Ce 7e dimanche du temps ordinaire est une bonne propédeutique pour le temps du Carême qui commence mercredi. Dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus nous invite à la perfection. Devenir parfait comme le Père, c’est entrer dans une forme de radicalité évangélique. Lorsque nous contemplons Jésus dans l’Évangile, il manifeste une miséricordieuse exigence dans ses rencontres. Il pardonne, il relève, il guérit non pour être aimé, apprécié, porté au pouvoir, mais pour témoigner de la perfection du Père. C’est-à-dire manifester le désir que tout le monde se retrouve dans l’intimité du cœur du Christ.
La perfection de la route du Christ
La route que le Christ nous montre est celle de l’oubli de soi pour entrer dans l’amour des autres, car il est le signe de l’amour de Dieu. C’est un absolu dans lequel nous sommes plongés depuis notre baptême. Mais, reconnaissons que nous marchons très lentement, parfois à reculons, sur la voie de cette perfection. Jésus, qui connaît le cœur de l’homme, veut nous entraîner à cette exigence. Il le fait par ses mots, par sa prédication, mais surtout par son témoignage de vie. La perfection à laquelle le Christ nous invite est une école de discernement et un chemin de conversion.
Vers la perfection évangélique
Nous avons non seulement à prendre soin de nos amis, mais à « aimer ceux qui nous persécutent et prier pour nos ennemis ». Pas facile d’entendre cet appel et de nous conformer à l’exigence de l’Évangile. Tant de choses encombrent notre cœur et notre esprit et nous rendent indisponibles à la grâce que le Seigneur veut nous faire. Pourtant, notre foi doit nous entraîner sur la voie de la perfection de manière concrète et palpable. Nous sommes des porteurs des grâces du Royaume, témoins du Ressuscité, disciples-missionnaires du Ressuscité.
Enracinés et fondés dans la charité
Notre différence ne tient pas dans un respect de coutumes, une manière de parler ou de s’habiller. Non ! Ce qui nous différencie ou plutôt ce qui devrait nous différencier, c’est notre charité, notre miséricorde, notre amour pour ce monde et ceux qui y demeurent. La parole de Dieu ne nous dit pas autre chose et la perfection évangélique à accomplir n’est pas autre chose. Pour marcher vers cette perfection, nous pouvons approfondir notre lien avec Dieu dans la prière, mais aussi au cœur de notre propre vie.
Relire notre vie à la lumière de la perfection de Dieu
Ainsi, les textes que nous écoutons dans la liturgie de ce 7e dimanche ordinaire nous permettent de faire une relecture de notre vie sous l’angle de la charité. De quelles manières sommes-nous charitables les uns envers les autres ? Cette manière de vivre les uns avec les autres est le degré le plus haut de la perfection. C’est sans doute pour cela que nous avons tant de mal à la vivre. C’est ce que nous entendions aussi dans l’Évangile de dimanche dernier. Peut-être que si Jésus insiste sur ce point, c’est qu’il a conscience que c’est difficile. Et si cela l’est tant, c’est sans doute que cela touche une dimension essentielle de notre personne. Pour nous aider, nous pouvons compter sur l’agir de Dieu dans l’Écriture, et plus particulièrement ce qu’il nous dit en ce 7e dimanche ordinaire.
Vivre ensemble
La charité de Dieu n’est autre que l’expression de sa miséricorde. Ce n’est ni de la mièvrerie, ni des leçons de morale ou de la manipulation. Il s’agit d’une invitation à comprendre que l’enjeu est celui d’un vivre ensemble pour bâtir le Royaume de Dieu. Vivre ensemble ce n’est pas aplanir les différences, faire fi des caractères, des spécificités, des cultures des uns et des autres. Ce n’est pas non plus devoir vivre dans un carcan de règles et de doctrines autoritaristes. C’est entrer dans un respect habité de l’amour mutuel. Pas facile non plus, avouons-le humblement.
Cheminer vers une plus grande sanctification
Pourtant, c’est une voie de sanctification qui nous conduira, espérons-le, à nous approcher de la perfection que le Seigneur nous demande. Alors, comment faire pour entrer dans cette dynamique indispensable pour construire davantage le Royaume et sa justice ? Comment ne pas haïr, juger, insulter tout un tas de personnes avec lesquelles le lien est difficile ? Il y a des rencontres qui ne se font pas, mais ce n’est pas une raison pour vouloir envoyer la géhenne de feu sur eux. Pourtant, la tentation est grande et sans vouloir atteindre à leur intégrité, nous aimerions bien, au fond de nous-mêmes, un petit châtiment, une petite vengeance venue du ciel… Mais voilà, nous devons, au nom de notre amour du Christ, nous repentir de ces mauvaises pensées et demander au Seigneur de mettre une garde à notre bouche, à notre cœur.
Aimés passionnément de Dieu
Nous sommes tous aimés du Seigneur. Notre baptême nous fait devenir des compagnons de Jésus et des témoins de sa miséricorde, de son cœur transpercé par amour pour nous. Comment alors pourrions-nous pas demander la grâce d’être habités des mêmes sentiments que ceux du Christ ? Paul, dans la seconde lecture, nous invite à resserrer les liens qui nous unissent. Dieu nous veut tous à son service dans la différence de nos charismes.
Cheminer dans la perfection
Acceptons donc, pour marcher vers la perfection qu’il nous demande, d’entrer dans la reconnaissance de notre fragilité. Le Seigneur veut que nous soyons des hérauts de son Évangile et non des héros courant après une satisfaction éphémère. Agissons en cohérence avec ce que nous sommes au plus intime de nous-mêmes. Prions le Seigneur de nous aider à entendre, comme en écho de Sa Parole, des signes des temps, les appels à prendre sa suite comme nous sommes, tels que nous sommes. Dans cette connaissance et cette conscience intime, nous trouverons des angles sans doute à polir, à arrondir. Mais le Seigneur ne demande pas que nous soyons uniformes. En revanche, il réclame de nous que nous soyons davantage unis.
Travailler à l’unité du corps du Christ
Cette unité, qui est une des voies de la perfection, marque notre appartenance à la vie, au corps du Christ. L’amour que Dieu nous porte est premier. Manifester au monde cet amour est notre difficile et délicate responsabilité. Mais, lorsque nous célébrons sa vie, nous recevons la force pour être davantage unis. Puisse l’écoute de sa Parole, la célébration des sacrements, nous donner de goûter davantage à l’amour de Dieu. Nous pourrons ainsi partir, en plein monde, annoncer la joie que procure la proximité de Dieu.