Ce 23e dimanche du temps ordinaire nous invite à approfondir notre identité de partenaires de la mission du Christ. Notre baptême nous fait devenir ces partenaires de la mission en nous plongeant dans la vie même de Dieu. Pour autant, cette identité, acquise définitivement, demande de notre part un approfondissement, une conversion continuelle.
Partenaires de la mission du Christ
Cette configuration de partenaires dans la mission est une œuvre de la grâce de Dieu qui ne cesse pas de se déployer en nos cœurs jour après jour. Aussi, il nous faut du temps pour la découvrir. Dieu ne cesse de venir frapper à notre porte (Ap 3, 20) pour que nous entrions davantage dans l’alliance qu’il nous propose. C’est cette alliance qui nous fait devenir partenaires dans la mission. Cette mission est de conquérir le cœur des femmes et des hommes de ce temps pour que le Royaume de Dieu advienne en ce monde et en ce temps.
Reconnaître le Seigneur au cœur
Aussi, nous avons à reconnaître que le Seigneur est à l’œuvre en cet âge, au cœur de ce monde. Mais cela nous est difficile. Pourtant, et c’est la première lecture de ce dimanche qui nous l’enseigne, il nous donne Sa sagesse et Son Esprit saint. Ils nous sont donnés pour que nous en fassions bon usage. C’est-à-dire que nous reconnaissions qu’ils sont pour nous l’enthousiasme nécessaire pour transformer ce monde. Dieu, en nous confiant cette responsabilité, fait véritablement de nous ses disciples missionnaires, partenaires dans la mission, amis dans le Seigneur. Si nous ne comprenons pas cela, notre foi reste vaine.
Actif au cœur du monde
Le Seigneur n’est pas passif, il est au plus près de chacun sur son chemin de vie pour qu’il puisse transformer ce monde en « vivante offrande à la louange de Sa gloire ». C’est-à-dire trouver, au cœur de notre vie, de notre monde, des occasions de le rendre plus juste, plus fraternel, plus apostolique. L’égoïsme peut nous guetter, tel cet ennemi qui rôde à la recherche de sa proie (1 P 5, 8). C’est cet ennemi contre lequel nous avons à lutter. Il nous fait rechercher la puissance et non le service. Nous en remettre à la sagesse de Dieu, reconnaître que son Esprit est à l’œuvre dans notre monde peut le changer. Pour autant, nous avons à entrer dans un compagnonnage avec le Christ, mais aussi avec les femmes et les hommes de ce temps.
Changeons nos cœurs
Nous formons l’Église, un corps apostolique qui nous fait devenir partenaires de la mission du Christ C’est donc ensemble, avec nos forces et nos faiblesses, que nous pouvons changer le monde. Dans la seconde lecture, nous comprenons que Paul est fortement lié à Onésime, esclave converti de Philémon. Son premier mouvement intérieur serait de le garder pour lui, de faire de lui son compagnon privilégié. Mais Paul suggère que, malgré tout, Onésime pourrait être plus utile à Philémon non comme esclave, mais comme frère. La tendresse de Paul va jusqu’à se faire redevable des dettes d’Onésime. Nous pouvons percevoir, dans cette lettre, très courte, de Paul à Philémon, comment la conversion peut changer les cœurs, mais aussi combien la paternité spirituelle peut se revêtir de tendresse et de charité.
Vers la fraternité universelle
Nous pouvons, peut-être, prendre appui sur cette manière de faire de Paul, sur sa fraternité qui le fait être défenseur des plus petits, même malhonnête – comme peut l’être Philémon. C’est un appel à comprendre que nul ne peut être réduit à ce qu’il est. La conversion, la transformation des cœurs est toujours possible grâce à l’accueil du don de Dieu. Nul n’est trop loin pour Dieu. Personne n’a un cœur si dur ni infertile que la grâce de Dieu ne peut y pénétrer. La douceur du Seigneur vient perpétuellement en nos vies, mais nous sommes souvent incapables de l’accueillir. Elle est imperceptible, tel un commencement de fin d’une brise légère (1 R 19), mais elle est bien là pour changer les cœurs. Mais pour cela il nous faut devenir des partenaires de la mission du Christ.
Prendre la route avec Jésus
Aussi, choisissons résolument de prendre la route avec Jésus. Son amour pour chacun de nous et pour le monde entier, sans distinction, sera notre boussole. Mais, pour cela, faire sa volonté doit être notre priorité. C’est le sens de la première partie de l’Évangile de ce dimanche. Dieu ne nous demande pas de renoncer à nos engagements, à nos amours temporels, mais à le préférer. C’est-à-dire que son Évangile, sa Parole de Vie doivent, autant que possible, autant que notre faiblesse et notre fragilité le permettent, être ce qui irrigue notre Vie.
Compagnon de route
Le Christ est notre compagnon de route qui nous conduit à nous décentrer de nous-mêmes pour entrer dans une fraternité universelle. Pas facile d’entrer dans ce même mouvement tant nous sommes habités de sentiments contraires. Pour autant, c’est un impératif si nous voulons vivre mieux. Nous sommes donc appelés à nous supporter (dans tous les sens du terme). Aussi, nous avons à regarder de quelles manières nous pouvons construire notre monde avec tant de diversité, de différences.
La combat de la fraternité
C’est ce combat contre nous-mêmes, que nous menons en choisissant de devenir partenaires dans la mission. Ne nous trompons pas dans la manière de conduire ce combat. Ce n’est pas de l’ordre de l’effort sportif, même si nous avons besoin d’entraînement. Ce n’est pas à la force du poignet, avec une volonté de fer, que nous réussissions à transformer le monde. Cela ne durera qu’un temps. C’est en mettant le Seigneur dans notre barque, en faisant confiance au souffle de l’Esprit dans notre navigation sur l’océan de nos vies, que nous avancerons.
Naviguer avec le Seigneur
Certes, c’est nous qui naviguons, qui sommes sur le navire, mais notre cap c’est Dieu qui le fixe et nous aide à la garder. C’est la confiance en son amour, dans son infinie miséricorde, qui éclaire notre route. Ainsi, c’est en offrant tout au Seigneur que nous recevrons en abondance la grâce de pouvoir devenir ses partenaires dans la mission.
Confiance, le Seigneur chemine avec nous
Pas facile de se déposséder pour entrer dans l’abondance de l’amour de Dieu. Mais Dieu marche avec nous sur cette route pour nous aider à entrer davantage dans cette abondance de la plénitude de sa grâce. Alors, avec confiance, marchons, en Église, corps apostolique pour la mission, joyeusement, sereinement et amoureusement dans la promesse de Dieu de passer « nos jours dans la joie et les chants », rassasiés de son amour (Ps 89).