Dernière modification 2 mois by Chrétien en ce temps
Nous voici le premier dimanche de carême. C’est le début d’une marche vers la grande joie de Pâques. En soi, le carême n’a pas grand intérêt. Ce n’est pas une période « zen », de purification de notre corps grâce à divers exercices. Cette période de l’année liturgique doit nous permettre de nous arrêter pour mieux contempler. C’est comme lors d’une marche, d’une déambulation où nous nous stoppons pour regarder l’objectif vers lequel nous allons. Pour nous, qui sommes invités à vivre ce temps de carême, cet objectif est la splendeur du Ressuscité. C’est vers le matin de Pâques que nous marchons. Il est la victoire de la joie sur la peine, de la vie sur la mort. Aussi, tout au long de cette marche, laissons-nous rejoindre par le Christ, Parole du Père dans le dynamisme de l’Esprit.
Un carême de contemplation
C’est bien à cette mise en bouche que nous invitent les textes de ce 1er dimanche de carême. L’Évangile du Christ au désert, durant lequel le Christ est tenté par l’Ennemi de la nature humaine, nous est bien connu.
Un lien précieux avec la Parole
Ce qui fait tenir Jésus, c’est son enracinement dans la Parole. Elle est ce lien intime qui l’unit au Père et lui donne d’être au service de toute l’humanité. Le diable ne cherche pas à servir, mais à asservir, à dominer, à posséder pour asseoir un pouvoir.
Le carême : un chemin pour mieux se connaître
Ce dialogue des tentations peut nous aider à réfléchir à notre manière de nous situer les uns avec les autres. Nous nous connaissons suffisamment pour savoir que nous ne sommes ni anges ni Dieu. Il sommeille en nous des volontés de puissance, de possession. Elles ne sont, sans doute, pas là pour devenir des dictateurs ou des démiurges, mais pour nous assurer que nous pesons, que nous existons. Mais cela peut être au détriment des autres. C’est valable individuellement, mais aussi dans nos communautés.
Élargir l’espace de notre tente
Il est important de savoir élargir l’espace de notre tente. Sinon, nous risquons de tomber (au mieux) dans le communautarisme, voire (au pire) dans le sectarisme. C’est une vigilance que nous devons avoir en continu. Et ce récit des tentations du Christ peut nous aider à ne pas tomber dans le piège de l’enfermement.
Quel est le but de notre chemin ?
La question qui est aussi au cœur de cet Évangile est celle de la destination de ce que nous faisons. À quoi cela peut-il servir ? Comment cela peut-il être utile au plus grand nombre ? En cela, nous pouvons nous remémorer le passage bien connu de Paul aux Corinthiens (1 Co 13). Ainsi, nous pouvons tout avoir, mais, si nous ne sommes pas en mesure d’accueillir le fol amour de Dieu, alors il nous manque l’essentiel.
Dieu me fait confiance
Dieu, par cet amour, nous fait confiance. Il nous demande de contribuer à faire de ce monde un lieu de prospérité et de croissance. Non pas en termes de richesses sonnantes et trébuchantes, mais en qualité de relation. L’Amour que Dieu nous porte doit habiter notre vie, nous avons à chercher la manière la plus juste pour en être témoins. Même si cela est une évidence, nous connaissons de nombreux détours avant d’arriver à marcher fidèlement sur ce chemin d’alliance.
Faire mémoire de la fidélité de Dieu
C’est alors que nous devons nous souvenir de la fidélité de Dieu. C’est ce à quoi nous invite la première lecture. Faire mémoire que c’est Dieu qui prend l’initiative, qu’il nous invite à la fête, aux noces de l’Agneau. Voilà un moyen efficace de ne pas devenir autoréférentiel. Nous répondons à son invitation, nous entrons dans sa danse et nous nous laissons rejoindre par sa main tendue.
Dieu ne se résigne pas
Ainsi, lors de nos ruptures d’alliance, regardons cette main qui se tend, ces bras qui s’ouvrent, tels ceux du père du Fils prodigue, pour nous accueillir. Oui, souvenons-nous que Dieu est plus grand que notre cœur. Son cœur, à lui, est large et généreux et ne souffre d’aucune rancœur, d’aucun désir de vengeance. Laissons donc notre regard se porter sur un tel cœur pour vivre de la tendresse de Dieu. Cette tendresse n’est pas de la mièvrerie, mais un amour exigeant qui réclame de nous de nous engager en ce monde et en ce temps à la suite du Christ.
Vivre de la miséricorde de Dieu
Alors, cela réclame de notre part de nous laisser entraîner sur le chemin de la miséricorde. Pour cheminer ainsi, apprenons à goûter la Parole de Dieu et notamment l’Évangile. Ils sont pour nous le témoignage de l’efficacité de l’Amour de Dieu qui dépasse notre vision du don et du pardon. Cette proximité de Dieu, nous pouvons la contempler dans le psaume 90 (91) qui est proposé à notre méditation ce 1ᵉʳ dimanche de carême. Il nous invite non pas à entrer dans un combat intérieur avec Dieu, mais à nous reposer en Lui. Faire confiance à Dieu, le laisser me rejoindre au cœur de tout ce que je suis. C’est un beau chemin pour entrer dans une démarche de conversion.
Le carême : chemin de découverte de la douceur de Dieu
Le carême est une opportunité pour goûter à la douceur de Dieu en laissant de côté notre superflu pour rencontrer davantage Dieu. Nous n’avons pas à dresser une longue liste de choses à faire pour être davantage fidèle à la promesse d’alliance que le Seigneur nous propose. Ce serait de l’orgueil.
Entrer dans la promesse de l’espérance
Plutôt, il nous est proposé de le laisser nous dépouiller de tout ce qui nous empêche de mieux l’aimer et de mieux le servir. C’est une invitation à entrer dans l’espérance de l’Amour de Dieu qui nous donne de tenir au cœur de tous les dangers. Sachant que le principal danger, c’est nous qui avons toujours tendance à nous prendre pour Dieu.
Appeler à vivre une vie en abondance
Alors, souvenons-nous que Dieu nous appelle à vivre en abondance de cette vie. Une vie qui ouvre notre cœur et le tourne vers Dieu pour que nous le découvrions, Lui qui agit dans le silence d’un commencement d’une fin de brise légère (1 R 19).
En carême : chercher la paix du cœur
Tâchons de ne chercher qu’une chose dans ce carême : la présence agissante de Dieu au cœur du monde. Cela demande de notre part un grand élan de foi et un art du discernement aiguisé. Pourtant, cette découverte nous conduira à chercher et à trouver le chemin de la Paix.
Découvrir la source de la Paix
Les racines de cette Paix dont notre monde a tant besoin se trouvent dans notre cœur. Il peut être pacifié par ce cœur à cœur que nous avons avec le Seigneur dans la prière et la célébration des sacrements.
Prions donc, tout au long de ce carême, pour recevoir la grâce d’un cœur pacifié. Puisse ainsi notre vie être davantage ancrée dans la Parole du Christ qui nous révèle, dans l’Esprit, la tendresse du Père.