Ce 21e dimanche du temps ordinaire, nous entendons la vocation de Pierre dans l’Évangile. Jésus lui dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. » La vocation de Pierre est de faire la volonté du Christ, de servir la mission de Dieu. Il n’est pas là pour faire sa volonté, son ordre de bataille, pour satisfaire son ego. Ce qui est important dans cette phrase c’est le pronom personnel « mon ».
De « mon » Église à l’Église du Christ
Trop souvent, nous vivons notre mission en Église comme quelque chose de personnel. Nous voulons bien faire, œuvrer selon nos vues, mais c’est bien l’Église du Christ qu’il nous faut bâtir. Cela demande donc de faire preuve d’humilité et d’obéissance dans notre vocation chrétienne.
Entrer dans la vocation de Pierre
Cette vocation de Pierre n’est pas une ambition de ce dernier. Il n’a jamais revendiqué de prendre la suite du Christ pour bâtir l’Église. D’ailleurs, en matière de recrutement, Jésus n’est pas le meilleur DRH. Pierre n’est pas celui qui est le plus fiable, ni celui qui manifeste le plus d’affection à Jésus. Jean ferait un meilleur candidat ! Mais, le Christ a choisi Pierre car le Père lui a révélé son identité profonde.
Suivre le Christ
Donc, ce qui compte le plus, pour suivre Jésus, c’est la capacité à faire écho à la parole du Père. Bien sûr qu’il faut aimer Dieu, lui être fidèle, mais ce qui est essentiel c’est d’écouter et de mettre en pratique sa Parole (cf. Dt 30, 14). Parfois, comme Pierre, nous renonçons, nous renions, nous trahissons le Christ. Pour autant, notre vocation n’est pas remise en cause. Ce qui importe ce n’est pas tant la chute que notre capacité à nous relever. Sinon, la vocation de Pierre n’aurait aucun sens.
Pierre : un contre-exemple ?
Dans la cour du prétoire, il refuse de reconnaître Jésus, n’est pas là à la croix et surtout n’est pas le plus adroit, ni le plus futé des apôtres. Qu’importe, c’est lui que le Christ choisit pour poursuivre son œuvre et conduire la barque de son Église. Nous pouvons allégrement nous retrouver dans l’exemple de Pierre. Même si nous ne conduisons pas le chantier de construction du Royaume, nous en sommes des acteurs.
La conversion de Pierre
Ce qui importe chez Pierre c’est sa capacité à se laisser convertir. Son zèle apostolique développe l’annonce de l’Évangile parmi les juifs. Ses désaccords avec Paul nous font comprendre que le débat peut exister dans l’Église. L’autorité ce n’est pas la dictature. Pierre n’est pas la pierre de fondation de l’Église, il en est le prolongateur.
Le Christ pierre de fondation
La première pierre c’est le Christ et c’est sur celle-ci que l’Église est fondée. Cette certitude n’est pas là pour dénoncer ou atténuer le service de Pierre et de ses successeurs. Elle aide simplement à bien mettre en perspective sa mission, et la nôtre à Sa suite. Donc, dans cette vocation de Pierre nous pouvons aussi retrouver la nôtre.
La fragilité de Pierre est une bonne nouvelle
Sa fragilité est une bonne nouvelle qui nous donne de compter davantage sur le Christ que sur nos propres forces. Ce qui ne nous dispense pas de nous mettre pleinement à l’action au service de la mission du Christ.
Le pouvoir des clefs
Pierre est le préfigurateur de l’annonce de l’Évangile. Le pouvoir des clefs que lui remet Jésus est lourd de signification. C’est une lourde responsabilité. Peut-être qu’il nous faut comprendre que Pierre a le pouvoir de fermer les portes de l’Église à ce qui pourrait corrompre l’annonce de l’Évangile.
La question du mal
Alors pourquoi le mal existe encore si Pierre reçoit cette charge de la protéger de la corruption ? Peut-être est-ce parce que ces portes, que nous sommes, sont poreuses. Notre conversion n’est pas encore accomplie. Nous nous laissons embarquer dans des manières d’agir qui contredisent le message de Jésus.
Dans la barque de Pierre
Pierre ne peut pas tout faire seul. Il est à la tête de la barque, mais nous sommes nous aussi dedans. Non comme des passagers clandestins ou des touristes se laissant bercer par les flots. Nous appartenons à l’équipage de l’Église. Il est donc de notre responsabilité de la conduire à bon port, malgré les tempêtes, le gros temps et les avaries de la navigation. Ainsi nous aiderons celui qui a les pouvoirs des clefs à en user d’une manière qui est bénéfique pour le corps entier de l’Église.
Aimer l’Église
Cette Église, si nous voulons la faire vivre et qu’elle propage la Bonne Nouvelle aux limites du monde (psaume 18A(19)), nous avons à l’aimer. C’est de l’ordre à la fois d’une décision personnelle, mais également d’une grâce à demander. Aimer l’Église ce n’est pas être aveugle et user de la méthode Coué. Il s’agit d’être lucide sur ses fragilités, nos fragilités et tout ce qui amène à faire prendre l’eau à la barque de Pierre.
Participer à la consolidation de l’Église
Il y a parfois de quoi se lamenter et vouloir quitter la barque, mais c’est davantage constructif de participer à sa consolidation. Jésus nous dit dans l’Évangile de ce dimanche que les forces du mal ne pourront pas détruire l’Église. Même si nous avons l’impression qu’elles rôdent et entament sa crédibilité, gardons confiance.
Édifier l’Église du Christ
Dans cette vocation de Pierre, cette confession de Césarée, ce n’est pas notre Église, telle une idole, que Pierre est chargé d’édifier. C’est l’Église du Christ. Gardons au cœur cet essentiel qui nous donne de prendre du recul pour participer à ce chantier de construction. Cette Église est perfectible car confiée à des personnes perfectibles, mais elle est d’intuition divine. Cette certitude doit animer notre foi et nous aider à demander la grâce d’une plus grande conversion.
Pierre, une figure réconfortante
La figure de Pierre peut nous rassurer. L’Écriture et l’histoire de l’Église regorgent d’imparfaits, de cœurs lents à croire et de nuques raides. Pourtant ils ont accompli de belles choses, fidèles à l’esprit de l’Évangile. Alors gardons courage et entrons dans l’action de grâce pour le choix de Pierre fait par Jésus. Il nous encourage à résister aux sirènes du malin et à nous engager à faire nôtres les mots de la prière d’ouverture de ce 21e dimanche : « Seigneur Dieu, toi qui unis les cœurs des fidèles dans une seule volonté : donne à ton peuple d’aimer ce que tu commandes et de désirer ce que tu promets, pour qu’au milieu des changements de ce monde, nos cœurs s’établissent fermement là où se trouvent les vraies joies. »
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