Nous sommes le peuple d’un Dieu qui est justice. C’est ce que nous rappellent les textes de ce 30e dimanche ordinaire. Cette réalité nous rappelle ce très beau chant du jésuite Didier Rimaud. L’auteur nous dit, dans le refrain : « Invente avec ton Dieu l’avenir qu’Il te donne. Invente avec ton Dieu tout un monde plus beau ! » Il n’y a pas d’autres raisons d’avoir la foi de croire en Dieu que de se sentir invité à inventer avec Lui des raisons d’espérer. Car, même si le monde dans lequel nous vivons nous porte à l’inquiétude, nous ne devons pas baisser les bras.
Découvrir la justice de Dieu
Dieu nous convoque, par sa justice, à l’espérance. Celle d’un monde plus juste, plus fraternel, plus lumineux. Mais, cela ne se fera pas sans nous. Notre Dieu nous choisit pour être ses coopérateurs et ses témoins de l’Espérance. Car s’il est bien un Dieu qui fait justice, il n’est pas un Dieu justicier. Même si les psaumes nous portent à croire qu’Il serait le Dieu des gentils et non des impies, Jésus-Christ nous témoigne qu’il est le Dieu des vivants et des morts. Dieu est pour tous, et tous peuvent rejoindre sa miséricorde et son amour. Nous accédons à ces merveilles de Dieu par la prière. Qu’importe comment nous prions. Ce ne sont pas nos mots qui comptent, mais tout ce qui déborde de notre cœur.
Comprendre la justice de Dieu
Dieu écoute nos mots et nous donne la grâce de poursuivre la route avec Lui malgré notre cœur et nos pas parfois lourds. C’est ainsi que nous comprenons la justice de Dieu. Il ne s’agit pas de savoir si nous sommes bons ou méchants, mais si nous sommes capables de nous convertir, de rejoindre, malgré nos égarements, la justice de Dieu, l’Amour inconditionnel de Dieu pour chacun de nous. La prière est notre force, celle qui vient transformer notre pauvreté, nos ruptures d’alliance en puissance de vie et d’amour. C’est pour cela qu’il nous faut persévérer dans la prière. Cette persévérance n’est pas la conséquence de la surdité de Dieu. Elle est davantage l’occasion de nous laisser ajuster à la justice de Dieu.
Nous laisser aimer
Par cet ajustement, notre égoïsme, notre égocentrisme sont, petit à petit, brûlés au feu de l’Amour de Dieu. C’est un feu lent qui vient calciner tout ce qui nous empêche d’aimer lentement mais sûrement. Dieu nous laisse le temps d’aimer, de nous rapprocher de sa justice pour que nous puissions transformer le monde. Le but de notre foi n’est pas de rendre grâce à Dieu. Rendre grâce en est une conséquence, ça, c’est une conséquence : Dieu n’a pas besoin de nous pour être. La foi doit nous conduire au cœur même de l’Amour de Dieu, au plus près du cœur transpercé du Ressuscité. Ce n’est pas facile, tant nous sommes occupés et rarement disponibles. Mais le fruit de la prière permet cette transformation lentement, jour après jour, de manière quasi invisible.
La lenteur de la conversion
Notre conversion est lente et laborieuse, mais l’Amour de Dieu surpasse notre lenteur. C’est ce que nous font comprendre les textes de ce 20e dimanche du temps ordinaire. Ils nous invitent à la patience, à l’endurance comme pour mieux faire l’expérience de la justice de Dieu. C’est un lent travail d’humilité qui nous est demandé. Mais souvenons-nous que c’est Dieu qui nous aime inlassablement, il faut nous laisser conduire par son amour qui guide nos pas.
C’est cette expérience spirituelle que nous invite à faire Paul dans la seconde lecture. Lui qui s’est laissé entraîner par le fol amour de Dieu.
Au service de Dieu
Paul, dans son zèle missionnaire, a appris à se mettre au service de Dieu. Pas le dieu vengeur qui trie les bons croyants des mauvais. C’est le Dieu et Père de Jésus-Christ qu’il a reconnu et proclamé à temps et à contretemps. Tout son zèle, son dynamisme, son enthousiasme sont pour l’annonce de l’Évangile du Christ et l’avènement de la justice du Royaume. Nous pouvons nous appuyer sur la fidélité de Paul dans notre vie missionnaire. Il n’a pas perdu son temps pour annoncer l’Évangile ni renier ce qu’il était. C’est ce que le Seigneur nous demande : de nous dépenser pour une annonce fidèle de l’Évangile. Il nous invite à le reconnaître comme Celui qui donne l’impulsion pour la mission, pour transformer la vie de notre monde. Notre tâche est d’apprendre qui est Dieu, non dans les manuels de théologie, mais dans la contemplation de Sa Parole. Nous découvrirons alors de quelles manières il est à l’œuvre en cet âge. Nous comprendrons alors davantage combien il est urgent de nous laisser convertir par son amour pour entrer davantage dans son projet de vie.
Prendre du temps pour Dieu
Prenons donc davantage de temps pour lire, contempler et méditer sa parole. Nous apprendrons ainsi à le reconnaître dans ce qui est invisible à nos yeux, dans toutes ces situations bloquées où nous trouvons un signe d’espérer. Discerner la justice de Dieu au cœur de notre vie, de notre monde c’est apprendre que nous ne sommes pas les maîtres du temps. Nous ne sommes pas les dépositaires d’un pouvoir absolu, mais des intendants fidèles de la grâce de Dieu.
S’approcher de Dieu
Nous avons donc à nous approcher de Dieu avec un cœur fidèle et confiant, comme le publicain. Cet homme, mal vu par la communauté, car collecteur d’impôts. Il tâche, peut-être de manière maladroite, de s’approcher du Seigneur. Il semble craintif, mais sincère. Sa prière est simple : il demande au Seigneur sa grâce. Il reconnaît son imperfection de manière sincère. C’est cela qui fait qu’il devient juste, comme nous le dit l’Évangile de ce 30e dimanche. Ce comportement, et celui du pharisien, qui en fait trop, nous rappellent cette phrase d’Ignace de Loyola au début des Exercices Spirituels : « Ce n’est pas d’en savoir beaucoup qui rassasie et satisfait l’âme, mais de sentir et de goûter les choses intérieurement. » Ce n’est donc pas le flot de paroles ininterrompues, des prières toutes faites qui nous rapprochent de Dieu.
Un cœur sincère
C’est la sincérité de notre cœur, la sincérité de notre démarche. Venir en silence devant Dieu et laisser monter de notre cœur ce qui occupe notre vie est déjà une belle prière. Nous nous laisserons ainsi, petit à petit, conquérir le cœur pour devenir davantage disciples-missionnaires. Laissons-nous rejoindre par ces derniers mots du chant, Peuple d’un Dieu qui est justice, de Didier Rimaud, SJ : « Ouvre ton cœur à rendre grâce, dans l’univers où Dieu t’envoie : Église heureuse de ta Pâque, Tu as la charge de ta joie ! » et marchons ensemble à la recherche du Christ.