De la Passion du Christ à l’Espérance


Méditations au coeur du monde / mercredi, avril 16th, 2025
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Dernière modification 4 jours by Chrétien en ce temps

Nous voici arrivés au Vendredi Saint. Nous célébrons aujourd’hui la Passion du Christ. Le Christ, livré aux mains du pouvoir des hommes, se révèle dans la nudité du refus de la violence. Il est là, humilié, blessé injustement. Sa condamnation à mort est le fruit de l’aveuglement, de l’incompréhension et surtout de la perversité de certains. Dans cette passion du Christ, que nous avons déjà lue aux Rameaux nous voyons Jésus refuser d’entrer dans le jeu de la toute-puissance. Il se défend d’avoir enfreint quelques lois et renvoie chacun à sa liberté. Mais il ne fait pas semblant de souffrir. Les coups qu’il a reçus sont violents, les insultes sont humiliantes. Il est ce serviteur souffrant dont nous parle Isaïe dans la première lecture. Ainsi, le Seigneur n’a pas fait semblant. Il a assumé pleinement notre humanité.

La passion : un chemin vers l’espérance

Cette lecture de la passion du Christ n’est pas l’éloge de la violence, de la torture. Elle n’est pas une invitation à souffrir volontairement pour le Christ. Elle veut plutôt nous faire saisir que le Christ communie à nos souffrances et les prend avec Lui sur la Croix. Mais, nous le savons, il ne faut pas s’arrêter à l’Évangile de la Passion. Elle est le passage consenti – non pas choisi – par Dieu pour nous ouvrir à l’Espérance. Pâques est demain mais aujourd’hui il nous faut vivre aux côtés du Christ
cette Passion.

Voir dans le Christ souffrant, le visage de Dieu

Ce n’est pas évident d’être témoins et disciples du Seigneur lorsqu’il est humilié et bafoué. Difficile de reconnaître en Lui le Fils de Dieu, Celui qui guérit les malades et ressuscite les morts. Pourtant, c’est bien le même qui était acclamé aux Rameaux dans les rues de Jérusalem. L’attitude de Pierre symbolise bien notre difficulté d’être constants dans notre foi. Nous avons du mal, comme lui, à être cohérents dans le témoignage. Nous sommes trop attachés à notre propre vie, à nos propres intérêts pour faire passer le Christ en premier.

Pierre et la Passion du Christ

Notre premier réflexe comme Pierre est de nier pour nous protéger. Oui, Pierre manque de courage car il a peur pour sa vie. Il n’a pas suffisamment confiance dans la puissance de l’Amour de Dieu pour assumer son chemin d’alliance avec nous. Cette figure de Pierre est très consolante. Elle nous confronte à la fragilité de notre humanité et à celle de notre foi. Mais elles ne sont pas des fins en soi. Le chant du coq peut signifier que la conversion est toujours possible. Avec Pierre, nous comprenons que l’Amour de Dieu nous rejoint au cœur de nos infidélités et que le regard qu’il nous porte est une invitation à l’Espérance même lorsque c’est difficile. Pierre a renié celui qu’il a reconnu à Césarée comme « Celui qui a les paroles de la vie éternelle », mais est resté à proximité de Lui. C’est le signe que malgré sa peur, l’Amitié qu’il portait à Jésus était au cœur de sa vie.

Chercher la compagnie de Jésus

Reconnaître que nous ne sommes pas toujours fidèles aux promesses de notre baptême nous engage à rechercher la compagnie de Jésus. Ce chemin de réconciliation est un passage essentiel si nous voulons que nos vies portent des fruits en abondance. Ainsi, n’ayons pas peur de nos incohérences, de nos incertitudes dans notre foi, notre attachement au Christ. Il les réconcilie sur la Croix et les transforme en puissance de vie, en fécondité apostolique. C’est cet Amour qui nous entraîne à dépasser ces obstacles et difficultés tient dans la fidélité de Dieu à notre égard.

La croix, instrument de salut

La croix que nous vénérons en ce jour où nous célébrons la Passion nous le rappelle. Ce n’est pas l’instrument de mort ou de supplice dont nous faisons mémoire. C’est davantage le lieu où le Christ vient nous dire la splendeur de l’Amour.

La croix : paroxysme de l’Amour de Dieu

C’est sur la croix que nous entendons de manière renouvelée le paroxysme de l’Amour de Dieu pour chacun de nous. Elle accompagne toutes les croix de nos existences, toutes ces douleurs qui nous transpercent le cœur.

Découvrir la tendresse du Cœur de Jésus

Dans ces traversées, nous nous rapprochons de la tendresse de Dieu, du cœur du Christ d’où coulaient le sang et l’eau. Cette eau est celle dans laquelle nous sommes plongés lors de notre baptême. Ce sang est celui de l’alliance nouvelle et éternelle à laquelle nous communions à chaque Eucharistie. Ainsi, la lance du soldat qui transperce le cœur du Christ est le signe de toutes ces lances où notre cœur saigne. Ce cœur du Christ ouvert pour nous emmener au large vient transfigurer toutes ces douleurs. Elles ne sont pas annihilées, mais associées et portées avec le Christ sur la croix. Il porte nos douleurs et nous aide à les porter.

Le visage de Dieu souffrant

Ainsi, au cœur même de sa passion, le Christ demeure humain. C’est peut-être d’ailleurs le lieu où le Christ est le plus humain dans ce visage défiguré par la torture et la souffrance. Il ressemble ainsi à tous ceux que la maladie, la haine, la violence, la torture ont abîmés. Tout ce qui abîme l’homme et l’avilit est aujourd’hui porté par le Christ sur la croix.

La passion : réconciliation de l’humanité

Il vient réconcilier tout cela avec l’Amour du Père dans la force de l’Esprit pour nous donner la force de combattre tout ce qui nuit à l’Amour. Mais ce combat est celui de la justice, de la conciliation qui conduit à redonner à l’humanité blessée et salie un visage humain. C’est le sens que prend le chemin de la croix qui nous conduit à la splendeur de la Résurrection.

Folie et sagesse de Dieu

Mais nous le constatons au quotidien, dans les nouvelles du monde et au cœur de notre vie, cette conversion est lente, très lente. Toutefois, des artisans de paix sont tout de même à l’œuvre dans la discrétion du commencement d’une brise de fin de silence (1 R 19, 12). C’est ainsi que Dieu agit dans ce qui ne ressemble pas à l’action des hommes, ce qui est pure folie est pour lui sagesse (1 Co 3, 19).

L’espérance ne déçoit pas

Alors, regardons tout ce qui dans le monde n’a pas de prix. Toutes ces amitiés partagées où le poids du jour, les croix du quotidien peuvent être partagés dans la simplicité présente sont signes de promesses de Résurrection. Nous voyons ainsi que tout ne se termine pas à la croix.

Demandons la grâce en contemplant le Christ en croix de dépasser la souffrance et de pouvoir sentir et goûter au quotidien l’Espérance de Dieu qui ne déçoit pas.

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