Dernière modification 3 semaines by Chrétien en ce temps
Ce deuxième dimanche de carême, nous accompagnons Pierre, Jacques et Jean sur la montagne de la Transfiguration. Ils ne vont pas avec Jésus en excursion. Il s’y rend pour prier, nous disent les premières phrases de l’Évangile de ce deuxième dimanche de carême. La montagne est ce lieu où ciel et terre semblent s’unir. C’est aussi un lieu que Jésus affectionne particulièrement. Peut-être parce que la montagne est un endroit de silence, de tranquillité, plus paisible que le tumulte de la plaine. Mais le récit de la Transfiguration n’est pas une illustration de la prière de Jésus. Elle en est le cœur même.
La Transfiguration nous dit la Gloire du Père
Ainsi, le Père confesse le Fils, le révèle comme l’Élu, Celui qu’il faut entendre et écouter. De même, la présence de Moïse et d’Élie enracine cette proclamation dans une histoire d’alliance entre Dieu et les hommes.
La continuité de l’alliance
Jésus est dans la continuité de cette histoire. Il y a la loi, les prophètes, puis Jésus rassemblés, convoqués par la voix du Père. Jésus est consacré comme l’Élu, comme Celui que Moïse et Élie ont annoncé et proclamé.
La Transfiguration : révélation du chemin de Dieu
Mais ce chemin de transfiguration que prend Jésus est un chemin d’exode, de passion qui le conduira à souffrir et mourir librement pour l’Amour de Dieu. C’est un nouveau chemin que prend Jésus par cette transfiguration. Elle se déroule un huitième jour, signe des nouveaux commencements. Tout cela se déroule pendant la prière de Jésus et, pendant ce temps, les disciples alourdis de sommeil contemplent la scène. Nous pouvons y entendre comme une annonce de la prière au jardin des Oliviers. Jésus prie et ses disciples souhaitent dormir. Mais là, ils ne dorment pas, et veillent malgré tout.
Contempler Jésus malgré tout
C’est ce qui nous est proposé tout au long du carême : contempler Jésus malgré notre fatigue, celle du poids du jour et des tracas quotidiens.
Contempler le monde
Essayer, malgré tout, de veiller, de regarder et de contempler le monde tel qu’il est pour y voir les traces de la gloire de Dieu. C’est un exercice essentiel, car ainsi nous vivons en tant que baptisés, fils/filles de la lumière de Dieu, prêts à discerner sa gloire au cœur du monde.
La Transfiguration : un exercice de discernement
Ce discernement, nous devons le nourrir dans la prière. Comme Jésus, elle est le lieu de repos, de répit et aussi de dialogue avec le Père. Cette prière nous aide à entendre la voix de l’Esprit qui nous guide sur le chemin de Dieu dans notre route quotidienne. Elle est notre force et notre ressource la plus précieuse pour devenir davantage compagnons de Jésus.
Intimité et humanité
C’est cette expérience que font Pierre, Jacques et Jean en accompagnant Jésus sur la montagne de la Transfiguration. Ils entrent davantage dans l’intimité de Dieu. Jésus veut leur révéler de manière plus spéciale sa nature profonde. Mais – et nous pouvons le comprendre aisément – ils ne comprennent pas. Pierre, le premier, parle un peu pour ne rien dire. Il essaie de prendre une contenance et, sous couvert de générosité, prononce des mots vides de sens. Ne nous empressons pas de nous offusquer de cette réaction de Pierre. Il est rassurant que les Évangiles nous le présentent sous des traits ordinaires. C’est une invitation, pour nous, à confesser notre banalité parfois un peu maladroite.
Le poids de la parole
Mais, à bien y réfléchir, cette réaction de Pierre peut aussi nous aider à mieux comprendre comment nous parlons. Est-ce que nous ne devrions pas prendre plus de temps, dans des moments essentiels, pour peser notre parole et ainsi éviter de dire des banalités ? Il ne s’agit pas là d’entrer dans l’art de la conversation, mais de saisir le poids d’une parole et de chercher la manière la plus exacte de lui donner du sens et du poids. Pierre est, en fait, resté sans voix devant la révélation de la splendeur de Dieu. Incapable de comprendre ce qui s’est révélé à lui et à ses compagnons de route.
La Transfiguration : une parole de cœur
La seule parole qui ait du poids dans cette Transfiguration est celle du Père qui nous dit la Gloire de Dieu, qui est son Fils, l’Élu. Il est justement LA Parole par excellence, celle qui indique le chemin, la vérité et la vie. Ainsi, nos paroles devraient tâcher de trouver leur résonance, leur écho dans cette Parole qui parcourt la terre pour l’ensemencer de l’Amour de Dieu. Cette Parole est une invitation continuelle à chercher le visage de Dieu et à le faire resplendir dans ce monde et dans ce temps.
Dans la confiance et l’espérance
C’est le sens que prend le psaume 26 (27) que nous entendons en ce second dimanche de Carême. Il nous invite à véritablement nous placer dans l’espérance et la confiance que Dieu est à l’œuvre en cet âge. Il est vraiment celui qui nous conduit à bon port malgré la mer agitée de notre fragilité. C’est dans cette confiance que nous pouvons aborder le chemin d’alliance que le Seigneur vient tisser avec nous au cours de nos jours. Une alliance nouvelle et éternelle, comme nous le disons à chaque Eucharistie. Elle est véritablement l’incarnation de la Parole, la nourriture de notre vie spirituelle.
Élever notre regard vers la proximité de Dieu
Ainsi, nourris de cette force des fragiles, nous élèverons notre regard vers le cœur de ce qui importe : la paix, la joie d’une main tendue, d’un geste qui apaise et fait sens. C’est dans cette présence discrète et aimante que nous pourrons témoigner de la joie et de la proximité de Dieu. Nous, qui avons cette citoyenneté du ciel, sommes invités à faire advenir le Royaume là où nous sommes, dans la fragilité du quotidien où se dit la tendresse de l’Amour de Dieu.
Devenir porteurs de la Transfiguration
Certes, nous n’avons pas vécu cette transfiguration comme Pierre, Jacques et Jean en ont fait l’expérience. Mais nous pouvons être des porteurs de cette transfiguration, de cette proximité de Dieu qui nous appelle à vivre une vie en abondance. Vivre ainsi, c’est redescendre de la montagne où il est bon d’être avec Jésus pour vivre au cœur du monde avec nos frères et sœurs en humanité, qui ne partagent pas nécessairement notre foi. C’est dans ce vivre ensemble, transfigurés par la Parole de Dieu, que nous pourrons devenir davantage des porteurs du feu de l’espérance.
Se laisser habiter et transfigurer par la Parole
Laissons-nous transfigurer par la Parole de Dieu. Qu’elle nous conduise davantage à nous faire proches les uns des autres pour mieux servir et aimer dans une constante recherche de la volonté de Dieu.