L’Évangile de ce 12e dimanche ordinaire nous présente la tempête apaisée. Jésus, dans le tumulte de la mer, reste calme, il dort. Comme nous aimerions être comme Jésus : serein dans la tempête. Ce n’est sans doute pas la première fois que les apôtres, pécheurs et marins habitués, subissent une tempête. Pourtant, celle-ci les terrifie. Ce n’est donc pas un simple phénomène météorologique que Marc veut nous décrire.
La tempête du mal
Cette tempête qui se déchaîne est le mal qui rôde à la recherche de sa proie. Ce mal qui met à mal la foi des apôtres et veut renverser la barque de Pierre. Cela n’effraie pas Jésus qui sait tenir tête au mal, qui reste tranquille aux vents contraires. Cette attitude fondamentale de Jésus n’est pas du déni ou du mépris quant au mal. C’est parce qu’il sait qu’il peut faire confiance à l’Amour du Père. C’est cet amour pour le monde, pour chacun d’entre nous qui nous donne de pouvoir lutter, de toutes nos forces contre le mal.
Nul n’est notre ennemi
Oui, le mal existe. La haine, le rejet, la manipulation existent en ce monde, car beaucoup d’entre nous voient l’autre comme un ennemi. Certes, tous ne peuvent pas être nos amis. Pour autant, les autres ne sont pas nos ennemis. L’Évangile, à la suite du Christ, nous invite à devenir frères/sœurs les uns des autres. C’est une fraternité critique et inventive que nous sommes appelés à construire.
Confiance dans la tempête
Ainsi, il convient de ne pas avoir peur des remous, des vents qui soufflent fort dans nos voiles. Nous savons que le Christ est notre boussole et nous donne de tenir au cœur de la tempête. Toutefois, nous pouvons être saisis par la peur, l’immobilisme, l’effroi. Ces sentiments humains, nous pouvons les offrir au Christ dans une humble prière.
Une foi difficile
Dans l’écoute de notre cœur, nous l’entendrons nous dire, avec affection : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » À l’évidence, il est très difficile d’avoir cette foi, cette sainte sérénité dans le chaos que nous rencontrons parfois. Nous avons à prendre conscience de cette difficulté. Nous pouvons demander au Seigneur de nous enraciner dans cette foi, dans cette confiance pour traverser les tempêtes.
Compter d’abord sur le Christ
Ne craignons pas de compter d’abord sur le Christ. Nous savons qu’il sait faire taire le tumulte si nous mettons notre confiance en Lui. Pour cela, il faut être avec Jésus, dans sa barque. Cela paraît simple. Mais, si nous restons sur le rivage, à regarder Jésus de loin, tels des spectateurs ou des consommateurs de sa grâce, nous passons à côté de sa force. Il nous invite, comme ses disciples, à être avec Lui. Il nous faut être des compagnons de Jésus, davantage attentifs à ce qui germe dans ce monde.
Au-delà de la tempête
C’est du côté du calme, de l’audace de Jésus, de sa force de faire taire tout ce qui nuit à l’Amour et à la communion qu’il nous faut être. La barque peut tanguer et nous pouvons avoir peur de perdre le contrôle de notre route.
Faire confiance au Christ
Certes, mais ce n’est pas nous qui guidons le navire, c’est le Christ. Il est le capitaine qui donne le cap. À nous de lui faire suffisamment confiance pour avancer sur l’océan de notre monde. Voilà la condition première pour tenir contre vents et marées et prendre le large. Mais nous le faisons avec Jésus pour le plus grand service de nos frères et sœurs.
Avec Jésus, pour nos contemporains
Parce qu’être avec Jésus ne suffit pas. Ce compagnonnage doit nourrir notre charité et notre espérance. Devenir et être compagnon de Jésus, c’est affronter la tempête avec d’autres. C’est à une solidarité avec nos frères et sœurs en humanité que le Christ nous invite. Il est l’Emmanuel, Dieu avec nous, pour tous et chacun.
Avec une bienheureuse vigilance
Soyons alors vigilants à ne pas oublier cet amour qui transcende toutes nos craintes, nos blessures, nos inquiétudes. Cet amour du Christ pour chacun de nous, comme nous le rappelle Paul dans la seconde lecture, nous décentre de nous-mêmes.
Engagés en plein monde
Dans notre méditation, nous saisissons combien la puissance de l’amour de Dieu nous engage pour la justice, la justesse dans les relations. Ce combat pour faire triompher le bien nous expose à la louange. Puisque nous nous recevons de Dieu, nous devons reconnaître que nous puisons dans son amour la force pour traverser les tempêtes.
Entrer dans la louange
La louange c’est une manière particulière d’entrer dans la joie de Dieu. C’est le reconnaître comme créateur, comme la source première de l’Amour pour chacun et chacune d’entre nous. Dans cette louange, nous sommes conduits à reconnaître que cette considération de Dieu pour chaque personne est première. Elle nous donne l’élan, le dynamisme, la force pour la mission. C’est elle que nous recevons lors de notre baptême où nous devenons des enfants du Père, à la suite du Christ.
L’amour de Dieu, secours dans la tempête
Cet amour de Dieu nous fait tenir dans la barque et nous amène à consoler aussi nos contemporains. Cette louange nous entraîne au combat à la suite du Christ. Elle nous donne la force de demander la grâce d’avoir les mêmes sentiments que le Christ.
Ambassadeurs de l’Amour de Dieu
Nous sommes les ambassadeurs du message de l’Amour de Dieu. Notre mission nous conduit sur la route des femmes et des hommes de ce temps. Son but est d’être avec eux, comme nous sommes avec le Christ.
Aux carrefours du monde
Ainsi, placés aux carrefours du monde, nous pourrons témoigner de la joie de connaître le Christ. Cette ambition est effectivement notre mission. Pour autant, elle n’est pas un paratonnerre ou l’assurance de ne jamais connaître la tempête, le découragement, l’envie d’un ailleurs. Mais, elle est ce petit grain de moutarde dont parlait l’Évangile la semaine dernière. C’est-à-dire qu’il est important d’user de discernement.
Discerner dans la tempête
Ce n’est ni dans la tempête ni dans la fulgurance que nous trouverons le souffle de Dieu. Mais dans ce commencement de fin d’une brise légère si chère au prophète Élie (1 R 19, 12). Peut-être pouvons-nous exercer, à l’aide de la grâce, un discernement pour trouver ces lieux qui ne réveillent pas Dieu. C’est-à-dire des moments où la confiance est là, où nous avons la certitude d’être ajustés au moment présent.
Alors, entrons dans la Paix de Dieu que nous donne la surabondance de son Amour. C’est ainsi que nous saurons naviguer en pleine tempête et accueillir sereinement le Christ en plein monde, au cœur de nos vies.