Nous voici arrivés au 4e dimanche de l’Avent où nous contemplons l’Évangile de l’annonce faite à Joseph. L’Ange de Dieu fait irruption dans la vie de Joseph alors que ce dernier cherche la manière la plus juste, la plus adroite de répudier Marie. S’il se réfère à la loi, une fiancée enceinte d’un autre risque la lapidation. Joseph ne souhaite pas que Marie soit soumise à un tel châtiment. L’annonce faite à Joseph ressemble à celle faite à Marie. L’Ange, messager de Dieu, l’invite à ne pas craindre. Il y a de quoi, avouons-le, quand Dieu fait irruption dans nos vies, vient les chambouler nos projets, nos plans bien préparés.

L’annonce faite à Joseph

Ainsi, un des enseignements que nous pouvons tirer de cette annonce faîte à Joseph, est une invitation à être disponibles intérieurement, à accueillir les événements qui surgissent et à discerner où se trouve la voie de Dieu. La consolation est une des marques de la présence de la volonté de Dieu. Cela se confirme avec Joseph. La présence de l’Ange l’invite non pas à répudier Marie mais à l’accueillir, elle et l’enfant à naître.

La disponibilité de Joseph

Dans cette annonce faite à Joseph, nous contemplons sa disponibilité à faire la volonté de Dieu malgré ses doutes et les ombres du chemin. Sans nul doute que ses projets n’étaient pas de faire grandir le fils de Dieu, d’accueillir chez lui celle qui porte le sauveur du monde. Pourtant, Joseph consent à faire la volonté de Dieu. Il met sa liberté au service d’un projet plus grand que celui de construire un foyer. Joseph accueille donc avec Marie, Jésus. Certes, nous ne sommes ni Joseph ni Marie. Nous ne portons pas la responsabilité de faire grandir le Christ dans sa vie d’homme. Mais, son incarnation change radicalement la nature de l’humanité. Elle est divinisée ou plus exactement l’humanité marche vers son plein accomplissement.

Avec Joseph, relire notre vie

Cette annonce faite à Joseph, qui permet au Christ de naître au sein du foyer de Joseph et Marie, nous invite à relire la manière dont Dieu est venu dans notre cœur. Comment savons-nous accueillir l’impromptu de Dieu dans notre quotidien ? D’ailleurs, quelle est la place que nous laissons pour que Dieu vienne dans notre histoire ? Nous semblons si occupés, si préoccupés que Dieu passe à côté de nous ; nous passons sans le voir, sans le reconnaître. Pourtant, Dieu se dit dans notre quotidien et vient nous interpeller pour que nous continuions à marcher à sa suite.

Écouter Dieu se dire

Dans ce temps de l’Avent qui s’achève, nous sommes appelés à creuser notre faim et notre soif de Dieu. Dans cette attente, nous sommes invités à discerner où se dessine la présence de Dieu en plein monde. Ne nous laissons pas éblouir par ce qui brille et fait du bruit. Dieu se dit dans la discrétion, dans ce début de commencement d’une fin de silence dont nous parle le livre des Rois (1 R 19,12).

Lire les signes des temps

Soyons donc attentifs aux signes des temps, à tous ces appels qui nous invitent à prendre corps au cœur de ce monde. Nous n’avons pas d’autres vocations que celle d’habiter ce monde pour y faire demeurer la justice et la paix. En cela, l’Évangile de l’annonce faite à Joseph que la liturgie nous propose, en ce dimanche de l’Avent, est une bonne aide.

À la suite de Joseph

La figure de Joseph, pourtant très peu présente dans les Évangiles, nous aide à comprendre quelles attitudes nous devons prendre. C’est en peu de mots que se dessine cette figure. Mais, nous comprenons qu’il doit être sensible, doux, attentif aux autres et entretenir une relation simple mais profonde avec Dieu. Ce désir de ne pas faire de tort à Marie est de l’ordre de cette discreta caritas d’Ignace de Loyola. Elle est « une charité qui sait distinguer parmi les esprits qui nous hantent, le bien et le mal, un moindre bien du plus grand bien, l’amour propre de la grande gloire de Dieu » (P. H. Kolvenbach, SI). Il s’agit de chercher le juste milieu pour faire le bien autour de nous. Nous constatons cette recherche chez Joseph. Il est cet « homme au cœur pur, aux mains innocentes » dont nous parle le psaume 23 (24) de ce 4e dimanche de l’Avent.

Prendre modèle sur Joseph

Si nous voulons suivre le Christ de plus près, nous pouvons essayer de ressembler à Joseph. Sa disponibilité, son désir de faire la volonté de Dieu peuvent nous inspirer pour notre vie quotidienne. L’annonce faite à Joseph est une manière de comprendre comment Dieu agit au cœur de notre vie. C’est aussi une proposition, de la part de Dieu, à ressembler au père « terrestre » de Jésus. Ressembler ne veut pas dire devenir des clones, des pales ressemblances. Il s’agit davantage de tirer des lignes de force pour vivre l’Évangile en plein monde.

Créer la mélodie du Seigneur

La symphonie des singularités peut donner une mélodieuse harmonie. Mais, cela demande que nous soyons ajustés les uns aux autres, les uns avec les autres. Ce n’est pas facile, mais avec notre bonne volonté et l’aide de la grâce de Dieu c’est sans nul doute possible. Devenir des justes dans la foi, à l’image de Joseph, ne consiste pas à devenir de super héros, sans aspérités, qui ne trébucheraient pas sur le chemin de la vie. Bien au contraire, il s’agit d’accepter son humanité, ses pauvretés, mais aussi ses richesses pour les mettre au service de Dieu et de l’humanité souffrante. Là est notre mission commune comme membres du peuple de Dieu.

De la crainte à la confiance

Dans ce temps de l’Avent, de la bienheureuse attente de la joie de Noël, nous pouvons prendre le temps de regarder de quelles manières le Seigneur nous conduit. Quels sont les lieux, les occasions où nous avons dépassé notre peur, notre réticence, surmonté les obstacles pour être conformes au désir que le Seigneur met en nos cœurs ? Dans cette relecture de nos vies, nous entendrons sans doute le Seigneur nous murmurer à l’oreille de notre cœur un « Sois sans crainte ». En effet, avancer sur la route du Seigneur peut être déstabilisant mais c’est toujours un chemin de joie qui donne un cœur paisible.

Alors, demandons au Seigneur cette grâce d’entendre et d’écouter ses appels. Nous pourrons alors, tel Joseph, avancer sur notre chemin de vie et accueillir l’impromptu de Dieu qui se murmure au plus profond de notre cœur.