Nous célébrons les Rameaux et la passion du Christ ce jour. Cette célébration est comme le signe de notre dualité, comme l’est aussi celle de ses contemporains. Jésus est acclamé à Jérusalem, attendu et accueilli comme un libérateur par une foule exaltée. C’est cette même foule qui criera devant Pilate : « Crucifie-le ». Cette fête célébrée aujourd’hui nous place devant le paradoxe de notre humanité et de notre foi.
Le signe de l’amour de Dieu
Nous sommes attachés à Jésus, nous voulons devenir ses amis, ses compagnons, ses disciples. Son fol amour pour nous, est un idéal de vie et d’action. Mais, notre fragilité, notre faillibilité, notre faiblesse nous conduisent à nous préférer à l’amour du Christ. Est-ce là le signe de notre incapacité à le suivre ? Notre désir est-il impossible à réaliser alors ? Sommes-nous sourds à ces appels qu’il ne cesse de nous adresser ? Chacun répondra dans son for intérieur à ces questions. Mais, ce qui est plus important que ces incapacités c’est la capacité de Dieu à nous aimer.
La disponibilité du Christ
Au cœur de ces temps d’épreuves, le Christ demeure disponible pour poursuivre la mission confiée par le Père. Il ne dévie pas de son souci de témoigner de l’Amour de Dieu pour chacun d’entre nous. Là est son seul souci, signe que là est son essentiel, le cœur de sa vie au cœur de ce monde. Pourtant, nous continuons de faire mémoire de cette entrée solennelle à Jérusalem et de sa mort sur la croix. Ce n’est pas un signe de perversité de notre part, mais un signe que ce sont des événements fondateurs de notre foi. Toutefois, ne réduisons pas cette dernière à ces deux événements. Ils conduisent à ce que nous célébrons dimanche prochain : la Résurrection du Christ.
Suivre le Christ dans sa passion
Le chemin des Rameaux le conduit à Jérusalem, sur le mont des Oliviers. Signe de son consentement à réaliser la volonté du Père. « À cause de son amour pour l’humanité, afin d’élever la nature humaine au-dessus de la terre, de gloire en gloire, et de l’emporter avec lui dans les hauteurs » comme le dit saint André de Crète. Dans cette passion, même s’il est seul à la subir, le Christ veut nous emmener avec Lui. Il prend avec lui toute l’humanité pour la conduire sur le chemin du plus grand amour : donner sa vie pour la multitude des femmes et des hommes. Il nous invite à cheminer aussi sur les routes humaines et à dépasser ce qui est gratification et louange.
Devenir signe de l’amour de Dieu
Ce qui importe c’est de pouvoir, à la suite du Christ, être signe de son amour pour les femmes et les hommes de ce temps. Cette invitation nous avons à la vivre à la manière du Christ : avec douceur, humilité et miséricorde. Il ne s’agit pas de forcer les femmes et les hommes de ce temps à croire, à suivre le Christ. C’est dans un témoignage quotidien, par une manière de procéder, d’agir que nous pourrons être signe du fol amour de Dieu. Il ne nous est pas demandé de suivre le chemin de sa passion, mais d’être des femmes et des hommes passionnés par l’Évangile du Christ. C’est une mission difficile qui demande de nous centrer davantage sur l’agir du Christ que sur nos propres forces.
Développer une proximité avec le Christ
Nous pouvons entendre comme une invitation à être davantage comme le Christ les premiers mots de la première lecture de ce dimanche : « Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples, pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé ». En son nom, soyons attentifs aux plus fragiles, à ceux que la vie malmène et fatigue. Ce n’est pas forcément par un agir que nous serons signe de la tendresse de Dieu, mais par une proximité. Les gens venaient rencontrer le Christ souvent pour guérir, mais surtout parce qu’ils avaient besoin d’être écoutés.
Prendre le temps de l’écoute
Combien de fois nous n’écoutons pas ce que l’autre nous dit ! Nous passons à côté des autres sans les voir, nous les entendons, mais ne les écoutons pas. Nous sommes si souvent pressés que nous ne prenons pas le temps de nous asseoir pour prêter une oreille attentive, pour poser un geste, une parole affectueuse envers celui qui est en détresse.
Devenir signe de la proximité de Dieu
Devenir des disciples du Christ, c’est marcher ensemble avec les femmes et les hommes de ce temps. C’est prendre le temps de cheminer et ainsi être signe de la tendresse de Dieu pour chacun de nous. Le Seigneur est présent au cœur de nos vies, de nos détresses comme le souligne le psaume 21 (22) que nous entendons ce dimanche des Rameaux. La persécution, la peine, la détresse… peuvent nous déstabiliser, mais le Christ sera toujours présent au cœur de nos vies.
Un silence assourdissant
L’Amour du Père a toujours le dernier mot, car l’Esprit a été versé en nos cœurs (Rm 5,5). C’est sans nul doute ce qui a fait tenir le Christ dans les souffrances endurées lors de sa passion. Aux violences, à l’humiliation de la couronne d’épines et du manteau rouge, le Christ répond par le silence. Un silence assourdissant, pesant, qui renvoie ses accusateurs à leurs gestes. Ainsi, il nous invite à comprendre que la non-violence est une réponse à la brutalité, à la barbarie et à la guerre.
Suivre le Christ dans sa passion
Aussi, tâchons de contempler l’agir du Christ tout au long de cette semaine sainte. Il prononcera diverses paroles, posera tel ou tel signe. Soyons attentifs aux mouvements de notre cœur, à ce que l’Esprit nous comme motions intérieures. Ne soyons pas des simples spectateurs de cette passion, de ce chemin qui conduit le Christ à la croix. Prenons le temps, dans notre prière, de nous laisser rejoindre par telle ou telle chose, telle ou telle parole, tels ou tels signes que nous révèle la liturgie. Nos sens peuvent nous faire comprendre la manière la plus juste dont chacun d’entre nous est invité à suivre le Christ de plus près. Ces signes sont à rechercher dans la liturgie de ces jours saints, mais aussi dans le quotidien des jours.
Sur les routes humaines
Souvenons-nous que Jésus était plus souvent sur les chemins que dans les temples et synagogues. Ces lieux de rassemblement sont là pour fédérer la communauté. Toutefois, cette dernière est invitée à annoncer le Christ par toute la vie de ses membres. Suivre le Christ dans sa passion, c’est lui apporter aussi les souffrances des femmes et des hommes de ce temps qu’il récapitule sur la croix.
Prions donc le Seigneur de nous donner la grâce de le suivre avec recueillement, sagesse et fidélité tout au long de cette semaine sainte.