Ce second dimanche de Carême, c’est la Transfiguration qui est proposée à notre méditation. C’est encore un épisode de la vie de Jésus que nous connaissons bien. L’évangile de ce 2e dimanche de carême nous dit que ses vêtements deviennent « resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille ».
La blancheur des vêtements du Christ
Cette description fait envie à tous les lessiviers de la terre ! Plus sérieusement, la blancheur des vêtements du Christ est le signe de la force de l’Amour de Dieu. Il est plus important que nos manquements ou petitesses. Cette blancheur est celle de l’Agneau de Dieu offert pour nous faire saisir le fol amour de Dieu. Ce dernier est absolument gratuit et proposé à chacun et chacune. Pour autant, il nous faut entrer dans ce mystère d’amour.
Dieu se donne
Il nous faut accepter que Dieu se donne à nous pour nous montrer la route à suivre. Il ne s’agit pas d’un itinéraire tracé d’avance. Dieu n’a pas de plans de carrière, d’itinéraires pour chacun. Il nous est demandé d’entrer dans son amour, de nous souvenir de la blancheur de notre baptême pour vivre et aimer ce monde. Ce pèlerinage, cette marche nous conduit sur des routes diverses, dans des engagements divers, dans des appels tout aussi divers. Dans ces lieux et moments, nous demeurons chrétiens.
La blancheur de notre baptême
Notre baptême nous invite à témoigner de l’amitié du Christ pour les hommes et femmes de ce temps. Mais, avouons-le, ce n’est pas forcément évident. Regardons, dans l’Évangile de ce dimanche, ceux qui accompagnent le Christ. Comme souvent, ils ne comprennent pas grand-chose à ce qui se passe. Pourtant, ce sont les familiers de Jésus, ils passent leur temps ensemble et le Christ les a choisi pour demeurer avec Lui. Jésus n’est décidément pas un bon recruteur. Cela a un côté rassurant.
L’Amour plus que la performance
Jésus ne cherche pas la performance ni la compétence. Il désire que nous entrions dans l’intelligence de l’amour, dans la perception de ce qui est le plus essentiel. Souvent, nous manquons de recul, nous surréagissons à telle situation, comme pour ne pas perdre pied. Pierre est dans cette dynamique. Il ne comprend pas ce qu’il se passe — qui le comprendrait d’ailleurs ? Sa proposition est tout aussi généreuse que maladroite. Mais, avec Jacques et Jean Pierre est témoins de l’amour du Père pour Jésus
Jésus, le Fils bien aimé du Père
Tout est dit dans ces mots : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! (Mc 9, 7). Jésus est le fils bien-aimé du Père. C’est sa titulature première. Jésus existe parce qu’il est en lien avec son Père dans la dynamique de l’Esprit. Il vient pour faire la volonté du Père et sa mission est celle de faire connaître les œuvres de son Père. Nous retrouvons, d’ailleurs, cette même certitude, ce même appel lors de la « fugue de Jésus » où il répond à sa mère inquiète : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » (Lc 2, 49 b). Voilà l’obéissance de Jésus. Elle est le résumé de tout bon catéchisme.
Faire la volonté de Dieu
Il veut, il désire que nous soyons avec Lui auprès du Père. Voilà un des sens que nous pouvons saisir dans cette page d’Évangile. Élie et Moïse, figures de la première alliance, reconnaissent Jésus comme celui qui est l’alliance nouvelle et éternelle. La loi, les prophètes sont comme des propédeutiques à Jésus. Ces enseignements nous conduisent à disposer nos cœurs à la rencontre avec Jésus.
Rencontrer le Christ
Mais, ce qui importe c’est de faire cette rencontre avec Jésus pour découvrir combien est grand l’amour que le Père nous porte. Entrer dans cette expérience c’est devenir davantage compagnons de Jésus, à la suite des disciples. Ce compagnonnage est davantage une question de cœur que de connaissance ou de compréhension.
Devenir des familiers du Christ
L’amitié spirituelle avec Jésus naît de notre fréquentation de sa Parole et non de notre compréhension de traités de théologie. Comprendre notre foi avec notre intelligence c’est bien, mais entrer dans la proximité avec Jésus avec l’intelligence du cœur c’est mieux.
Compter sur l’Esprit
Pour accéder à Jésus, nous avons sa Parole qui se donne dans les Écritures et le témoignage de vie de cette foi. L’Écriture est la voix de Jésus qui nous dit l’Amour que le Père lui porte et nous porte. Sa fréquentation nous invite à mettre cet amour davantage dans les actes que dans les paroles. Mais ce n’est pas facile. Aussi, l’Esprit, qui tisse cet amour de Dieu, vient pour irriguer « nos cœurs lents à croire et nos esprits sans intelligence » (Lc 24, 25). N’oublions pas de compter sur l’Esprit, il sait nous ouvrir des espaces insoupçonnés.
Fidèles à la Parole du Père
Demandons-lui de rester fidèle à la Parole du Père. Elle est notre boussole, le phare qui nous conduit à bon port la nuit. Compter sur la Parole, s’en nourrir c’est laisser se faire en nous un chemin d’alliance où Dieu pourra demeurer. Si nous apprenons, grâce à l’Esprit, à compter sur Dieu, nous porterons du fruit en abondance. Il nous reviendra, ensuite, de les mettre au service de la communion tout entière.
Apporter le monde à Dieu
Être avec Dieu c’est aussi être avec ses frères et sœurs en humanité. Nous habitons ce monde, nous œuvrons en ce monde et en ce temps afin « qu’aujourd’hui soit déjà demain ». C’est-à-dire que l’avenir se construit aujourd’hui, que nous n’avons pas attendre que d’autres changent le monde à notre place. Mettre la Parole de Dieu en pratique, au cœur de notre vie, c’est œuvrer pour des relations justes. C’est une manière de contribuer à ce que la blancheur du Christ rayonne aussi sur ce monde en forte tension.
Changer le monde avec Dieu
Il nous revient de le changer et cela ne sera possible que si nous mettons la force au Christ en action. Il ne s’agit pas d’un programme politique, mais d’une invitation spirituelle. Si les promesses de notre baptême, la conviction que la fraternité, la sororité sont plus essentiels que les intérêts égoïstes et personnels alors l’avenir sera davantage radieux.
Apprendre du Christ
Apprenons donc du Christ, de son Évangile et de ses disciples. Fréquentons davantage sa Parole pour devenir des témoins crédibles et audibles de son Amour. Méditons donc tout au long de notre semaine ces paroles de la prière d’ouverture de ce 2e dimanche de carême : « Fais-nous trouver dans ta parole la nourriture de notre vie spirituelle, afin que, d’un regard purifié, nous ayons la joie de contempler ta gloire. » Nous pourrons alors resplendir de la blancheur de l’amour de Dieu.
[…] quittons la montagne de la Transfiguration pour contempler, ce 3e dimanche de carême, la colère de Jésus. Jésus en colère cela ne va pas […]