« Seigneur Jésus, apprends-nous à être généreux », ce début de la prière scout incarne la recherche de la juste générosité dont nous parlent les textes de la liturgie de ce 32e dimanche ordinaire. La première lecture et l’Évangile mettent en lumière une pauvre veuve. Toutes les deux offrent leur unique nécessaire pour vivre. L’une d’elles est visitée par un prophète qui réclame une galette, alors qu’elle a tout juste de quoi survivre. L’autre verse une maigre obole au Temple, mais c’est son tout, ce qu’il lui reste pour vivre. Ces veuves nous interrogent sur l’utilisation de nos biens, ce que nous avons pour vivre et notre générosité.
Notre générosité et celle de Dieu
Pour beaucoup d’entre nous, nous ne manquons pas de grand chose, financièrement parlant. Mais, nous n’avons pas seulement besoin d’argent pour bien vivre. Nous pouvons avoir toutes sortes de problèmes qui nous entravent et alourdissent notre vie quotidienne. Qu’en faisons-nous dans notre rapport au Seigneur ? La question qui est au cœur des textes de ce 32e dimanche est celle de la qualité de notre offrande. Il ne s’agit pas tant de notre contribution à la quête ou au denier de l’Église – même s’il n’est pas à négliger – mais de l’offrande de nos vies.
Laissons-nous accueillir par la générosité de Dieu
Certes, Dieu n’a pas besoin de victimes ou d’offrandes expiatoires, c’est ce que nous dit le verset 7 du psaume 39 (40) : « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit : « Voici, je viens. » » Ainsi, c’est bien nous que le Seigneur veut. Non pour l’amadouer ou lui payer notre salut. Lorsque nous nous offrons à Dieu, nous nous laissons accueillir par Dieu. Cette action, cette manière de vivre et de prier nous permet de rendre à Dieu ce qu’il ne cesse de nous donner au cœur de notre vie. L’offrande de notre vie nous conduit à rendre grâce, à louer Dieu pour toutes ces occasions où nous pouvons témoigner qu’il nous donne une vie en abondance.
Avec Dieu, nous ouvrir à la générosité
Même si nous avons peu, même si nous trouvons que nous n’en faisons pas assez, que notre prière est trop courte, même si… la générosité de Dieu est là ! Il donne sans compter son amour, sa grâce, la force d’agir en plein monde, en son nom. Tout ce qui est semence de vie, de paix, d’amour, dans ce monde est le signe de la présence agissante de Dieu en notre vie. Mais, cette vie passe par la nôtre, aussi fragile qu’elle soit.
Partir à la rencontre de Dieu en nous abandonnant à son amour
Tous nos actes qui nous décentrent, qui nous ouvrent avec générosité à la rencontre avec l’autre sont des vivantes offrandes à la louange de la gloire de Dieu. N’en doutons pas. Ne regardons pas ce que nous faisons, ne comptons pas ce que nous donnons. Répondons plutôt à la générosité de Dieu qui nous invite à faire route avec Lui, à partager sa table pour partager sa vie. Le reste est second au regard de cette promesse de vie en abondance que nous offre le Seigneur.
Donne-moi seulement de t’aimer
C’est ce qui transparaît à la fois dans la veuve de Sarepta et sa générosité avec le prophète Élie et dans la veuve de l’Évangile. Toutes les deux avaient le cœur ouvert à l’autre et donc à Dieu. Malgré la précarité que rencontre la première, elle consent à faire une galette à la demande du prophète alors qu’il lui restait si peu. La seconde a offert à Dieu « tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »
Prends, Seigneur et reçois
En contemplant la générosité de cette femme, comment ne pas penser au « prends Seigneur et reçois » de saint Ignace ? Cette prière se situe dans la droite ligne de la générosité de ces deux veuves. Lorsque, dans cette prière, nous remettons tout entre les mains de Dieu et lui demandons « seulement de l’aimer », cela peut paraître audacieux et inconséquent.
Choisir la vie avec générosité
Lorsque nous prenons le temps de regarder nos vies et celles de nos frères en humanité, nous pouvons facilement dresser comme une liste de courses particulièrement longue. Nous voudrions, par exemple, la santé, la richesse, les honneurs… Bref, tout un tas de choses qui nous donneraient de mieux vivre en apparence. Oui, tout cela est important et ce n’est pas à négliger. Mais, c’est là où il nous faut entrer dans ce « davantage » cher aux fils et aux filles d’Ignace. Ce qui importe, ce n’est pas une vie érémitique privée de tout confort, même si certains la choisissent. Il s’agit bien plutôt de choisir ce qui nous fait vivre.
A l’écoute de mes motions intérieures
Quels sont les lieux, les moments, les personnes, les rencontres qui font battre notre cœur et nous révèlent la présence de Dieu ? Quel est donc cet unique nécessaire dont nous manquons tant et qui nous fait poursuivre, parfois, des chimères ? Chacun prendra le temps d’examiner sa vie, sous le regard de Dieu, avec confiance et espérance pour chercher cet unique nécessaire.
Entrer dans l’Amour de Dieu
Cet examen, que nous sommes toutes et tous invités à faire, n’est pas de l’autocritique ou une introspection malsaine. Elle est juste une proposition pour regarder notre vie à la lumière de la générosité de Dieu. Car ce qui compte plus que notre incapacité ou notre capacité c’est de reconnaître la tendresse de Dieu pour chacun de nous. Elle vient nous rejoindre dans la fin d’un commencement d’une brise légère (1 R 19, 12) au cœur de nos fragilités, de nos fêlures.
Goûter à la tendresse de Dieu
Cette tendresse de Dieu, ce fol amour de Dieu est le témoignage de sa grande générosité pour nous, tels la jarre de farine qui ne s’épuise pas et le vase d’huile qui ne se vide pas de la première lecture. Aussi, dans ce que nous célébrons dans l’Eucharistie, nous y trouvons le signe de cette générosité. Dieu, avec ce que nous lui donnons, nous offre un plus grand bien : son Fils bien-aimé.
La générosité de Dieu va au-delà de nos ruptures d’Alliance
C’est ce que nous disons dans la prière eucharistique n°1 pour la Réconciliation : « Bien loin de te résigner à nos ruptures d’Alliance, tu as noué entre l’humanité et toi, par ton Fils, Jésus, notre Seigneur, un lien nouveau, si fort que rien ne pourra le défaire. » Dieu va au-delà de nos pauvretés pour nous conduire à être davantage généreux avec notre vie, à élargir l’espace de notre tente et à y vivre davantage son alliance pour toute l’humanité.
Alors, entendons cet appel que le Seigneur nous fait dans ce passage de la lettre aux Hébreux (He 13, 2) : « N’oubliez pas l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges. » Et continuons de demander la grâce de la vraie générosité.