Ce second dimanche de carême nous conduit sur la montagne avec Jésus. Avec Pierre, Jacques et Jean, nous sommes en compagnie de Jésus pour assister à sa Transfiguration. Cet évangile familier nous révèle que ce n’est pas simple de faire partie des proches de Jésus. Comme ses premiers disciples, nous avons toujours du mal à comprendre ce qu’il veut nous enseigner. Jésus, sur cette montagne, n’est pas venu impressionner, faire un coup d’éclat et ainsi montrer sa puissance. Il est venu à la rencontre de son Père en compagnie de ceux qui ont tracé la voie de Dieu dans le Premier Testament. Nous percevons ainsi que nous appartenons à une lignée, à une foule de témoins qui nous ont précédés.
Peuple de l’alliance avec Jésus
Nous ne sommes pas chrétiens tout seuls, isolés. Nous sommes des partenaires de la mission du Christ avec une multitude de femmes et d’hommes saisis par Lui. Cette assurance nous l’avons au cœur, tout comme nous aimons passionnément Jésus. Pour autant, cela ne nous empêche pas d’avoir des questionnements, comme Pierre dans notre évangile du second dimanche de carême. Il est avec Jésus, il est son proche, son intime, mais il ne comprend pas ce qu’il se passe. Alors que Jésus est placé dans l’intimité du Père, lui veut planter des tentes pour Élie et Moïse. Belle générosité, mais empreinte de maladresse.
Une générosité maladroite
Cela peut nous aider nous aussi à saisir que dans notre action, notre « faire » peut être une fuite, car notre tête refuse de comprendre ce que notre cœur saisit. Ainsi, comme Pierre, il faut éduquer notre intelligence pour qu’elle dialogue avec notre cœur. C’est difficile, mais si nous désirons vraiment être avec Jésus, c’est important d’œuvrer en ce sens. Nous pouvons ainsi entrer dans cette vocation d’Abraham que nous donne à contempler la première lecture. Dieu l’appelle à aller au-delà du connu, à accepter de s’aventurer en faisant confiance à Dieu.
Vers une terre promise
Ce n’est pas facile de quitter le connu, le confort, l’assurance de la terre familière pour entrer dans un appel en eau profonde. En quelque sorte, c’est l’appel que nous fait ce temps du carême. Nous recherchons davantage ce qui peut nous conduire à être avec Jésus. Non par héroïsme ou prouesse spirituelle, mais pour l’amour de cet homme. Ce lien intime que nous tâchons d’entretenir par la prière, la célébration des sacrements et le partage fraternel nous conduit à affermir notre chemin de vie et de foi. Ainsi le lien que nous cherchons à entretenir avec Jésus est une histoire personnelle. Pour autant, elle concerne toute la communauté. Pour preuve, le chemin entrepris par le Peuple de Dieu tel que nous le révèle l’Écriture.
Faire communauté
C’est une suite de témoins, de singularités qui ont fait, par des chemins variés, une rencontre fulgurante avec Dieu. Il leur a adressé un message personnel, mais à dimension universelle. Il est important de prendre conscience de ce lien que nous avons à tisser avec une communauté. Par cette appartenance, nous la construisons et elle nous construit. La foi se nourrit toujours d’un dialogue : d’un « je » qui rencontre un « nous ». C’est ce que nous entendons dans cette vocation d’Abraham. Dieu lui demande de quitter son pays pour faire de lui une grande nation.
Dieu ne nous appartient pas
Ainsi, il ne s’agit pas de garder Dieu pour Dieu, d’en faire une idole, façonnée à notre goût, à notre volonté. Ce serait faire fausse-route. Au contraire, dans notre compagnonnage avec Jésus, nous sommes invités à marcher sur les chemins de notre vie et à y rencontrer d’autres personnes. C’est la promesse de Dieu à Abraham, mais c’est aussi celle qu’il nous a faite lors de notre baptême et des autres sacrements. C’est toujours une personne singulière qui le reçoit, mais pour le service de la communauté. Le sacrement de l’Eucharistie manifeste ce lien par excellence puisqu’en le recevant nous sommes invités à bâtir davantage le corps du Christ. C’est un appel et une promesse.
Prendre la route avec Jésus
Il nous faut donc entendre au quotidien l’appel que Dieu fait à Abraham de se mettre en route. Nous savons que si nous prenons la Parole de Dieu au sérieux, notre vie pourra prendre le chemin qui nous conduira davantage vers le service désintéressé de l’autre. Aussi, il est important de continuer à fréquenter cette Parole de Dieu. C’est elle qui nous donne de discerner au cœur du monde les appels de Dieu à construire son Royaume et sa Justice. C’est cette Parole que nous entendons au cœur de la liturgie et qui vient nous interpeller. Elle est identique à celle entendue par Pierre, Jacques et Jean sur la montagne de la Transfiguration et qui nous dit tout l’amour que le Père porte au Christ.
Participer à l’amour de Dieu
Cet amour auquel Il a choisi de nous faire participer pour que sa joie soit complète. Ainsi, pour trouver notre joie au cœur de son monde, nous sommes invités à nous enraciner dans cette même Parole. Elle nous fait devenir des Ressuscités à la suite du Christ. Par la Parole d’amour révélée par le Père, nous poursuivons, sans crainte, notre amour pour ce monde et notre ambition d’être avec Jésus. C’est là l’objectif de notre chemin de foi, c’est là l’enjeu de toute notre vie avec Jésus. Pour autant, nos pas sont lourds, la terre de l’épaisseur de notre vie colle à nos talons. Nous sommes ces glaiseux des premières pages de l’Écriture. Mais, ne nous laissons pas entraîner à la désespérance quant à nos fragiles avancées.
La Parole pour appui
Enracinons-nous dans la Parole, dans le cœur de Jésus miséricordieux. Dans cette contemplation qui nourrit notre action, nous trouvons l’élan pour devenir davantage disciples de Jésus. Gardons confiance, car c’est Dieu qui le premier nous a appelés pour être avec Jésus. Puisse la Parole de Dieu qui révèle la tendresse du Père pour Jésus nous accompagner tout au long de cette semaine. En la méditant, nous apprendrons davantage de quel amour le Seigneur nous aime. Nous pouvons également reprendre cette strophe de l’hymne de carême : Seigneur quand ton peuple assoiffé, pour entrer plus profondément dans cet Évangile de la Transfiguration : « Jésus, ta parole est pour nous la source de vie éternelle. Tu nous dis que Dieu est Amour et tu nous promets la lumière et la paix si nous croyons en ce Dieu qui nous aime. ».