La Conversion du cœur


Méditations au coeur du monde / vendredi, février 28th, 2025
Temps de lecture : 5 minutes

Dernière modification 1 semaine by Chrétien en ce temps

« Rien n’est plus faux que le cœur de l’homme, il est incurable. Qui peut le connaître ? » nous dit le prophète Jérémie (17, 9). Cette interrogation peut guider notre méditation des textes de ce 8e dimanche ordinaire. C’est bien de notre cœur, du siège de nos pensées, que les difficultés viennent. Cette réalité, nous ne la connaissons que trop bien et nous avons des difficultés à guérir ce cœur qui juge, qui enferme et parfois médit. C’est d’ailleurs ce que nous dit le pape François dès le numéro 2 de son encyclique Dilexit nos : « Lorsque nous sommes tentés de naviguer en surface, de vivre à la hâte sans savoir pourquoi, de nous transformer en consommateurs insatiables, asservis aux rouages d’un marché qui ne s’intéresse pas au sens de l’existence, nous devons redécouvrir l’importance du cœur. »

Redécouvrir l’importance du cœur

Alors, comment redécouvrir cette importance du cœur, comment arriver à s’approcher davantage du cœur de Jésus pour vivre de sa miséricorde et de sa paix ? Cette recherche d’un meilleur ajustement au Seigneur peut nous guider tout au long du carême qui débute ce mercredi. Il est un temps de conversion, un appel qui nous fait avancer davantage vers l’essentiel. Ensemble, soutenus par la prière et le désir d’une proximité plus grande avec le Seigneur, nous pourrons avancer vers cette conversion permanente.

Le cœur ancré dans celui de Jésus

Se recentrer sur Dieu, c’est aussi se recentrer sur ceux et celles qui partagent notre humanité. Mais cela nous confronte à nos limites et à nos fragilités. Très souvent, malgré notre bonne volonté, notre désir honnête et vertueux, nous n’arrivons pas à être des passeurs des grâces du Royaume. Alors, comment être ces bons fruits de l’arbre ou ces belles poteries dont nous parle Ben Sira dans la première lecture ? Peut-être nous faut-il sortir de l’impératif de réussite.

Le chemin de la vie spirituelle

La vie spirituelle, la vie avec Jésus n’est pas un concours. C’est un chemin personnel de rencontres et de croissance avec le Christ et avec les femmes et les hommes de ce temps. Nous sommes toutes et tous invités à faire resplendir notre vocation baptismale au cœur du temps. C’est-à-dire que nos vies doivent faire transparaître autant que possible la lumière de l’amour de Dieu. Cette vocation, cet appel est commun à chacun et chacune d’entre nous.

S’approcher du cœur de Jésus

C’est dans la confiance et l’amour mutuel que nous pouvons avancer sur ce chemin d’humanité. La concurrence n’a pas sa place pour celui ou celle qui veut s’approcher le plus près possible du cœur de Jésus. Alors, surtout, ne nous lamentons pas, ne nous apitoyons pas sur notre sort de femmes et d’hommes imparfaits, blessés, limités. Telle est notre humanité aimée par Dieu. Et c’est justement dans ces difficultés que nous pouvons nous découvrir envoyés par le Seigneur. Il nous envoie au cœur du monde parce qu’Il nous aime et pas parce que nous sommes parfaits. Aussi, au lieu de nous lamenter, commençons par entrer dans la louange. C’est elle qui nous fait entrer dans l’espérance.

Entrer dans la louange

La louange est la reconnaissance que l’Amour de Dieu est premier. Dieu nous aime et veut que nous aimions le monde à la mesure de son cœur. C’est bien plus qu’un sentiment, c’est une conviction profonde, une intime assurance qui doit nous mettre en route et nous consoler. La consolation est aussi une manifestation de l’Amour et de la présence de Dieu au cœur du temps. C’est l’assurance que la force de son Esprit est plus forte que nos lamentations, nos petitesses et autres trahisons ordinaires. Il s’agit vraiment de se tourner vers la splendeur de sa lumière et d’en devenir des porteurs au cœur du monde, au cœur du temps.

Se tourner d’abord vers Dieu

Pour avancer vers la conversion, c’est donc d’abord vers Dieu qu’il faut se tourner. Ainsi, nous grandirons en amour pour les hommes et les femmes de ce temps, tel le palmier du psaume 91 de ce dimanche. C’est le but de notre vie spirituelle : être greffé sur la vigne du Seigneur pour porter des fruits bons et beaux. Donc, notre priorité, c’est de pouvoir servir le Seigneur, en ce monde et en ce temps. Ainsi, la louange qui doit nous habiter doit être active et s’enraciner dans la rencontre, la découverte, l’échange avec nos contemporains. C’est un lieu de combat spirituel, il faut l’admettre.

Faire confiance au cœur de Dieu

Nous savons que le Seigneur nous veut à son service à travers une proximité avec les femmes et les hommes de ce temps. Mais, soyons lucides sur nous-mêmes : nous n’en avons pas toujours envie. Le cœur des hommes et des femmes — dont le nôtre parfois — n’est pas toujours habité de bons sentiments. L’envie, l’élan, le désir de servir n’est pas là. Il nous arrive même d’être tentés de faire l’inverse… Triste réalité de la contingence de notre humanité. Lorsque nous avons cet élan de lucidité, une fois de plus, tournons-nous vers le Père. Car, « Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses. » (1 Jn 3, 20b).

Solidaires les uns des autres

Il ne s’agit pas là de se dérober à nos responsabilités, mais de lutter contre toutes formes de désolations faciles. Elles nous entraînent alors à l’immobilisme et à la rancœur et, par conséquent, ne mènent pas à la construction du Royaume de Dieu. Ainsi, ce qui compte, c’est vraiment de chercher à marcher à la suite du Christ en s’appuyant les uns sur les autres. C’est ensemble, comme peuple de croyants, peuple de ce Dieu que nous reconnaissons comme Père, que nous pourrons avancer.

Avancer dans un cœur à cœur

Ainsi, il nous faut entendre l’appel à la bienheureuse vigilance que nous lance Jésus dans l’Évangile. Nous sommes toujours empressés de critiquer l’autre pour telle ou telle chose alors que nous-mêmes n’en sommes pas exempts. Alors, pourquoi ne pas chercher à identifier les qualités, les talents de l’autre pour nous appuyer dessus ? Ensemble nous sommes plus forts, et dotés de cette intelligence collective du cœur, nous pourrons dépasser tout ce qui nous entrave. C’est aussi le sens de notre baptême qui nous fait rejoindre le peuple de Dieu. Peuple qui se nourrit d’une réelle diversité et qui sait vraiment élargir l’espace de sa tente (Es 54, 2).
Alors, pour reprendre les mots de Paul dans la seconde lecture : « Soyons fermes, soyons inébranlables, prenons une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur, car nous savons que, dans le Seigneur, la peine que nous nous donnons n’est pas perdue. » (1 Co 15, 58).