Habemus Papam ! Le siège de l’évêque de Rome n’est plus vacant, un argentin vient d’être élu pour l’occuper et ainsi présider toutes les Eglises locales catholiques. Un Italien était attendu, voir un Québécois ou même un Brésilien et c’est un argentin jésuite qui crée la surprise. François, Jose Mario cardinal Bergoglio, est devenu ainsi le successeur de Pierre.
François prend la suite de Benoît XVI pour conduire la barque de Pierre. Les tout premiers mots des serviteurs des serviteurs de Dieu ont été empreints d’une grande et belle simplicité. François a remis cette élection dans son sens historique à savoir choisir l’évêque de l’Eglise qui est à Rome, celle-là même qui
préside à la charité de toutes les Églises.
Cette mise en perspective de la place de l’Eglise de Rome, comme celle qui stimule toutes les autres sans pour autant étouffer les initiatives particulières, est un bon signe pour la collégialité voulue par le Concile Vatican II. C’est donc une première bonne nouvelle. La seconde, liée à cette ecclésiologie, est qu’il est de la Compagnie de Jésus. Même si, dans cette dernière, existent une multitude de profils variés, nous pouvons leur faire crédit d’un véritable sens du discernement, d’une conscience accrue de ce que vivent les hommes et les femmes de ce temps et surtout d’un amour de l’Eglise sans oublier cette grande et belle liberté intérieure qui va jusqu’au droit de l’avant-dernier mot.
Annoncer le Bonne Nouvelle
Aimer l’Eglise c’est vouloir proposer l’Evangile comme une Bonne Nouvelle aux hommes et aux femmes de ce temps. Pour que cette démarche puisse porter du fruit, elle doit s’enraciner d’abord dans la prière. C’est dans cette attitude de tout remettre à l’Eternel Seigneur de toute chose que François, fidèle au porche des Exercices Spirituels d’Ignace de Loyola, a placé le tout début de son pontificat. Il n’a pas commencé par bénir du haut de son balcon, mais à demandé que l’on prie
toujours les uns pour les autres et[..] pour le monde, pour qu’il y ait une grande fraternité.
Ces mots, de même que son vêtement, la simple soutane banche, décentre ce ministère pétrinien et le place bien dans un service en faveur d’une communion plus intime, plus chaleureuse, plus fraternelle. Les premiers propos de François sont donc simples et spirituels, un bon début pour un Pape.
Une confiance lucide
Les premières images, les premiers mots de François m’ont séduit. Il sort des sentiers battus, nous invite à déplacer nos présupposés pour entrer dans le mouvement de l’Esprit qui fait toutes choses nouvelles. Mais, au-delà de cette joie, de cette immense attente de renouveau pour notre Église, qui puisse continuer à mettre davantage le service du prochain à la première place, que puis-je attendre du Pape ? Tout et rien. Je suis prudent sur la capacité des organisations à changer radicalement les choses et en même temps je fais une grande confiance aux personnes, aidées de l’Esprit Saint, pour bousculer ce qui semble sempiternel. Aussi, je place ma confiance dans François pour qu’il permette à l’Église de demeurer davantage ouverte aux Hommes et aux Femmes de ce temps, spécifiquement aux plus fragiles.
Au service de ses frères
Son amour concret pour les pauvres, son humilité et sa simplicité ont la saveur de l’Évangile. J’apprécie vraiment que François passe outre la lourdeur du protocole pontifical, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. En cela nous passons un cap par rapport à son prédécesseur, qui bien que humble, aimait tant la beauté de la liturgie et de ses ornements. Par ces attitudes, je sens que François veut continuer à signifier que l’Église doit vivre et témoigner de la Pauvreté évangélique sans pour autant rechercher la misère. N’oublions pas que François est avant tout un religieux et qu’il a fait profession de pauvreté lors de ses vœux. Cette pauvreté n’est pas une fin en soi, elle est choisie dans l’unique but de « louer, respecter et servir Dieu notre Seigneur, et par là, sauver son âme » comme le dit Ignace de Loyola au début des Exercices Spirituels. Cette orientation, qui est sensée habiter tout jésuite et ceux qui vivent de cette même spiritualité, permet de se dégager une liberté d’action mais aussi une liberté intérieure dans une recherche perpétuelle du service de Dieu. Sachant toutefois qu’il ne peut exister de véritable service de Dieu sans service intégral de ses contemporains.
Je me réjouis véritablement que notre nouveau Pape François aille dans cette direction d’autant plus que, l’Église qui est en France, est impliquée elle aussi dans cette dynamique. Puisse François rappeler à ses frères et sœurs dans la foi, qu’il ne peut pas y avoir d’Eucharistie sans lavement des pieds et réciproquement.
La présentation du pape François comme évêque de Rome avant tout est de bonne augure dans la reconciliation avec l’ecclésiologie traditionnelle : Rome a toujours été reconnue pour son autorité quand aux affaires de foi au temps de l’Eglise indivise. C’est auprès de cette église que les autres églises portaient leur recours en cas de discorde. De l’évêque siégeant sur la cathèdre de Rome découle le pape, et non l’inverse.