Dimanche dernier, Jésus inaugurait « son heure » un peu malgré lui. Grâce à Marie qui a su discerner les fruits de l’Esprit, il est venu nous apporter l’espérance, la promesse du vin nouveau des « noces ». Ce 3e dimanche du temps ordinaire nous place dans la synagogue. Jésus est parmi les siens, au cœur de ses contemporains. Mais une fois encore, il surprend. Non par le fait qu’il lise la Parole, en l’occurrence le livre d’Isaïe, mais par les mots qu’il adresse à la communauté à l’issue de la lecture.
Entrer dans l’espérance de Dieu
Ces mots sonnent fort encore aujourd’hui. Ils sont promesse d’une espérance à venir. Elle n’est pas une folle promesse, mais l’assurance de la réalisation prochaine. Dieu, en Jésus, nous promet cette libération du cœur, cette ouverture à son amour incommensurable. Cette promesse suffit à nourrir notre foi et à nous ancrer dans l’amour et l’espérance que Dieu ne cesse de nous donner.
La promesse d’une guérison intérieure
Pourtant, nous pouvons être tentés par la désespérance. Le monde tel qu’il est aujourd’hui (et tel qu’il était hier) est loin d’être aussi pacifique et généreux que le promet le prophète Ésaïe. Nombreux sont les aveugles, les boiteux et les prisonniers. Cette réalité est à entendre au sens premier, bien sûr, mais surtout dans un sens spirituel. Nous sommes souvent aveuglés par nos tensions personnelles qui nous empêchent non seulement de voir l’œuvre de Dieu en ce monde, mais surtout d’y contribuer. C’est ce qui nous rend boiteux sur le chemin de Dieu.
Accueillir la Bonne Nouvelle
Alors, comment accueillir la Bonne Nouvelle que vient nous apporter Jésus ? Comment être capables de goûter, avec saveur, le bon vin qu’il vient nous inviter à boire alors que nous sommes emplis d’un vin quotidien de qualité moyenne ? Peut-être qu’une première chose est de comprendre que nous sommes envoyés à la suite du Christ. C’est lui le premier serviteur de la mission de Dieu. Notre vocation d’enfants de Dieu nous place comme de « bons intendants » du mystère de Dieu. Il nous revient donc de prendre soin de ce qu’il nous convie à faire. Dieu, lui, fait toujours ce qui est bon pour l’homme. En revanche, notre chemin est un peu plus chaotique et empli de tours et de détours pour saisir cet appel.
Membres du corps du Christ
Toutefois, ce dernier prend plusieurs formes comme nous le dit Paul dans la seconde lecture. Il nous rappelle que nous « avons été baptisés pour former un seul corps. Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit. ». Cela peut nous aider à nous sentir pleinement membres de l’Église, dans la symphonie des ministères. Ainsi, il n’est pas de membres supérieurs les uns aux autres. Les uns et les autres sont intimement reliés les uns aux autres.
L’espérance d’avoir une place dans le cœur de Dieu
L’allégorie qu’il fait nous est bien connue, Mais il ne suffit pas de bien la connaître pour la mettre en pratique et l’adapter à notre vie quotidienne. Dans nos communautés, il y a divers talents. Ils ne sont pas à mettre en lumière, car chacun a sa part d’ombre. Ils permettent d’être au service de l’ensemble et de chercher Dieu en toutes choses. Car, tel est le but de notre route quotidienne : servir les femmes et les hommes de ce temps et chercher Dieu en plein monde.
Une diversité de ministères
Cette diversité des ministères, de ce service des hommes et des femmes de ce temps, le Royaume de Dieu, se révéle ici et maintenant. Mais cela demande de la coordination. Nous pouvons voir dans ce passage de Paul aux chrétiens de Corinthe (1 Co 12, 12-30) comme une illustration de cette vision polyédrique chère au pape François. L’organisation du corps du Christ n’est pas une sorte de hiérarchie linéaire avec un chef et des collaborateurs, mais un déploiement de talents, de qualités, de capacités qui servent à ce que l’ensemble se déploie. C’est aussi la manifestation de la confiance absolue de Dieu en chacun de nous.
Charité et bienveillance
Ainsi, nous ne sommes pas appelés à l’uniformité mais à l’unité dans la singularité. C’est donc un défi pour chacun et chacune d’entre nous. Il consiste à exercer à l’égard de l’autre une bienveillance qui ne soit ni feinte, ni mièvre. C’est une manière évangélique de vivre la charité, la discreta caritas.
Entrer dans l’espérance de la joie de Dieu
Toute cette recherche, ce désir de nous mettre en mouvement pour faire éclater l’amour de Dieu en ce monde et en ce temps doivent être habités par la joie. Cette joie nous provient d’abord de Dieu. C’est lui qui ne cesse de nous appeler à rejoindre la mission du Christ pour annoncer au monde les merveilles de Dieu. Comment ne pas se réjouir d’être associés à cette même mission dans l’interdépendance de ce que nous sommes ? C’est ce que Paul nous fait saisir ce dimanche.
Avec espérance, dépassons ce que nous sommes
Aussi, il met l’accent sur ce qui est insignifiant à nos yeux alors que c’est ce qui nous porte, nous donne de vivre. Ainsi, nous sommes invités à ne mépriser aucun de ceux qui composent le corps du Christ. Certes, ne négligeons pas nos affections, nos tempéraments, notre histoire… mais apprenons, par l’exemple même du Christ, à les dépasser. Laissons-nous conduire par cette joie qui rayonne du cœur du Christ, des sentiments mêmes de Dieu pour sa création.
Laisser Dieu nous rejoindre
C’est en nous laissant rejoindre par Dieu que nous comprenons davantage combien sa compagnie, sa parole sont douces pour notre existence. Certes, l’amour de Dieu est exigeant car la miséricorde est exigeante. Il ne s’agit pas là d’un élitisme quelconque mais de la passion de Dieu pour l’homme. L’exigence de Dieu est que nous ne soyons pour personne une occasion de chute. Configurés à son image, lors de notre baptême, nous cherchons à témoigner de la manière dont Dieu fait rayonner notre cœur chaque jour.
Dieu est à l’œuvre en cet âge
Il n’y a pas une seule journée où Dieu est absent du monde, où il ne cesse de le créer et de l’inviter à entrer dans son œuvre de Salut. Malheureusement, souvent, il est difficile d’entrer dans cette invitation. Ce n’est pas que nous sommes fondamentalement mauvais, mais nous mettons parfois notre liberté au service du bonheur de nos semblables.
Pour autant, ne désespérons pas de notre capacité à trouver le chemin de Dieu au cœur de ce que nous sommes. N’oublions pas qu’il vient guérir les boiteux et faire voir les aveugles. Gardons au cœur son amour et n’oublions pas que la joie de Dieu est notre rempart.