Le dialogue nourrit et féconde notre foi


Méditations au coeur du monde, Temps liturgiques / vendredi, août 18th, 2023
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Quelle est notre mission ? Vers qui sommes-nous envoyés ? Ces questions nous nous les posons au fil des lectures de ce 20e dimanche ordinaire. Le dialogue entre Jésus et la Cananéenne, dans l’Évangile de ce 20e dimanche, a de quoi nous surprendre. Qu’arrive-t-il donc à Jésus pour qu’il se mette à rejeter cette Cananéenne qui cherche, en lui, le fils de David ? Cette femme le supplie. Elle crie sa souffrance et sa foi qui lui donne d’attester que c’est le Christ qui sauve. Il semble que la foi de la Cananéenne n’a d’égale que l’amour pour sa fille « tourmentée par un démon ».

De la surdité au dialogue

Mais, Jésus fait la sourde oreille. Il reste centré sur sa mission d’annoncer la Bonne Nouvelle aux Juifs. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Les disciples, eux, ne comprennent pas cette spécificité mais sont agacés par les supplications de cette femme. Alors, Jésus entre en dialogue avec cette femme. C’est ce dialogue qui ouvre Jésus à une mission plus grande. C’est en cherchant à comprendre cette foi, ce désir de rencontre avec le « Fils de David » que Jésus découvre une nouvelle facette de sa mission.

De la conversation à la conversion

Le dialogue ouvre un nouvel horizon qui permet à Jésus de continuer à faire le bien, même aux périphéries. Ce passage de l’Évangile est une invitation à relire tous ces dialogues, en vérité, que nous établissons les uns avec les autres. Des dialogues, des partages de qualité, non des papotages pour occuper le temps. Nos conversations peuvent nous conduire à la conversion pour la mission. Comme c’est le cas ce dimanche dans l’Évangile.

Faire de nos dialogues, des lieux de discernement

Ainsi, il paraît important de dresser l’oreille de notre cœur dans tout ce que nous disons les uns aux autres pour y discerner l’appel à la mission. C’est bien dans une qualité de dialogue confiant et vrai que nous pouvons être ces disciples-missionnaires. Parfois, cet appel à la mission peut-être surprenant. Nous ne nous attendons pas à entendre une invitation à quitter nos assurances pour entrer dans une conviction qui à la fois nous appelle et nous dépasse.

Proches de Jésus

Mais, si cette mission nous conduit à être témoins du Christ dans et par toute notre vie, c’est qu’elle a du sens. Ce qui importe c’est la qualité de notre témoignage — même silencieux — plus que la « foultitude » de nos actions et autres activités. Nous ne sommes pas ce que nous faisons mais ce que nous faisons peut nous façonner, nous révéler ce que nous sommes. Ainsi, cette proximité de Jésus avec la Cananéenne lui fait découvrir une nouvelle dimension de sa mission. Voilà ce qui importe. Que nous soyons « chiens » ou « brebis », Jésus nous rejoint, pour que nous tâchions de nous faire proches de lui.

Un dialogue proche et aimant avec Jésus

C’est bien dans la proximité avec Jésus, dans ce dialogue aimant et confiant, que vient se révéler sa miséricorde pour chacun d’entre nous. Ce qui est essentiel dans notre vie de foi c’est de chercher toujours davantage le compagnonnage avec Jésus. Il est cette boussole qui doit guider notre vie. Jésus est notre maître et ami qui nous donne de nous approcher, dans le dynamisme de l’Esprit, vers le père. Dans cette proximité avec le fils de David, dans nos dialogues confiants avec le Christ, nous cultivons et approfondissons l’Alliance. C’est elle qui nous fait expérimenter et vivre cette charité dont nous parle la prière d’ouverture de ce 20e dimanche du temps ordinaire.

Serviteurs de la mission du Christ

Partir à la rencontre des femmes et des hommes de ce temps, se laisser convertir par tous ces dialogues entrepris nous permet de découvrir le Christ qui se dit au cœur du temps. Toutefois, il nous faut entrer dans une forme de dépossession de notre vision de la mission pour vivre pleinement ces dialogues. La mission n’est pas le but de nos rencontres. Nous n’entrons pas en relation avec les femmes et les hommes de ce temps pour les convertir, les amener à Jésus. La foi ce n’est pas du marketing. Nous communions à la vie des personnes, nous entrons en dialogue avec elles parce que nous les aimons au nom du Christ. Si nous arrivons à vivre dans cette dynamique, nous avons réussi notre vie.

Faire sens

Souvenons-nous que notre mission n’est pas de faire nombre mais de faire sens. Il y a de la place pour tout le monde dans la Maison du Père, même pour ceux qui se sentent exclus. Donc, nous ne sommes pas limités dans notre générosité. L’Amour que le Christ nous porte et que nous sommes invités à porter au monde, aux femmes et aux hommes de notre temps est de l’ordre de la surabondance. N’oublions jamais cette vérité de foi.

Partir en mission

Donc, partons en mission sur les routes du monde. Rencontrons nos frères et sœurs en humanité. Établissons avec eux des liens d’amitié, de fraternité. C’est ainsi en vivant cette humanité commune que nous pourrons bâtir le Royaume. Vivre du Christ, vivre avec le Christ est de l’ordre de cet « Allez » que nous entendons à la fin de la messe. Il est ce mouvement de la marche vers la plénitude du monde. Il est le champ de blé que le Seigneur nous donne à moissonner. Ainsi, nos vies pourront devenir « moulues, broyées »(cf Ignace d’Antioche) par la rencontre fraternelle, ce pain qui nourrit les femmes et les hommes de ce temps. Il importe peu d’ailleurs que ce pain en soit des miettes ou des miches.

Pain de vie pour un monde nouveau

Ce qui est essentiel est qu’il puisse être partagé pour nourrir ceux qui ont besoin du pain de vie. Dans ce pain, nous reconnaissons la vie que le Christ nous donne dans chaque Eucharistie. Ce temps où il se fait dialogue avec son peuple pour que nous recevions de lui « la vie, l’espérance et l’être ». L’Eucharistie est ce lieu qui nous aide à faire de nos vies une « Maison de prière pour tous les peuples ».

Resplendir de la joie de Dieu

Dans ces dialogues, dans ces partages en vérité que nous avons les uns avec les autres nous recevons la vie de nos contemporains. Il nous revient de les porter, dans notre prière, et de les présenter au Christ « en vivante offrande à la louange de sa gloire ». Alors, marchons joyeusement, avec légèreté sur le chemin du Christ. Demandons donc la grâce d’entrer dans un dialogue vrai et fécond avec nos frères et sœurs en humanité. Ainsi, nos visages resplendiront de la joie et de l’amour que Dieu porte à chacun et chacune d’entre nous.