Les textes de ce 30^e dimanche du temps ordinaire nous demandent d’accueillir les autres. Si nous écoutons la parole de Dieu et tâchons de la mettre en pratique, nous avons la responsabilité d’accueillir l’autre, même (et surtout) s’il n’est pas un proche. Mais, il est mon prochain. Dans l’Évangile, nous constatons une fois de plus la perversité de certains interlocuteurs de Jésus. Sous des allures mièvres et respectueuses, ils cherchent à piéger Jésus. Chez eux, accueillir n’est pas une seconde nature, ou alors ils accueillent uniquement ceux qui sont à leur ressemblance.

Accueillir c’est bâtir le vivre ensemble

Respecter le droit, la justice c’est important, c’est la meilleure manière pour vivre en société. Accueillir la loi, en faire un guide pour le quotidien c’est une bonne chose, mais il ne s’agit pas de la tordre. La première lecture invite au vivre ensemble, au respect des uns et des autres. Alors, que nous entendons des discours de rejet de l’autre, cause de nombreuses guerres, la Parole nous invite à les accueillir.

Nous sommes tous des étrangers

Les premiers mots de ce passage de l’Exode, entendus ce 30ᵉ dimanche, sont un rappel de ce principe essentiel. Ils nous replacent au cœur de ce que nous sommes, de la réalité de notre humanité. Tous et toutes nous sommes des étrangers. Aujourd’hui, nous pouvons peut-être avoir une terre, être à cet endroit depuis longtemps. Certes, mais c’est le fruit d’une histoire plus ou moins proche. Nul ne peut se vanter d’avoir des origines « pures ». Donc, puisque nous sommes « tous des étrangers », nous avons à nous accueillir mutuellement. Ainsi, nous deviendrons ce que le Seigneur nous fait devenir : « un peuple ardent à faire le bien » (2, Tt 14).

Accueillir et devenir disciples-missionnaires

C’est cette manière de nous accueillir qui nous permet d’être témoins, disciples-missionnaires du Christ. Sans cette capacité, nous sommes infidèles à notre baptême. Ce dernier qui nous incorpore dans le peuple de Dieu pour construire ici et maintenant son Royaume et sa justice. Être accueillant, c’est être juste et faire respecter les règles avec la charité pour principe. Elle doit être au-dessus de tout. N’oublions pas cet impératif sinon nous nous transformerons en ces personnes aigries tels ces docteurs de la loi de l’Évangile de ce 30e dimanche ordinaire.

Au-delà de la loi

Ce qui peut nous étonner c’est l’attitude de Jésus à leur égard. Il ne refuse pas de dialoguer avec eux, ni de les accueillir tels qu’ils sont. Jésus connaît leur perversité, leur dureté de cœur. Pourtant, Il ne les conspue pas. Jésus les invite à aller plus loin que le respect strict de la loi. Oui, aimer Dieu, accueillir sa miséricorde dans notre vie est essentiel. Pour autant, si nous nous contentons de l’aimer sans regarder avec amour sa création, et particulièrement l’humanité, nous passons à côté d’un essentiel.

Accueillir et se supporter

L’exigence d’amour qui est au cœur de l’Évangile de ce dimanche nous invite à nous supporter pour supporter les autres. Notre action ne doit pas être « une bonne action », comme une case que nous cocherions parce qu’il faut le faire. Jésus nous demande d’aimer l’autre comme Lui nous aime. C’est peut-être le plus difficile. Il s’agit de s’accueillir soi-même avec ses défauts, ses qualités, mais aussi ses talents. C’est quelque chose qui n’est pas facile, car cela peut vite conduire à du narcissisme. Mais, ce n’est pas ce que nous demande Jésus.

Le cercle vertueux de l’Amour

Nous sommes invités à articuler l’amour de soi, l’amour de l’autre et l’amour de Dieu. Jésus nous conduit à saisir que l’Amour de Dieu est à l’origine de l’ensemble de ce et de ceux que l’on aime. Il nous demande d’accueillir son Amour pour le répandre par toute la terre. Reconnaître que Dieu nous aime gratuitement, avec nos forces, nos faiblesses demande de notre part une conversion.

Bâtir la fraternité

Accueillir le fol amour de Dieu c’est comprendre qu’Il ne peut pas être l’otage de comportements qui nuisent aux autres. Justifier un combat au nom de Dieu c’est le faire mentir. Aussi, agir et penser ainsi conduit à refuser que Dieu n’est qu’amour. C’est faire de Dieu une idole, un pantin derrière lequel nous nous cachons par fourberie, hypocrisie voire méchanceté. Dieu ne vient pas nuire à l’intégrité de la personne humaine. Au contraire, il vient lui donner toute sa dignité, car elle est créée à son image.

La circularité de l’Amour de Dieu

Le commandement suprême que vient donner Jésus aux docteurs de la loi nous place dans la circularité de l’amour de Dieu. Puisque si nous aimons Dieu, nous devons nous aimer comme il nous aime et ainsi aimer les autres. Ce cercle vertueux est au cœur de l’incarnation.

Accueillir l’amour de Dieu au cœur du monde

La puissance d’amour créatrice de Dieu ne peut s’exercer que si nous la déployons au cœur du monde. Ainsi, nous pouvons percevoir que des personnes qui ne connaissent pas Dieu et qui font le bien œuvrent pour la construction du Royaume. Ils répondent, sans le savoir, à l’appel de Dieu de venir travailler à sa vigne. Pour cela, nous devons être dans la louange et l’Action de grâce.

Hommes et femmes de bonne volonté

Car Dieu est bien au cœur de tant de femmes et d’hommes de ce temps, de toutes ces personnes de bonne volonté qui désirent bâtir la civilisation de l’Amour. Il est important d’accueillir leurs actions dans l’Action de grâce. Cela évite que nous mettions la main sur Dieu.

Le Salut ne s’achète pas

Souvenons-nous que nous ne sommes pas propriétaires de Dieu, que nous n’avons pas prise sur Lui. Nos bonnes actions, nos sacrifices divers et variés n’achètent pas Son Salut. Il est offert une fois. Son insaisissable amour transcende et traverse notre monde. Voilà ce que nous avons à accueillir.

L’exigence du don de la foi

Ainsi, nous comprenons que notre foi n’est pas un avantage, mais un don que nous avons à faire fructifier jour après jour. Cette grâce que le Seigneur nous offre réclame de nous que nous proclamions, par nos vies, la plénitude de son amour. C’est pour nous une exigence, mais nous savons bien les difficultés du quotidien et ce qui nous empêche d’aimer comme Dieu. Pourtant, ce désir est bien dans nos cœurs. Nous avons soif de communier à la plénitude de l’Amour de Dieu.
Alors, prions les uns pour les autres, les uns avec les autres pour accueillir l’Amour de Dieu dans notre vie. Puisse la Parole de Dieu nous rejoindre au cœur de notre vie et nous entraîner à aimer davantage.