L’Évangile de 7e dimanche ordinaire nous amène à réfléchir sur la générosité. Jésus nous appelle à élargir notre cœur aux besoins du monde et à ceux de nos contemporains. Comment notre attachement au Christ, les appels que nous recevons de Lui nous conduisent-ils à davantage de générosité ? Elle n’est pas forcément signe d’abondance de biens, d’argent sonnant et trébuchant. Même si nous en avons besoin suffisamment pour vivre dignement.
Vers une vraie générosité
La générosité à laquelle nous sommes appelés est de l’ordre de l’abondance du cœur, de l’ouverture à une vie en abondance, signe de la vie éternelle. Avouons que cet appel qui jaillit du désir du Christ pour nous n’est pas facile à mettre en pratique. Il peut rester lettre morte et se contenter d’une générosité de façade. Peut-être sommes-nous satisfaits de nous-mêmes en la matière. Nous donnons aux bonnes œuvres — ce qui est bien, mais en fait, ce n’est pas suffisant. Le Christ nous appelle à avancer en eaux profondes. Nous avons à chercher à puiser au cœur de sa miséricorde l’élan d’une générosité, d’un amour sincère pour les femmes et les hommes de ce temps. Il s’agit, en fait, d’entrer dans la promesse des Béatitudes. Ce chemin de bonheur que le Christ dessine pour nous.
Contempler le Christ en croix
Cette générosité c’est aussi avoir un cœur apaisé. Cet amour pour les ennemis que nous enseigne le Christ est un critère de croissance, un impératif de conversion pour ses disciples. La haine peut nous habiter et venir noircir notre cœur. Nous pouvons avoir en nous des pulsions de mort. Mais, si nous les remettons humblement devant le Christ en croix, nous pouvons sentir la grâce apaiser ces tensions. Dans cette prière contemplative, nous pouvons nous laisser toucher par la générosité du cœur du Christ. Lors de sa passion, il a continué d’agir avec sagesse et douceur.
La générosité de l’Eucharistie
N’oublions pas, lorsque nous communions, que son corps et son sang nous sont donnés en partage, en multitude. Le Christ vient faire sa demeure en nous, pour que nous fassions du monde sa demeure. Il nous demande de devenir davantage justes, bons et doux à son image. Sur la Croix, il a crucifié toutes les haines qui peuvent habiter le cœur des hommes. Sa mort est une injustice et il choisit de l’assumer, de la supporter par amour pour nous. Sa Résurrection est pour nous le signe que le Seigneur se donne généreusement à nous pour que le monde soit sauvé. Ce « déjà là et pas encore » ne peut exister qu’à la condition que nous puissions vivre et manifester une réelle générosité dans nos relations humaines. Nous avons à en tirer profit pour vivre le pardon, pour avancer vers la Paix et regarder ce qui, en l’autre, est force de progrès.
Faire advenir le Royaume
C’est grâce à la générosité de notre cœur, à nos capacités de nous situer en vérité, dans la relation avec l’autre, que nous pourrons faire advenir le Royaume. Voilà ce que le Christ nous demande. C’est une invitation à entrer par la porte de son cœur transpercé, celui qui laisse la place aux blessures pour les accueillir et les transformer en puissance de vie. Si nous acceptons de nous laisser entraîner par l’amour du Christ, qui sauve le monde, nous pourrons changer le monde. Mais, ce n’est pas facile. C’est un travail de longue haleine qui demande que nous nous en remettions davantage à la miséricorde. Ainsi, il pourra façonner notre cœur, permettre qu’il ressemble davantage au sien.
Vivre la grâce de notre baptême
Porter cette espérance, désirer changer de vie pour marcher à la suite du Christ, doit pouvoir être le projet de vie de chaque chrétien. La grâce reçue à notre baptême l’exige. Ce n’est pas facultatif si nous voulons prendre au sérieux les effets de ce sacrement. Il nous est demandé de nous remettre sans cesse en face de sa miséricorde. Il n’est pas venu nous juger, mais nous sauver. Dieu, en son Fils, par le don de l’Esprit, désire nous entraîner « à élargir l’espace de notre tente », à aller au-delà ce que nous connaissons, à sortir pour vivre son Évangile en plein monde.
Entendre la générosité de Dieu
Ainsi, notre attitude devant notre pauvreté n’est pas de nous replier sur nous, de battre notre coulpe tout en restant dans le connu. Nous avons à entendre l’audace et la générosité de Dieu. Nous écoutons le Seigneur nous dire que son pardon est bien plus essentiel que nos ruptures d’alliance. C’est ce pardon qui nous permet d’entrer dans son alliance. Ainsi, nous ne sommes pas soumis à une obligation de résultat, mais avons à entrer dans une promesse qui fait vivre en abondance.
Pour un véritable vivre ensemble
C’est là une invitation, une proposition à un « vivre ensemble » qui n’est pas faite de compromis. C’est une ambition que nous avons à porter ensemble. Nous sommes le Peuple de Dieu, appelé à devenir, individuellement et collectivement, visage et ressemblance du Christ. Ce qui importe donc, et la démarche synodale en cours peut nous y aider, c’est de marcher ensemble vers ce but. Nous sommes à la fois témoins et bâtisseurs du règne de Dieu.
Vivre la fraternité, la sororité
Nous sommes appelés à manifester en ce monde et en ce temps la tendresse de Dieu. Cette marche, ce pèlerinage est une suite de petits pas. Nous avons à reconnaître, habités par le don de l’Esprit, que chaque personne est image et ressemblance de Dieu. Il n’y a pas différentes catégories de personnes humaines. Nous sommes donc invités à vivre les uns et les autres dans une authentique fraternité.
L’Eucharistie : chemin de Salut
Dans cette démarche, il nous faut faire l’expérience salvatrice du pardon mutuel. Il tire sa force de l’Eucharistie, amour miséricordieux du Père, manifesté par la force du don du Fils dans la dynamique de l’Esprit. Cette générosité du Père est liée à la qualité de relation des trois personnes de la Trinité.
À leur exemple et à leur suite, demandons la grâce de soigner nos relations. C’est dans cette qualité du « vivre ensemble », de puissance de la fraternité, sororité, que nous saurons être davantage disciples, amis, serviteurs de l’Amour de Dieu. Comptons donc sur l’Esprit pour nous conduire à servir avec passion et humilité l’Étendard de la Croix et ainsi participer au Salut du monde pour la plus grande gloire de Dieu.