Nous voici de nouveau dans le temps ordinaire, le temps du quotidien, de notre vie au long cours. L’Évangile nous propose de méditer sur les Noces de Cana. Ce second dimanche ordinaire de l’année C nous conduit à contempler un événement somme toute quotidien, presque banal. Un mariage, joie pour les convives et surtout pour les jeunes mariés. Marie, Jésus et ses disciples sont invités. Scène familière. Mais si ce récit nous est présenté, c’est sans doute qu’il n’est pas si banal. D’ailleurs, beaucoup de nos contemporains connaissent cette scène. Elle est ancrée dans l’imaginaire quotidien.
Des noces à la préfiguration de l’annonce du Royaume
Nous voyons dans cet Évangile une conversation entre Jésus et Marie. Elle est attentive à la joie des convives, à ce que la fête continue et sait que Jésus est celui qui peut faire toutes choses nouvelles. Pour autant, l’annonce du Royaume semble cantonnée au moment favorable pour Jésus. Pour lui, le temps est à la fête, à cette présence au milieu des autres invités, comme n’importe quel invité. Pour autant, Marie commande aux serviteurs de faire ce que Jésus leur dira.
Savoir lire les signes des temps
Nous pouvons y voir une soumission de Jésus à sa mère. Il obtempère malgré sa désapprobation telle une obéissance servile, perinde ac cadaver ? Ne serait-ce pas plutôt que Jésus est attentif aux signes des temps et se laisse travailler par l’Esprit qui se dit, dans cet Évangile, par l’interpellation de Marie ? Jésus y perçoit, sans doute, une occasion de témoigner de l’avènement du Royaume. Ainsi, nous pouvons déjà comprendre l’importance d’être à l’écoute de l’Esprit. Il est Celui qui nous invite à faire toutes choses nouvelles par et dans le nom de Jésus.
Appelés à se laisser rejoindre par Dieu
Dieu se révèle dans notre quotidien, au cœur du monde pour que nous construisions ici et maintenant son Royaume et sa Justice. Cet appel nous dépasse et réclame de nous une bienheureuse vigilance pour écouter là où l’Esprit nous conduit. Que ce soit dans le désert ou dans des vallées florissantes, souvenons-nous qu’Il est toujours présent, car « Dieu nous a appelés par l’Évangile à entrer en possession de la gloire de notre Seigneur Jésus ».
Les noces, alliance d’eau et de vin
Aussi, cet épisode de Cana révèle bien autre chose que le rapport entre Marie et Jésus, entre une mère et son Fils. Ce qui est aussi important, c’est que Marie présente Jésus aux serviteurs. C’est dans l’humilité, caché des autres invités et du maître du repas, au milieu des serviteurs, qu’Il transforme l’eau en vin. Ainsi, Jésus se présente comme Celui qui sert, non pas dans une notion d’utilité, mais bien dans celle de se mettre au service d’une plus grande joie. Même si les temps ne sont pas encore accomplis pour offrir le vin des noces de l’Agneau, Jésus en offre un aperçu, une préfiguration.
Le bon vin de Dieu
C’est un vin nouveau qu’Il offre aux convives, mais un très bon vin. Il fait la joie – et la surprise – du maître du festin. Ainsi, cette eau transformée en vin, c’est l’avènement de Jésus en notre monde qui vient le transformer par nos vies. Cette eau transformée en vin peut aussi nous rappeler l’eau qui coule du cœur du Christ qui est le vin des noces de l’Agneau offert pour tous.
Puiser en nous et découvrir le désir de Dieu
Certes, Dieu, par son Fils, transforme l’eau de nos vies en vin de ces noces, mais, comme pour les serviteurs de la noce, il nous revient de « puiser ». Là n’est pas un appel au labeur, à la fatigue pour le Royaume – comme s’il s’agissait de le mériter. Il nous demande plutôt de nous engager à sa suite, de puiser dans nos ressources intérieures et ainsi découvrir le désir de Dieu pour nous. Ainsi, Dieu vient à nous pour que nous venions à Lui. Cela réclame donc de notre part un déplacement, un mouvement qui nous conduit à quitter le connu pour aller au puits de la rencontre. Un peu à l’image de Jésus, qui a dû quitter la place de convive pour transformer l’eau en vin.
Dieu donne pour nous et par nous
Le miracle des Noces de Cana a certes été opéré par Jésus, mais avec l’aide des serviteurs. Ce sont eux qui ont rempli, jusqu’au bord, les jarres d’eau. Ainsi, Jésus donne généreusement, abondamment, largement pour que le vin ne vienne pas à manquer à la Noce. Il nous revient aussi d’être dans ces mêmes dispositions lorsque nous servons. Si nous désirons annoncer le Royaume et Sa justice en plein monde, alors il est important que notre engagement soit déterminé, plein et entier. Même s’il ne s’agit pas de se perdre soi-même, de s’oublier et de se sacrifier pour les autres, sachons répondre présents aux lieux où nous sommes.
Prophète par notre baptême
Ainsi, nous avons à assumer notre vocation prophétique reçue lors de notre baptême. La Parole de Dieu, la figure du Christ qui se dit dans les Évangiles, est ce que nous avons de plus précieux. Certes, nous les portons comme dans des vases d’argile (2 Co 4). Mais nous sommes invités à en faire le réceptacle du bon vin des Noces de l’Agneau pour le distribuer à nos frères et sœurs. En fait, lorsque Jésus agit, Il le fait pour révéler la gloire du Père, mais aussi pour nous inviter à devenir des porteurs des grâces du Royaume. C’est l’appel que nous adresse Paul dans la seconde lecture.
Cultiver la grâce de Dieu
Chacun de nous, à son baptême, reçoit le don de la grâce. Dieu nous appelle à prendre notre part pour l’annonce de l’Évangile. Il n’y a pas de concurrence dans cette mission. Dieu nous appele tous à faire croître le corps du Christ par ce que nous sommes. Paul nous rappelle qu’il n’y a pas de petit ou de grand charisme. Il faut fleurir, grandir et faire grandir là où Dieu nous a semés.
Devenir un chef-d’œuvre
Il nous revient de prendre le temps, le chemin qui est nécessaire pour devenir le chef-d’œuvre de Dieu. Non pas en devenant une pièce de musée que l’on admire. Soyons plutôt une vivante offrande à la gloire du Père par et dans ce que nous sommes. Ainsi, le Seigneur pourra pleinement achever en nous ce qu’Il a commencé.
Disponibles et attentifs
Alors, à la suite de Marie, tels les serviteurs des Noces de Cana, soyons attentifs à la voix de Jésus. Par notre docilité à l’Esprit et notre disponibilité intérieure, nous pourrons devenir pleinement ces invités aux noces de l’Agneau, que nous célébrons à chacune de nos eucharisties. Alors, tel Ésaïe (Es 62, 1), ne nous taisons pas et devenons, aux carrefours du monde, la joie de Dieu.