Ce 2e dimanche de Pâques nous nous souvenons de la miséricorde de Dieu. Ce fol amour de Dieu manifesté au matin de Pâques nous fait cheminer dans la lumière du Ressuscité. La miséricorde de Dieu c’est le cœur même de Dieu, le siège de ses sentiments pour toute la création et donc pour chacun et chacune d’entre nous. La miséricorde de Dieu c’est la décision des trois personnes divines d’envoyer le Fils pour nous montrer l’étendue infinie de leur Amour. C’est dans cette alliance définitive que nous avons été replongés lors de la vigile pascale.
La liturgie nous conduit à vivre la miséricorde de Dieu
Dieu ne cesse de nous redire son amour pour nous et la liturgie, que nous célébrons, nous le fait connaître de manière sensible. Ainsi, nous n’avons pas d’autres accès au Seigneur que par la manifestation, la découverte de la tendresse, de l’amour, de l’attention désintéressée de l’autre. Dieu ne cesse de vouloir nous faire croître pour que nous entrions davantage dans l’accomplissement de son projet d’amour pour nous. Il nous invite, par sa miséricorde, à bâtir son Royaume au cœur de notre société, par ce que nous sommes.
Va vers mes frères
Qu’importent nos imperfections, nos ruptures d’alliances, nos renoncements, en d’autres termes notre péché. Dieu va au-delà de notre incapacité à aimer. Il nous manifeste sa miséricorde, son fol amour pour que nous partions aux carrefours du monde témoigner de la joie de le connaître. C’est d’ailleurs le message que nous avons entendu dans l’Évangile de Pâques : « Va vers mes frères ». Cet envoi en mission ne peut se vivre que si nous sommes habités de la miséricorde de Dieu, de son Esprit saint qui nous donne d’avancer malgré tout.
Unis par la miséricorde du Père
Dans la première lecture, nous avons une vision idyllique de la première Eglise. Tous étaient unis, assidus à la prière, aimés de tous. Beaucoup de personnes venaient vers les apôtres. Qui ne souhaiterait pas vivre et célébrer dans une telle assemblée ? Nous pouvons tout faire pour y tendre. Pour autant, cela ne signifie pas renoncer à nos singularités. Nous avons plutôt à les mettre au service de l’ensemble dans cette vision polyédrique si chère au pape François. De cette unité, dans la diversité, nous pourrons bâtir davantage une « Église en sortie, une communauté de disciples missionnaires qui prennent l’initiative et qui s’impliquent pour annoncer l’Évangile de la paix et de la miséricorde ».
Alliance et renaissance
Pour cela, il faut accepter de se laisser bousculer dans nos certitudes par l’Esprit saint, apprendre à faire confiance et oser innover. Nous sommes parfois frileux, comme les apôtres au Cénacle, emmurés dans nos peurs. Mais le Seigneur vient frapper à notre porte, sa miséricorde vient nous offrir une re-naissance, une réconciliation pour que nous entrions dans son chemin d’alliance. Voilà la nouveauté de Pâques à laquelle nous communions depuis dimanche dernier. Dieu nous a ouvert le tombeau de son Fils pour que nos propres tombeaux intérieurs s’ouvrent à sa lumineuse miséricorde. Il n’y a pas de morts que le Seigneur ne puisse ressusciter. Soyons confiants à l’égard de sa puissance salvatrice de vie. Ainsi, nous pouvons prendre la main que le Père nous tend et nous confier à la force de sa miséricorde.
Un corps pour la mission
Nous formerons ainsi une cordée de femmes et d’hommes pétris et éblouis de l’Évangile. La force de ce corps que nous formons ainsi tient dans la puissance de l’Eucharistie. Réunis à la table du Seigneur, nous formons son corps en reconnaissant que sa Parole nous féconde et nous structure. C’est cette dernière qui nous conduit à tenir bon dans l’espérance, comme Paul nous le dit dans la seconde lecture.
Cette espérance est le cœur de notre vie chrétienne, elle est le message que le Christ est venu apporter tout au long de son ministère public. Ce n’est pas une dimension évidente à vivre tant ce que nous vivons, nos préoccupations, l’état du monde, les questions de santé, le quotidien… peuvent peser.
Mais, souvenons-nous de ce matin de Pâques, de cette lumière qui a jailli dans l’obscurité, de la victoire du Christ sur les ténèbres. C’est dans cette assurance, dans ce renouvellement de nos promesses baptismales que nous vivons, comme chrétiens. Nous avons donc à nous placer sous le régime de la grâce pour que la douce miséricorde du Seigneur nous transforme.
Conversion et miséricorde
Célébrer la miséricorde de Dieu c’est avancer sur le chemin de la conversion. C’est poursuivre notre pèlerinage sur la terre et ainsi tout mettre en œuvre pour vivre l’Évangile en plein monde. Il s’agit bien sûr de compter pleinement sur la miséricorde de Dieu, sur sa puissance de vie et le secours de sa grâce et, en même temps, de nous mettre pleinement à l’action. Nos vies, depuis Pâques, sont renouvelées, plongées à nouveau dans le mystère pascal. Ainsi, nous avons à devenir puissance de vie et de transformation pour nos contemporains. C’est en mettant notre vie dans cette dynamique que nous pourrons devenir ces disciples-missionnaires au cœur brûlant du feu pascal.
Se laisser renouveler par l’amour de Dieu
Mais, pour nous laisser renouveler par ce fol amour de Dieu, nous avons à prendre du temps avec lui. C’est dans une profonde amitié, c’est dans une affectueuse intimité, dans un cœur à cœur avec le Seigneur que nous serons ses fidèles témoins. Ne négligeons pas la prière qui est ce temps partagé, cette pause salutaire dans les rythmes parfois effrénés de nos journées. Par cette prière, nous entendrons le Seigneur susurrer à l’oreille de notre cœur sa douce miséricorde. Nous pourrons aussi discerner davantage les appels à son service qu’il nous fait. C’est à chacun d’entre nous de trouver son rythme, sa manière de prier.
Prière et mission
Notre relation au Père est singulière, mais nous avons besoin de ce lien intime pour reprendre souffle. Demandons donc à l’Esprit qu’Il souffle sur nous, comme sur les apôtres dans l’Évangile de ce dimanche. Qu’Il vienne renouveler en nos cœurs notre besoin d’union au Père. Ainsi, nous pourrons nous laisser rejoindre par la miséricorde de Dieu. Entrons donc avec pleine assurance dans la dynamique pascale pour « accueillir la joie de la gloire qui nous est donnée et rendre grâce à Dieu qui nous a appelés au royaume des Cieux » (4 Esd 2, 36-37).