Réunis autour de l’Eucharistie, nous faisons mémoire, ce jeudi saint de la dernière cène de Jésus. Un repas avec des amis, des proches, quoi de plus naturel. Pourquoi faire mémoire de ce dernier repas ? Est-ce parce que c’est le dernier ? Comme par nostalgie ? Ou bien est-ce plutôt par ce qu’il fait signe et sens ?
La Cène : mémoire du plus grand service
Ce qui est célébré aujourd’hui c’est en fait deux événements qui ne sont, en fait, qu’une seule réalité : le service. Jésus est venu pour nous montrer la voie du service. Elle est celle du don total, désintéressé. Il n’est pas facile d’être au service de cette manière. Lorsque nous accueillons ou faisons quelque chose, nous aimons être remerciés. Cela flatte notre ego, mais surtout donne du poids, de la reconnaissance à notre acte. Au-delà, c’est aussi une preuve de « bonne éducation ».
Entrer dans la voie de Dieu
Jésus, lors de la dernière cène, accomplit le plus grand service possible : se donner lui-même et nous demander de faire de même en mémoire de Lui. Il ne s’agit pas d’entretenir la mémoire de Jésus comme celle d’un gourou, d’un leader charismatique. Ce soir, il nous demande de participer à son œuvre d’amour, à entrer dans le chemin du plus grand service. Ce chemin passe par de la proximité, de la fraternité et de l’altérité.
Faire mémoire du lavement des pieds
L’Évangile de Jean que nous méditons en ce jeudi saint n’est pas le récit de l’Eucharistie. C’est Paul qui, dans la seconde lecture, nous le relate. Nous voyons Jésus se mettre explicitement au service de ses disciples. Il s’abaisse et lave leurs pieds. C’est le geste d’un esclave auprès de son maître. Pourtant, le Christ est bien le maître et le Seigneur, mais pas comme ceux qui dirigent le monde. Étonnant paradoxe ! Lorsque nous faisons mémoire du lavement des pieds, ce n’est que la cristallisation de l’action de Jésus au cours de sa vie terrestre. Il n’a jamais cessé de passer en faisant le bien, en partageant la vie des femmes et des hommes de ce temps.
La vie du Christ : témoignage du fol amour de Dieu
Les guérisons, les paraboles, les enseignements de Jésus ne visaient qu’une seule chose : révéler la Gloire de Dieu. Cette Gloire c’est l’amour fou de Dieu pour chacun et chacune d’entre nous. Lorsque nous célébrons l’Eucharistie c’est de cette vie offerte que nous faisons mémoire. Nous puisons dans cette force de l’Amour de Dieu pour être capables de devenir davantage des disciples crédibles du Christ.
Faire mémoire de la dernière Cène
Lorsque nous célébrons l’Eucharistie, nous partageons la table du Christ, nous sommes ses invités et nous nous laissons accueillir. Il vient à notre rencontre, il s’abaisse devant nous, comme devant ses disciples ce soir, comme pour nous inviter à prendre sa suite. Cette proposition est pour chacun d’entre nous, mais aussi pour tous. Il nous fait devenir les membres de son corps, cette « église vivante et sainte » appelée à propager par sa vie les mystères de l’Amour de Dieu.
Le Christ : premier de cordée
Devant un tel défi, nous pouvons facilement comprendre que le Christ soit le premier de cordée. Il n’est pas venu faire une démonstration de « bonne conduite », tel un représentant de commerce. Il s’est lui-même abaissé en prenant la condition de serviteur par amour. Rien n’est plus important pour Dieu que de faire l’expérimentation de son amour dans toute notre vie. Mais ce n’est pas facile tant nos résistances internes sont telles des « nuques raides ».
Partir à la rencontre de l’autre
Alors, Jésus nous invite à sortir de nous-mêmes et à partir à la rencontre de l’autre dans un service désintéressé. Ainsi, nous découvrons que nous ne sommes pas seuls à être dignes d’intérêt, que servir est une école de patience, d’endurance et de respect de soi et de l’autre. Jésus, lorsqu’il nous demande de nous laver les pieds les uns les autres, veut nous initier au respect de la différence et de l’altérité. C’est aussi faire mémoire de lui, prendre sa suite pour continuer de faire croître l’Amour de Dieu au cœur de ce monde.
Continuer l’œuvre du Christ
Ainsi, dans le lavement des pieds comme dans la célébration de la Cène, il s’agit de continuer l’œuvre du Christ par tout ce que nous sommes. Ces actes forts que le Christ nous demande de prolonger sont des marqueurs essentiels de notre vie chrétienne. Faire mémoire du Christ c’est le rendre présent à la vie des hommes et des femmes de ce temps. C’est témoigner de la force du don. Jésus n’est pas venu négocier son œuvre de salut. Il s’est donné tout entier à sa mission, malgré les résistances des uns et des autres et même de ses plus intimes. Il nous a laissé ce lavement des pieds et son corps et son sang offerts pour la multitude en promesse d’un « à venir » à faire resplendir.
Faire mémoire et prendre le vêtement du service
Lorsque nous prenons le vêtement du service, comme le Christ le prend ce soir ou lorsque nous communions à la table de sa vie, nous participons à son corps mystique. Nous continuons l’œuvre du Christ en ce monde. C’est le sens de ce « en mémoire de moi ».
Au service de l’annonce de la Bonne Nouvelle
Il s’agit bien de
Oui, cela coûte, engage et donc responsabilise, mais c’est en vue de faire croître l’humanité à travers l’exemple du Christ. Toutefois, même si c’est nous qui continuons cette œuvre salvifique du Christ nous le faisons en son nom. C’est-à-dire que nous avons reçu cette mission et que nous avons le don de l’Esprit pour l’accomplir. Il nous revient alors de l’accueillir dans nos vies. C’est à cette condition que nous pourrons devenir davantage semence d’alliance et d’unité en plein monde.
Entrer dans le dynamisme de Dieu
Mais, il nous faut accepter d’entrer dans le dynamisme de Dieu, dans cette humilité qui nous fait reconnaître l’autre comme supérieur à soi. C’est à cette condition que nous pourrons nous positionner comme des femmes et des hommes au service de Dieu. Car nous le savons, « servir Dieu rend l’homme libre comme Lui » et nous fait devenir davantage des fils/filles de Dieu.
Vivre et faire mémoire de la nouvelle alliance
C’est ainsi que nous pourrons vivre cette nouvelle alliance que nous donne le Christ dans le pain et le vin de son Eucharistie. Le jeudi saint est bien une action de grâce pour le service du Christ qui nous montre l’importance d’être capable d’aimer Dieu en son prochain.
Laissons donc la grâce imprégner nos vies et nous conduire sur le chemin du plus grand service de tout homme et de chaque homme. C’est ainsi que nous pourrons vraiment faire mémoire de la dernière Cène du Christ et en vivre.
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