Rendre grâce à Dieu. Voici ce que veulent nous enseigner les textes de ce 28e dimanche du temps ordinaire. Nous passons souvent à côté des merveilles de Dieu. Pourtant, son action est salvifique. Mais, c’est dans le silence, dans l’indicible et l’invisible que Dieu vient nous sauver de nous-même. Souvent, nous attendons de Dieu une action extraordinaire pour pouvoir lui en rendre grâce. C’est ce même mouvement, cette même réflexion que nous trouvons dans la première lecture de ce 28e dimanche ordinaire.
Un Dieu discret
Il y a chez Nâaman sans doute, comme dans chacun de nous, un mélange dans son attente d’être guéri de la lèpre. Il a cette sincérité, ce désir d’être libéré de la lèpre, mais il veut aussi constater la force du Dieu d’Élisée. Si Dieu est Dieu, alors il doit agir avec force, fracas et brio. Mais, notre Dieu n’est pas un dieu emphatique. Ses théophanies n’ont rien d’extraordinaire. Il vient se dire, au cœur de nos vies, dans la discrétion et la douceur. C’est sans doute une raison suffisante pour rendre grâce.
Rendre grâce
Cette action de grâce, cette reconnaissance que nous pouvons manifester à Dieu doit nous conduire à l’action, au témoignage et si possible à la conversion. L’Action de grâce n’est pas pour Dieu, dans le sens où cela ne lui enlève rien. Cela ne le flatte pas non plus. Quoi que nous disions de Lui, il reste Dieu et son Amour est inconditionnel et universel. Cette universalité de l’Amour de Dieu est aussi au cœur des textes de ce 28e dimanche du temps ordinaire. Ceux qui viennent rendre grâce, à la fois dans la première lecture et dans l’Évangile, ce sont des étrangers. Rendre grâce c’est aussi transmettre ce Salut, l’action salvifique de Dieu en plein monde. Une fois encore, Dieu n’a pas besoin, intrinsèquement, de notre reconnaissance.
Jésus aux frontières
Il est intéressant de se souvenir que ce passage de l’Évangile de Luc se passe à la frontière entre la Samarie et la Galilée. Nous voyons donc Jésus se situer aussi comme l’homme des frontières. Cela signifie que nous, croyants, ne sommes pas propriétaires du Salut, mais les dépositaires qui doivent essayer de le transmettre au mieux. Il ne s’agit pas de tout confondre, de mélanger les traditions comme pour être plus soluble, mais de nous rendre disponibles à l’autre. Cette disponibilité permet également de mieux entendre ce que l’autre désire.
Confesser sa foi
Pour autant, si nous voulons que d’autres connaissent le Seigneur, vivent de son amour, reconnaissent sa grâce agissante au cœur de notre monde, rendre grâce est essentiel. C’est cela que signifie la finale de l’Évangile de ce 28e dimanche ordinaire. Le Samaritain est non seulement, comme les 9 autres malades, guéri de la lèpre, mais il est aussi sauvé, par sa foi. Nous pouvons ainsi comprendre mieux ce que peut signifier le Salut. Tout d’abord, nous ne méritons pas le Salut. C’est quelque chose qui nous est offert une fois pour toutes. C’est une grâce de Dieu pour chacun d’entre nous et pour l’humanité entière.
Reconnaître le Salut de Dieu
Nous n’avons pas à chercher une quelconque manière de plaire à Dieu, de le faire plier pour obtenir son amour et sa grâce. Mais, en reconnaissant qu’Il est à l’œuvre au cœur du monde, à relire notre vie à la lumière de Sa miséricorde et de Sa Parole, nous sommes habités du besoin de rendre grâce. C’est-à-dire reconnaître qu’Il est bien Celui qui agit pour nous rendre davantage libres. C’est à cette liberté que le Seigneur veut nous conduire.
Rendre grâce pour grandir en liberté
Le Samaritain qui est venu rendre grâce pour sa guérison a aussi grandi en liberté en reconnaissant l’action de Jésus. Ce qui importe ce n’est pas la politesse ou l’impolitesse, mais la reconnaissance. Rendre grâce c’est être habité d’un mouvement du cœur qui me donne de reconnaître que je ne suis ni ma propre origine, ni ma propre fin. C’est prendre conscience que je suis un être de relation et en premier lieu en relation avec Dieu. D’ailleurs, Il est Lui-même relation, puisqu’Il est Père-Fils-Esprit Saint. Reconnaître, comme le Samaritain de l’Évangile de ce 28e dimanche ordinaire, que je suis sauvé par ma foi (et non par mes œuvres), c’est affirmer reconnaître le don de Dieu au cœur de ma vie. Un don qui me fait vivre l’Évangile en plein monde aux carrefours du monde.
Découvrir que Dieu se donne
Un Dieu qui se donne c’est ce que nous vivons chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie. Il se donne pour que nous nous donnions à Lui, et ainsi nous pouvons aimer davantage nos frères et sœurs en humanité. C’est donc un acte important que nous posons lorsque nous recevons le Corps du Christ. Ainsi, lorsque nous communions, nous ne pouvons que rendre grâce à Dieu. Sans nul doute, ce sacrement nous dépasse. Il est difficile de se rendre compte combien il porte du fruit dans le fil des jours. Mais, c’est la foi qui nous fait dire que Dieu est là, dans ce pain, pour nous conduire vers la générosité de Dieu. Communier est donc un acte de foi et d’action de grâce. Mais, c’est aussi la prise de conscience que notre foi nous engage dans la relation aux autres.
Travailler notre communion
Dieu se donne à moi et aux autres pour que nous formions une communion, cette Église qui est un corps apostolique pour la mission. Ainsi, rendre grâce c’est se découvrir en communion les uns avec les autres dans l’Amour que la Trinité nous manifeste. C’est découvrir que nous ne sommes pas seuls, mais une communion, une même cordée qui nous conduit à servir l’humanité souffrante. Apprenons donc à faire confiance à la Parole de Dieu qui germe dans nos cœurs, partageons-la à temps et à contretemps afin qu’elle fasse jaillir en nous des fleuves d’eau vive (Jn 7, 38). Cette eau vive est la fraîcheur de la grâce de Dieu qui nous rappelle l’eau de notre baptême, l’eau qui coule du cœur transpercé du Christ.
En communion de prière
Prions donc les uns pour les autres, les uns avec les autres pour que nous sachions rendre grâce au Seigneur pour ses merveilles et son amour inépuisables. Que cette prière, cette action de grâce nous conduisent à nous enraciner dans Sa Parole qui est une école de liberté et d’audace apostolique. Ainsi nous pourrons devenir davantage ces serviteurs de la mission du Christ, de la tendresse de Dieu pour notre monde, pour la plus grande gloire de Dieu et le Salut du monde.