Nous célébrons ce dimanche la Pentecôte. Nous accueillons l’Esprit dans notre cœur pour qu’il fasse en nous toutes choses nouvelles. Cinquante jours ce sont passés depuis la fête de Pâques. Durant ce temps qui nous a séparés de la Pentecôte, nous avons reconnu le Ressuscité dans ses rencontres. Il s’est manifesté à ses disciples pour témoigner de la vie en abondance à laquelle Dieu nous appelle. Cet Esprit de Pentecôte que nous célébrons ce dimanche nous l’avons reçu lors de notre baptême. Depuis lors, nous sommes plongés dans le nom du Père, du Fils, de l’Esprit.
Chercher l’Esprit dans nos vies
Alors, pourquoi avoir besoin de nouveau de l’Esprit saint ? Une fois encore, ne « chosifions » pas les choses. L’année liturgique est organisée pour nous aider dans notre chemin de foi. Elle est mystagogique, mais pas systématiquement performative. Célébrer la Pentecôte ces jours-ci c’est se souvenir, rendre présent l’Esprit dans nos vies. Dieu ne cesse de désirer habiter en nous pour que nous demeurions en Lui. Pour cela nous avons besoin du souffle de son Esprit qui donne vie, qui donne chair, qui donne corps à notre quotidien. L’Esprit nous aide à rassembler nos vies dans une cohérence d’actions, mais aussi à discerner ce qui nous sépare de la plénitude de l’amour de Dieu.
À l’écoute des appels de l’Esprit
Accueillir l’Amour de Dieu, l’Esprit du Père et Fils c’est entendre l’appel que le Seigneur nous fait dans la première lecture. Il s’agit de parler aux femmes et aux hommes de ce temps dans leur langue. Aujourd’hui, nous reconnaissons que la langue du Christ n’est pas toujours bien entendue. Beaucoup ne le connaissent pas parce que nous ne savons pas leur parler de cet Homme qui transforme la vie des autres. S’appuyer sur l’Esprit c’est donc chercher comment les rejoindre, comment éviter notre patois de Canaan, ces formules parfois obscures apprises dans notre catéchisme.
Chercher l’eau vive
Notre cœur nous fait savoir que ces hommes, ces femmes rencontrées ont une soif intérieure. Telle la Samaritaine, ils cherchent un endroit où puiser une eau qui abreuve, irrigue, désaltère. Si nous accueillons l’Esprit dans nos vies, nous serons alors capables d’entrer dans une recherche de ces lieux. Ils ne sont pas une fin en soi, mais donnent un élan nécessaire pour témoigner du Christ sur les routes des femmes et des hommes de ce temps. Il ne s’agit pas là de prosélytisme, mais de témoignage. C’est peut-être ainsi que la langue de Dieu, qui se dit par nos vies, sera entendue par les femmes et les hommes de ce temps.
Bâtissons l’Église ensemble
S’appuyer sur l’Esprit pour témoigner du Christ est notre responsabilité de baptisés, mais nous sommes parfois incapables de reconnaître cet appel. Souvenons-nous que c’est ensemble que nous sommes appelés. Le baptême nous a fait devenir membres de l’Église du Christ, ce peuple en chemin qui pérégrine à la rencontre du Seigneur. Gardons donc confiance en ce Dieu que nous rejoignons depuis ce premier sacrement. Il ne nous abandonne pas, et nous fait confiance pour bâtir son Église, cette assemblée de témoins. C’est d’ailleurs cette Église, notre assemblée de croyants que l’Esprit vient consolider lors de cette fête de la Pentecôte. Une Église qui veut s’adresser à tous, qui désire rejoindre chaque homme, chaque femme pour leur apporter l’amour du Christ.
Entraînés dans l’Amour de Dieu
Notre message est Celui du Ressuscité qui a vaincu les ténèbres au matin de Pâques. Ce n’est pas une victoire, une conquête militaire. Les légions d’anges de saint Michel ne sont pas entrées dans un combat sanglant. C’est la victoire de la surabondance de l’Amour du Père. « Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »
Signe de l’alliance
Voilà l’essentiel de notre foi, de l’alliance du Christ avec tous les hommes et les femmes de ce temps. Nous avons à être signes de cet amour, à montrer le sens que prend notre vie en compagnie de Jésus. C’est ainsi que le fol amour de Dieu pourra pénétrer dans les cœurs des femmes et des hommes de ce temps. L’antienne de l’Évangile de ce dimanche de Pentecôte ne nous dit pas autre chose : « Viens, Esprit saint !Emplis le cœur de tes fidèles ! Allume en eux le feu de ton amour ! »
L’Esprit nous aide à devenir disponibles
Accueillir l’Esprit saint, célébrer la Pentecôte c’est demander la grâce d’un cœur disponible. Nos propres capacités, nos propres forces, nos idées… sont utiles pour faire avancer le Royaume et sa justice. Pour autant, nous avons besoin de la force de l’Esprit pour entendre, discerner, ajuster ces idées. Si nous voulons que l’Esprit œuvre, par nos vies, dans le monde, nous devons le mettre dans toutes nos rencontres. Il ne s’agit pas de l’invoquer tels un esprit magique ou le génie de la lampe d’Aladin. L’Esprit est en nous, au cœur de nos vies, mais ne s’impose pas. C’est ce commencement d’une fin de silence, le murmure dont nous parle le livre des Rois (1 R 19, 12). Pour l’entendre et l’accueillir au cœur de nos vies, il est nécessaire de faire silence.
Faire silence
Le bruit de nos pensées, des plans et autres désirs que nous aimerions mettre en place peut nuire à la douceur de l’Esprit de Dieu. Nous avons donc à apprendre à faire silence pour laisser la douceur de l’Esprit cheminer en nous. Laissons-le faire. Sentons-nous pleinement libres de le laisser guider notre chemin à la rencontre des femmes et des hommes de ce temps. Nous serons surpris du dynamisme que l’Esprit met en nos cœurs et des fruits que la Parole de Dieu porte par nos vies.
Parler le langage de ce monde
Cette fête de la Pentecôte est la fête de la vie, de l’enthousiasme qui naît de la liberté de l’Amour de Dieu. Entrons donc avec légèreté. Puissions-nous, grâce à l’Esprit, trouver les moyens de parler le langage des hommes et femmes de ce temps. Que notre prière rejoigne celle de l’Église en ce jour de la Pentecôte où l’Esprit nous sanctifie. Que ses dons, répandus sur l’immensité du monde, nous donnent de l’annoncer par toute notre vie et surtout de vivre son Évangile en plein monde.