avec nos caractéristiques humaines. Dieu est cet « au-delà de tout ». Également, il est Celui à qui nous disons dans la prière eucharistique n°1 pour la Réconciliation : « Bien loin de te résigner à nos ruptures d’Alliance, tu as noué entre l’humanité et toi, par ton Fils, Jésus, notre Seigneur, un lien nouveau, si fort que rien ne pourra le défaire. »
Oui, Dieu ne se résigne pas à notre fragilité, il la connaît et surtout il ne nous en tient pas rigueur. Ce qu’il souhaite pour nous c’est une vie qui ne cesse de se déployer dans et par amour pour les autres. Les seules victoires qui comptent pour le Seigneur ce sont celles qui nous conduisent à lutter contre notre égoïsme. Cette prière d’intercession nous conduit au cœur de Dieu. Elle nous permet de demander au Seigneur ce qui compte pour nous.
La prière d’intercession c’est entrer dans l’abondance du don de Dieu
Il ne s’agit pas de le supplier, de quémander sa grâce, elle est déjà donnée en abondance. C’est partager avec notre ami intime ce qui fait notre vie avec nos joies, nos peines, nos espoirs, nos espérances. Confier notre vie à Dieu c’est lui demander de regarder avec un œil neuf tout ce poids du jour. Nous apportons notre vie pour recevoir du Christ la vie en abondance. Dieu ne cesse de nous exaucer, mais dans le temps qu’il lui importe afin que notre cœur soit prêt à l’accueillir. Parfois, nous demandons la guérison et c’est la mort qui vient. Dieu ne voudrait pas la vie et reste sourd à notre prière ? Sans doute que non. Toutefois, dans cette épreuve, nous savons que l’espérance, sa grâce, son amour ne resteront pas sans effet. Il demeure près de nous, avec nous. Dieu est notre compagnon de route, Celui qui — comme à Emmaüs — nous enseigne l’Écriture et partage avec nous le pain.
L’humilité de la prière d’intercession
Notre prière d’intercession ne doit pas être celle du pharisien au temple mais celle de la veuve. Une prière humble, c’est-à-dire sans phare, authentique. La prière d’intercession c’est cet « ami qui parle à un ami et qui sait se taire pour l’écouter » comme nous l’enseigne Ignace de Loyola.
Dans la première lecture, nous voyons Abraham échanger avec le Seigneur à propos de Sodome et Gomorrhe. Ces villes sont victimes de leur insouciance, de l’orgueil et de la suffisance (Ez 16, 49-61). C’est cela qui provoque la colère du Seigneur et sa volonté de les détruire. La prière d’intercession d’Abraham va jusqu’à rechercher 10 justes. À l’évidence, ils sont moins. Nous pouvons comprendre, par cette négociation, que le Seigneur est à notre écoute, il fait tout pour nous, comme nous le dit le psaume de dimanche. Mais encore faut-il être en capacité de discerner, de comprendre de quelle manière il nous conduit sur le juste chemin.
Notre Père
C’est là que le chemin de la prière d’intercession ou d’action de grâce, personnelle et communautaire, peut nous aider à y voir clair. Le disciple de l’Évangile demande d’ailleurs à Jésus : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. » C’est donc un « Nous » qui se laisse enseigner par le Seigneur. Nous percevons ainsi l’importance collective de notre qualité de disciples. D’ailleurs, le Seigneur répond aussi par ce « Nous ».
Lorsque nous disons la prière du Seigneur, nous nous adressons à lui avec un « Notre Père » et non « Mon Père ». Cette prière est en fait le cri d’amour du peuple de Dieu envers son créateur. Par cette prière nous accueillons « la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17, 28) qui nous viennent du Seigneur. Le passage de l’Évangile de Luc de ce dimanche va plus loin que l’enseignement du « Notre Père », il nous conduit à découvrir la profonde différence entre Dieu et les Hommes. Dans cette introduction à la prière d’intercession, Jésus veut nous faire comprendre que nous cédons à la supplication par lassitude. Nous acceptons pour avoir la paix, être tranquilles et poursuivre notre vie. C’est en fait, par défaut, que nous disons « oui ». Alors que Dieu c’est par joie, par vocation, qu’il écoute notre prière d’intercession et qu’il l’exauce. Il est la bonté, la gratuité et l’amour pur, sans pli, sans arrière-pensée.
Entrer dans l’Action de grâce
Là est la différence substantielle avec nous dont le cœur est malade et compliqué, comme nous le dit le prophète Jérémie (Jr 17, 9). Mais, la suite des versets de ce passage nous indique que seul le Seigneur peut nous aider à nous en sortir. C’est bien pour cela que nous avons cette prière d’intercession, pour nous aider à comprendre comment la force de Dieu agit au cœur de ce monde. Aussi, cette prière d’intercession doit nous conduire à l’Action de grâce. Nous avons à recevoir la force de la part du Seigneur pour reconnaître sa présence agissante en ce monde.
Découvrir la prière de l’Église
Notre action, aussi modeste soit-elle, peut se transformer en « vivante offrande à la louange de sa gloire ». La prière, notamment celle des psaumes, peut nous conduire à ce chemin de louange. Cette prière des psaumes est principalement une prière d’intercession pour le monde et pour soi. C’est la prière de l’expérience d’un peuple de croyants avec son Dieu. C’est donc une prière qui nous est proche. Que le Seigneur nous fasse la grâce d’entrer dans cette prière qui est aussi celle que l’Église nous propose au long des heures. Prier ainsi c’est une manière d’entrer aussi en communion avec l’Église. C’est une bonne manière de comprendre que ma prière et celle de l’Église sont un seul cœur qui monte jusqu’au cœur de Dieu. Elle est comme cette bonne odeur de l’encens qui s’élève dont nous parle le psaume 140.
[…] fait que nous sommes, comme Peuple de Dieu, solidaires les uns des autres. Ensemble, nous portons, par la prière et la proximité, nos joies, nos peines, nos […]