En 2013, le Pape François a fait passé Pierre Favre du statut de Bienheureux à celui de saint . Ce nouveau saint de la Compagnie, est beaucoup moins connu qu’Ignace de Loyola et François-Xavier. Ensemble, ilsont devenus des « amis dans le Seigneur ».
Compagnonnage
Ce compagnonnage avec Ignace se révélera décisif pour l’avenir tant pour Pierre que pour François. Pierre Favre n’est pas un homme de gouvernement, ni tendu vers la réalisation de grands exploits. C’est un passionné non seulement de la gloire de Dieu mais aussi et surtout de la « cura personalis ».[2] Il donne des cours à Ignace de Loyola avant que ce dernier l’initie aux choses spirituelles par le biais notamment des Exercices Spirituels qu’il fit en 1534. Il les suit le premier. Pierre Favre est aussi le premier des compagnons d’Ignace à être ordonné prêtre.
Voeux
Le 15 août 1534, il se rendit avec Ignace, François-Xavier et quelques autres compagnons à Notre-Dame de Montmartre. Au cours de la messe qu’il présida, ils formèrent le vœu de se rendre à Jérusalem et au retour de se mettre au service du Pape. Cela montre bien la volonté du nouveau saint jésuite de suivre radicalement le Christ dans la radicalité de sa vie et se mettre au pleinement au service du travail apostolique[3]. C’est une manière de mettre en application la « contemplation dans l’action » chère aux fils et filles d’Ignace.
Proposer à tous la Parole
La majeure partie du ministère de Pierre Favre consiste surtout à parcourir les villes d’Europe. Il y prêche et donne les Exercices Spirituels, spécifiquement en Allemagne. Le zèle de la mission était pour lui essentiel au risque d’être compris que par peu de gens[4].
Chercher Dieu en toutes choses
Pour Pierre Favre, tout travail pour le Seigneur, doit se traduire en « ferveur et en acte ». Ceci n’est pas sans rappeler le « principe et fondement » des Exercices Spirituels[5]. Notre jésuite est très attaché à ce que les hommes reconnaissent Dieu comme principe et fin de toute chose. Il supporte difficilement les compromissions que certains font en mélangeant vie spirituelle et vie de la chair. Pour Pierre Favre centrer son esprit sur Dieu, mettre Dieu au cœur de sa vie, c’est rejoindre Dieu au cœur même de son existence.
Agir et prier
« Chercher Dieu » voilà le désir que manifeste souvent Pierre Favre au long de ses relectures. Il est tendu par les deux mouvements contradictoires que sont d’une part les œuvres et d’autre part la prière en elle-même. Faut-il chercher l’une plus que l’autre, quelle est en fait la meilleure manière de servir Dieu ? L’action est un service de l’oraison, et cette dernière un lieu d’unification pour l’action. L’action et la prière sont ordonnées l’une à l’autre. Pour cela, il faut tendre dans l’oraison vers la bonne manière de servir plutôt que d’essayer d’obtenir dans l’action ce qui s’obtient par la prière[8].
Prière
La prière en vue de l’action est non seulement pour notre Jésuite d’unifier l’action mais aussi de laisser le maître nous enseigner. Il nous donne ce que nous avons besoin pour être sa présence au milieu du monde. Pierre Favre qu’il est nécessaire d’ouvrir largement son cœur à Dieu, de l’accueillir véritablement au cœur de notre vie.
Répandre le bien
L’apostolat de notre jésuite était aussi celui d’être le ministre sacramentaire de la réconciliation avec le Seigneur. Ce fut pour Pierre Favre le moyen de comprendre l’immense miséricorde du Seigneur. Il développe ici une manière d’être au monde qui s’enracine dans l’action comme service de Dieu.
Ne pas courir le monde
Pierre Favre met aussi en garde contre le « désir de gagner le monde au risque d’y perdre sa vie ». Il ne s’agit pas tant de chercher à faire de grandes choses, à espérer de Dieu sa grâce pour « courir le monde et vaincre des montagnes » mais de s’attacher aux choses les plus petites et d’espérer la grâce de Dieu pour les servir. Il est nécessaires qu’elles soient toutes « ordonnées à servir la gloire de Dieu, au salut de son âme et au bien du prochain. »[10]
Aujourd’hui
Pierre Favre encourage aussi à s’enraciner dans l’aujourd’hui, à ne pas désirer demain en rêvant à faire des grandes choses, c’est dans le quotidien que l’on sert Dieu, en se mettant au travail dès maintenant avec tout ce que le Seigneur donne. C’est Dieu lui-même qui peut mettre au cœur de l’homme le désir de faire de grandes choses au quotidien « sans paresse et sans crainte ».
« Discerner le mauvais esprit »
Notre Jésuite met également en garde contre ce qu’il appelle « l’esprit du mauvais ange ». Il pousse l’homme à désespérer et à voir une situation délicate comme impossible à résoudre. Pierre Favre nous pousse à discerner ce mauvais esprit et à nous remettre dans une humble confiance en Dieu. Faire confiance à Dieu ne signifie pas lui laisser faire le travail, mais nous mettre au travail en devenons ses bons instruments, de fidèles serviteurs de son esprit. Pour cela, ce premier compagnon d’Ignace, invite à tourner notre regard vers les réalités d’en haut. C’est un appel à nous décentrer et à nous recevoir pleinement de Dieu. Il faut être davantage tournés vers la louange de Dieu et le service du prochain. Cela est possible à la seule condition d’être habités par l’Esprit de Dieu. C’est lui qui nous insuffle ce désir et nous donne de l’accomplir.
Présence
Pierre Favre est attentifà ceux qui n’espèrent plus ou qui se trouvent dans la détresse. Il en fait souvent l’objet de sa prière en s’y sentant poussé par Dieu. Pierre Favre sent très fort intérieurement que seul le Seigneur peut donner la vraie joie. Lui seul est le véritable consolateur. Il invite chacun, lui compris, à déposer le poids de ses jours au pied de Dieu. « Être à Dieu seul pour être tout entier aux hommes » pourrait être une des devises de notre Jésuite.
Le balai du Christ
Pierre Favre s’est déclaré vouloir être le « balai du Christ ». Cette expression confirme que Pierre Favre s’est toujours considéré comme un serviteur de la gloire de Dieu. C’est cependant une joie pour notre jésuite d’être au service du Christ comme balai des « demeures spirituelles ». Il s’offre au Christ pour être au service du nettoyage des demeures spirituelles. Il demande que toute la Compagnie de Jésus oeuvre à la vraie réforme de l’Eglise.
Proximité
Comme Ignace et François-Xavier il s’est fait proche de chacun témoignant ainsi de la proximité de Dieu pour chacun. Il souhait que les hommes découvrent l’amour et la volonté de Dieu de le connaître.
Préface
Tu as fait naître dans le cœur du Bienheureux Pierre Favre un amour brûlant pour ton Eglise, Théologien de grande renommée, défenseur de la vérité, Premier prêtre de la Compagnie de Jésus, Accompagnateur spirituel plein de douceur et de discernement. Envoyé souvent auprès des grands de ce monde, il ne renia jamais ses origines modestes, gardant une tendresse particulière pour les pauvres et les petits, et une grande dévotion pour les processions, les saints et les anges. ». Puisse son intercession nous aider à mieux aimer et servir nos contemporains en qui la figure du Christ se révèle.
[1] Mémorial n°12
[2] Lettre de Peter-Hans Kolvenbach, supérieur général de la Compagnie de Jésus, 2005/01, p.3
[3] Mémorial, p. 116 – note 2
[4] Mémorial n°112
[5] Ignace de Loyola, Exercices Spirituels. Traduit du texte autographe par E. Gueydan, sj. Collection CHRISTUS 1961, Desclée de Brouwer – Belarmin, p. 449 – par la suite nous utiliserons l’abréviation E.S.
[6] Mémorial n°109
[7] E.S. n°53
[8] Mémorial n°126
[9] Mémorial n°340
[10] E.S. n°23
[…] fête titulaire de la Compagnie de Jésus et une action de grâce pour la récente canonisation de Pierre Favre, un des premiers compagnons d’Ignace de Loyola et figure très chère au Pape […]