Ce 3e dimanche de l’Avent est le dimanche du Gaudete, le dimanche de la joie. Nous nous approchons de la joie de Noël. Cette nuit très sainte où resplendira la joie des anges, joie que nous reprendrons dans la Gloire à Dieu. Mais, il nous faut encore attendre et faire preuve de patience. Ces attitudes sont celles de Jean-Baptiste dans l’Évangile de ce 3e dimanche de l’Avent. Lui qui est en prison pour avoir osé déplaire s’inquiète de la venue du Fils de l’Homme.
Le paradoxe de la joie
Sa question : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » nous pouvons la faire nôtre. Même si notre foi atteste que le Christ est celui qui va venir le soir de Noël, la marche de notre monde peut nous en faire douter. C’est un des paradoxes qui peut habiter notre cœur. Nous sentons une joie profonde habiter en nous, nous savons que Dieu vient prendre notre chair à Noël. Mais, tant de violences, tant de tristesses, tant d’incertitudes entourent notre monde que nous pouvons douter qu’il soit le Prince de la Paix. Pourtant, Il l’est et cette paix repose sur nous.
Dieu nous laisse libres
Dieu n’a pas déserté ce monde, il a choisi de nous rendre responsables de sa conduite. Cette belle liberté s’exerce pour que le Royaume de Dieu puisse s’installer au cœur du monde. Par sa venue en plein monde, il donne les conditions pour que sa Joie habite la terre. Cette joie n’est pas celle du cadeau tant désiré que nous ouvrions le soir de Noël. La joie de Dieu est cette certitude de sa présence en nos cœurs, en nos vies. Cette qualité de présence qui nous dit de continuer le chemin, même s’il est aride, même si nous rencontrons la tristesse, l’émotion, la fatigue…
La joie de nous savoir sauvés
Le Salut qu’il vient nous apporter, comme nous le dit la première lecture, vient dépasser tout ce qui nous entrave. Ce temps de l’Avent qui s’offre à nous depuis deux semaines déjà est là pour nous enraciner dans la Joie de l’espérance. Notre confiance en Dieu doit nous donner de toujours espérer, même quand tout parait inespérable. Pour celui ou celle qui choisit le Christ pour « maître et pour ami », la foi est cette fragile flamme qui vacille dans le vent, mais ne s’éteint pas. Il est de notre responsabilité de porter au monde cette vérité que met le Christ dans nos cœurs. Individuellement, nous sommes fragiles, mais collectivement nous sommes forts. Cette force, nous avons à la puiser dans l’exercice de la patience.
Apprendre la patience
Nous sommes dans un temps, dans un monde, où tout va et veut aller plus vite. Mais, il faut apprécier – parfois malgré nous – le temps nécessaire pour réaliser des chefs-d’œuvre. Regardons les jeunes enfants, ils prennent le temps pour marcher, parler, s’autonomiser et s’épanouir. Chacun selon son rythme, chacun selon son temps. L’amour que leurs parents leur portent n’est pas lié à cette temporalité. C’est aussi ce que nous dit Paul dans la seconde lecture. Il nous invite à la patience, à accepter de prendre le temps pour la croissance et le désir. Notre impatience à vouloir tout immédiatement ne nourrit pas notre joie. Au contraire, elle est une forme d’égoïsme qui ne respecte pas le temps de l’autre, le temps de la création.
Transformer l’attente en joie
Cette période de l’Avent nous invite donc à forger notre patience dans la joie de Dieu. Jean-Baptiste, dans sa prison, met sa patience à rude épreuve. Il désire savoir si elle est bien ordonnée, si sa mission d’annonce du Messie est accomplie. Pour autant, Jésus ne répond pas aux disciples du précurseur. Il les invite à être d’abord témoins de sa mission. Nous sommes deux mille ans après Jésus-Christ, nous ne sommes pas contemporains du Christ, des apôtres, ni de Jean-Baptiste. Pourtant, nous nous sentons comme ses disciples, témoins, serviteurs de la mission du Christ. Notre cœur est invité à battre au rythme du cœur du Christ pour dire au monde les merveilles de son amour. Cette annonce doit dépasser la proclamation et nous entraîner à nous enraciner dans la suite du Christ.
Témoins de la mission du Christ
Devenir témoins du Christ, serviteurs de sa mission, c’est entrer dans la contemplation de l’impuissance du Christ. C’est ce que nous pouvons comprendre de l’Évangile de ce Gaudete. Le Christ demande aux disciples de Jean-Baptiste pourquoi ils l’ont suivi. Est-ce par mondanité ou parce qu’il était porteur d’une espérance ? Cette provocation de Jésus invite à se ressaisir de notre foi, d’en faire une occasion de joie pour le monde.
L’audace de la joie de la foi
Suivre le Christ ne nous attire ni sympathie, ni honneur, ni gloire. La mondanité n’est pas de l’ordre de la foi. Au contraire, en fréquentant l’Évangile, nous comprenons que le modèle auquel nous sommes appelés est l’humilité et la vérité dans les relations que nous entretenons avec les autres. C’est le message que Jésus est venu nous apporter. Il n’est pas un messie politique, un contre-pouvoir qui viendrait s’installer. Il est le Fils de Dieu qui vient faire advenir un règne de Justice et de Paix. C’est cela le but de la naissance du Christ : annoncer le Royaume de Dieu. Il est un lieu sans palais, sans habits raffinés comme nous le dit l’Évangile de ce 3e dimanche de l’Avent. C’est même un lieu sans terre.
Faire advenir le Royaume du Christ
Pourtant, ce Royaume, le Christ désire qu’il soit dans notre cœur. Il souhaite que nous soyons capables de voir, d’entendre, de contempler son œuvre de paix en plein monde. Cette œuvre commence à Noël par cet enfant fragile, qui se livre à l’humanité, innocent comme n’importe quel enfant. Ce nouveau-né que nous attendons avec joie est pourtant, même avant sa naissance, la proie à la jalousie, à l’égoïsme, aux tentatives d’abus de pouvoir.
La grâce de connaître le Christ
Mais, malgré ces obstacles, qui peut-être sommeillent en nous, nous nous sentons poussés par un élan qui nous vient du cœur. Nous savons que la connaissance intime du Christ est pour nous une occasion de réconfort. Alors, en ce temps d’attente où nous préparons la rencontre avec le Christ-enfant, faisons monter vers le Père notre prière. Qu’il nous donne la grâce de goûter chaque jour davantage à sa miséricorde. Ainsi, nous pourrons, dans nos déserts, communier au désir du Christ de nous conduire vers la joie de son fol amour pour chacun de nous.