Aujourd’hui nous sommes vendredi. C’est le jour où nous nous rappelons le vendredi saint, jour où le Christ est mort sur la croix. Aujourd’hui, nous en faisons mémoire mais d’une manière particulière. Le vendredi qui suit la solennité du Saint Sacrement est la solennité du Sacré Cœur de Jésus. Cet amour miséricordieux que le Christ nous donne est irrigué par le sang et l’eau qui sortirent de son corps transpercé. Cette réalité que nous dit Jean dans son Évangile est violente. Non seulement le Christ a été supplicié par le châtiment ignoble de la croix, mais aussi il a fallu qu’il soit achevé en ayant le flan transpercé.
Le Christ s’offre à nous
Dans ce corps offert, dans cette intégrité violée c’est le Christ qui continue de se donner. Ce sang et cette eau sont le signe de la vie offerte par amour. Même dans sa mort, le Christ ne garde rien pour lui, il nous donne ce qui est nécessaire pour vivre. Cette symbolique nous conduit à célébrer ce cœur donné et offert, ce cœur qui ne cesse de battre pour que nous nous engagions dans l’amour du prochain. Le Christ, qui par son cœur a tant aimé le monde, comme il le dira à Marguerite-Marie à Paray-le-Monial, souhaite que nous puissions faire battre le nôtre à l’unisson du sien.
Transpercés avec le transpercé
En contemplant ce cœur et ce corps transpercé nous pouvons penser à tous ceux et toutes celles qui sont transpercées, pour la justice, par la peine inconsolable, par des maux qui ne guérissent pas ou des mots qui blessent ou ont blessé etc. Le cœur même des blessures du Christ est le lieu la réconciliation et de la paix. Il y a là un appel à mettre les nôtres dans les siennes pour qu’il vienne les transformer et nous donner la grâce de pouvoir les vivre. Se confier au cœur du Christ c’est entrer dans un mouvement de réconciliation pour être capable d’embrasser le monde avec les mêmes sentiments du Christ. Se placer sous le signe de ce cœur aimant, c’est se laisser embarquer dans la mission du Christ qui nous enfante à la foi, à l’amour et à la charité comme nous y invite notre baptême. L’eau qui coule du flanc du Christ est l’eau dans laquelle nous avons été plongés lors de notre baptême, et le sang est celui de l’alliance nouvelle et éternelle que le Christ partage avec nous à chaque eucharistie.
Plongés dans le coeur du Christ
Vivre sous l’étendard du cœur Christ c’est vivre en ayant conscience que le Christ nous a choisis pour devenir jour après jour des ressuscités, serviteurs de nos frères et sœurs en humanité, malgré fatigues et contradictions. C’est vivre en témoin de sa joie pour l’annoncer au monde par et dans toute notre vie. Cette joie est un enthousiasme qui réveille notre cœur parfois endormi. Elle vient nous apporter la lumière du Ressuscité, la miséricorde du Père, la force de l’Esprit. Elle nous remet en route pour partir sur nos chemins quotidiens, fortifiés par le bain du baptême et la communion au pain de la route, ce pain et ce vin, devenus corps et sang du Christ, force des fragiles.
Dans les pas du Ressucité
Que cette solennité du cœur du Christ nous invite à entrer dans un mouvement de dépassement de nos propres certitudes pour entrer dans le dynamisme du rythme de Dieu. Le seul risque à prendre c’est de marcher dans les pas du Ressuscité. Pas dans lesquels tant de femmes et d’hommes passionnés par la justice ont choisi de mettre les leurs. Pas qui nous conduisent aux carrefours du monde où se rencontrent les femmes et les hommes d’aujourd’hui. Pas qui nous invitent, le cœur brûlant, à devenir témoins, par nos vies, de la joie, et de la consolation de ce Dieu trinité qui se donne pour que nous nous donnions à notre tour.