Demeurer dans l’amour de Dieu. Voilà le résumé de ce 6e dimanche du temps ordinaire. Ce terme est présent 4 fois dans ces versets de l’Évangile de Jean proposé à notre méditation. Ces répétitions nous font saisir combien c’est essentiel si nous désirons suivre le Christ de plus près. Il faut demeurer dans l’Amour de Dieu si nous voulons porter du fruit. Nous retrouvons là la thématique de la vigne de la semaine dernière. Jean veut ainsi nous faire comprendre que ce qui importe ce ne sont pas tant les fruits de nos œuvres que ce qui les anime.
Demeurer dans l’amour de Dieu c’est porter du fruit
Nous portons du fruit parce que l’arbre qui porte ces fruits est sain, est bon. Ainsi, nous reconnaissons que nous ne sommes pas notre propre origine. De même lorsque ce que nous faisons de bon, de beau et de bien provient du mouvement de l’Esprit. Même si, parfois, même avec notre bonne volonté, nous réalisons l’inverse, malgré nous.
Au souffle de l’Esprit
Pour autant, nous devons garder confiance dans le souffle de l’Esprit, celui que nous recevons à notre baptême et à notre confirmation. C’est lui qui nous donne de reconnaître la voix du Père et du Fils, qui nous indique le chemin de cette vie en abondance. Jean nous donne une indication pour ne pas nous perdre en route : donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Aimer
Cela paraît facile de se dévouer, d’être présent et disponible pour ceux que nous aimons. De prime abord, ce n’est pas quelque chose de difficile et pas réservé à ceux qui écoutent la voix de Dieu. Pourtant, si nous désirons devenir les disciples de Jésus, ceux que nous aimons sont plus larges que notre cercle familial ou d’amitié. Jésus a donné sa vie pour la multitude, pour la vie du monde et non pour ses familiers.
Dieu se donne au monde par amour
Nous le comprenons bien dans la première lecture. Dieu se donne au monde, il se révèle dans la justice et la justesse d’attitude. Il n’est pas le Seigneur d’un club fermé, élitiste, trié sur le volet. L’Esprit qui souffle vient justement déplacer les certitudes et inviter à dépasser les craintes qui s’invitent dans nos cœurs malades et compliqués. Il nous invite à élargir jour après jour l’espace de notre tente pour que le monde entier devienne le familier de Dieu.
Dieu nous offre son amour
Ainsi, nous comprenons que nous ne sommes pas les propriétaires de l’amour de Dieu. Le Salut qu’il offre n’est pas la récompense à nos bonnes actions. Il est donné par amour, pour que nous y demeurions. Agir, comme fils ou fille de Dieu, en ce monde, c’est demeurer en Dieu.
Nous et le désir de Dieu
L’Amour de Dieu précède toutes nos actions. Il doit être l’élan qui guide l’action. Si nous agissons sans cœur, sans le dynamisme de l’Esprit, nous ne sommes pas conformes au désir de Dieu. L’action sera sans doute bonne, conforme, mais il lui manquera le souffle, l’élan, le dynamisme qui dure dans le temps. Ainsi, demeurer dans l’Amour de Dieu c’est compter d’abord sur Dieu. Puis œuvrer.
Ignace de Loyola ou Gábor Hevenesi
Cette maxime du jésuite hongrois Gábor Hevenesi, souvent attribuée à Ignace de Loyola, nous dit bien cette tension. Il s’agit bien de compter sur Dieu comme celui qui insuffle l’action, mais de mettre toutes nos forces dans l’œuvre à accomplir.
Crois en Dieu comme si tout le cours des choses dépendait de toi, en rien de Dieu. Cependant, mets tout en œuvre en elles, comme si rien ne devait être fait par toi, et tout par Dieu seul
Demeurer en Dieu c’est compter d’abord sur l’Esprit
Pierre dans la première lecture reconnaît que Dieu se dit et se donne dans le cœur même des païens. C’est l’Esprit qui le pousse à sortir de sa conviction que le Christ ne serait venu que pour les juifs. C’est ce même Esprit qui fait demeurer en Dieu les païens et invite Pierre à leur conférer le baptême. C’est toujours surprenant de voir comment les choses vont vite dans les Écritures. Il n’est point question de catéchuménat, de préparation au baptême, de durée pour expérimenter le désir. Il y a une proximité avec le souffle de l’Esprit qui se dit dans la réception de la Parole du Christ qui se révèle aux uns et aux autres.
Accueillir Dieu en sa Parole
Ainsi, demeurer en Dieu c’est accueillir la Parole de Dieu, chemin à la suite du Christ, chaque jour de notre vie. L’Amour, la fraternité universelle à laquelle le Seigneur nous invite est un but absolu que nous avons du mal à atteindre. Mais, ce qui compte le plus c’est le chemin qui nous conduit à aimer davantage.
Chemin de conversion
Il s’agit de reconnaître que demeurer dans l’amour de Dieu c’est entrer dans un chemin de désir, de conversion avec douceur et humilité. Aimer comme Dieu aime c’est impossible de nos propres forces, avouons-le. Toutefois, nous pouvons peut-être commencer par nous laisser aimer par Lui. Cela n’est pas au-delà de nos forces. C’est d’ailleurs ce que nous dit Jean dans la seconde lecture. Nous avons à entrer dans cette conviction, à nous laisser saisir par l’Esprit pour comprendre que l’Amour de Dieu est premier.
La difficulté d’aimer
Accueillir l’Amour de Dieu dans notre vie c’est demeurer en Dieu. Ce n’est pas plus compliqué que cela ! Pourtant, lorsque nous regardons et relisons notre vie avec lucidité nous découvrons que nous sommes vraiment ces compagnons d’Emmaüs. Nous sommes si lents à croire que Dieu nous aime par-dessus tout. Nous avons de grandes difficultés à croire que son « Amour rend l’homme libre comme Lui ». Et pourtant, c’est bien la réalité. En tout cas, c’est ce que la foi nous donne de percevoir lorsque nous contemplons l’Écriture.
Dieu est lumière
Même dans les pages les plus violentes de la Bible, il y a toujours la trace d’une espérance qui s’ouvre. Dieu ouvre toujours un passage à ceux qui refusent la fatalité de la haine. Il ne s’agit pas d’une récompense. L’amour de Dieu est comme un rayon de soleil qui passe par l’interstice de volets ou de portes fermées. Il est ce commencement d’une fin de brise légère dont nous parle le livre des Rois (1 R 19, 11). C’est infirme, petit, minuscule peut-être. Mais, Dieu choisit de se dire dans ce qui ne fait pas de bruit, tout ce qui nous paraît insignifiant. Dieu nous laisse la place d’œuvrer en son nom, même si nous ne le savons pas !
Prions donc, en cette semaine qui nous conduit à l’Ascension, pour que nos œuvres témoignent de l’Amour de Dieu. Demandons aussi les uns pour les autres, les uns avec les autres de demeurer davantage dans l’Amour de Dieu.