Nous sommes invités à porter du fruit. C’est ce que le Seigneur nous rappelle ce 11e dimanche ordinaire. Parfois – même souvent – nous n’avons pas l’impression que nos (bonnes) actions portent. Nous œuvrons, nous faisons, nous servons et nous ne voyons pas de fruit. Peut-être sommes-nous alors trop pressés, impatients tels les enfants à Noël devant leurs cadeaux. Toutefois, gardons courage.
Le temps de Dieu n’est pas le temps des hommes
Notre action n’est jamais vaine même si parfois l’ivraie se loge au milieu du bon grain. Mais, il nous faut garder patience. Non seulement le temps de Dieu n’est pas le temps des Hommes, mais aussi il faut toujours accepter les temps de croissance, de mûrissement. Ces temps ne sont pas inutiles, car ils sont chemins de contemplation de l’œuvre de Dieu. L’Évangile de ce dimanche nous aide à comprendre que notre meilleur allié est le temps.
Porter du fruit demande du temps
Sans le temps pas de chefs-d’œuvre, pas de fruits mûrs pour être dégustés. Ainsi, porter du fruit c’est accepter qu’il mûrisse, que les éléments de la terre fassent leur chemin pour une bonne et belle croissance. Nous savons que le bon vin réjouit le cœur des convives, qu’il participe à la joie de la fête, mais qu’il faut du temps pour l’élevage. Nous pouvons multiplier à l’excès ces exemples pour bien saisir cet impératif.
Un temps pour la Parole
Cette parabole du grain de blé, dans l’Évangile de ce dimanche, nous fait saisir que la Parole de Dieu met aussi du temps à se frayer un chemin dans les terres arides de nos cœurs. Cette Parole nous conduit à porter du fruit si nous reconnaissons qu’elle nous fait devenir frère et sœur. Cette fraternité, sororité, sont à construire jour après jour. Elles sont indispensables si nous voulons bâtir un monde plus juste et plus fraternel. Pourtant, nous avons du mal et le fruit de la haine, du mépris, du rejet de l’autre prend souvent le pas. Alors, comment faire pour avancer vers cette fraternité constructive ?
Laisser le temps au temps pour porter du fruit
Tout d’abord laisser le temps pour la rencontre, pour apprendre à se connaître les uns les autres. Les disciples ont mis du temps pour connaître Jésus, pour se découvrir mutuellement et construire un groupe. Nous aussi nous avons besoin de temps pour reconnaître que Dieu est à l’œuvre en cet âge, que son Fils nous ouvre le passage vers un amour plus grand. Nous avons vraiment besoin de temps pour nous laisser façonner à son image, et transformer nos cœurs malades et compliqués.
Oser perdre du temps
Pourtant, nous ressemblons au lapin d’Alice au pays des merveilles ou au businessman du Petit Prince. Nous n’avons jamais le temps, nous courons toujours. Même s’il est vrai que nos agendas peuvent être chargés, il est indispensable de prendre le temps de la rencontre. Le risque de nos courses effrénées est que cette course soit après le temps et donc nous l’avons perdue d’avance. Certes il peut être grisant d’avoir plein de choses à faire, d’œuvrer sans cesse et de ne pas avoir une minute à soi.
Prendre le temps pour porter du fruit
Pourtant, savoir s’arrêter pour contempler, pour discerner, pour rencontre l’autre est indispensable. Sinon, nous ne pourrons pas porter du fruit, nous ne nous enracinerons pas. Ainsi ce qui sera jeté en nous sera inutile. Même Jésus avait besoin de se reposer, de prendre du temps pour son Père et se recevoir de Lui. Certes, la mission est abondante et les ouvriers trop nombreux, mais sans ouvrier vivant, vigilant et présent, la mission est impossible. Ainsi, nous avons besoin de temps pour croître dans l’Amour. C’est cela qui nous fera porter de bons et beaux fruits. Mais acceptons que cela prenne du temps. Ceci dit, nous pouvons ainsi ne rien faire sous prétexte de laisser mûrir.
Ne pas confondre patience et procrastination
Mais, nous pourrons ainsi attendre longtemps et rien ne poussera puisque nous n’aurons rien jeté en terre. Il ne faut donc pas confondre patience et procrastination au risque de ne rien voir pousser. Continuons donc semer dans le bon temps pour que cela profite à l’humanité tout entière. Ce qui importe ce n’est pas la quantité, mais la qualité et le désir.
Perdre son temps pour porter du fruit
Il y a des choses infimes, tel le sourire d’un enfant, qui rend la vie plus joyeuse. Aussi, regardons avec les yeux du cœur ce qui germe de beau dans le monde. Certes, dans ces moments-là nous n’avons pas l’impression de produire, d’œuvrer. C’est comme si c’était du temps de perdu. Mais, nous ne perdons jamais de temps à prendre du recul, à discerner. Ces temps où nous ne faisons rien sont productifs, car cela laisse le temps à notre cœur, à notre tête de croître. Ainsi, nous portons tout de même du fruit.
Apprendre à savourer le temps
Ceci nous aide à mieux comprendre cette parabole de Jésus sur le grain de blé qui tombe en terre. Apprenons à apprécier le temps qui est devant nous. Il est un allié précieux au service de la croissance du Royaume. Là est vraiment notre objectif : faire croître le Royaume. C’est-à-dire qu’il est de notre responsabilité de baptisés de permettre au Christ d’être annoncé en plein monde.
Porter du fruit pour annoncer le Christ
Annoncer le Christ c’est mettre en œuvre ses valeurs de respect, de solidarité, d’écoute. Cela consiste à mettre nos pas dans les siens, à notre manière, mais à son école. C’est-à-dire que notre action doit consister d’abord à rencontrer nos contemporains. Nous pourrons alors, aidés de l’Esprit saint, leur témoigner l’affection du Christ.
Demander la grâce de se convertir
Pour cela, la conversion est indispensable. Nous avons besoin de la grâce, du don de Dieu pour être vraiment en communion les uns avec les autres. Certains ne sont pas nos amis, mais pour autant ils ne sont pas non plus nos ennemis. C’est difficile d’aimer comme le Christ aime, de respecter — même ceux qui nous sont insupportables. Pourtant, ce n’est pas un chemin facultatif pour le disciple de Jésus.
Croire et porter du fruit au nom du Christ
Il nous faut du temps pour que la graine de son amour jaillisse dans nos vies tel l’arbre de la première lecture. Elle est le symbole de la grâce que Dieu met en nos cœurs. Ainsi, nous pouvons rejoindre, en son nom, les femmes et les hommes de ce temps.
Alors, prions le Seigneur et prions les uns pour les autres, pour que nous puissions accueillir sa grâce et ainsi porter de bons et beaux fruits. Que ces derniers servent à bâtir le Royaume de Dieu par une société plus juste et plus fraternelle.
[…] autant, les autres ne sont pas nos ennemis. L’Évangile, à la suite du Christ, nous invite à devenir frères/sœurs les uns des autres. C’est une fraternité critique et inventive que nous sommes appelés à […]