Agir à la suite du Christ


Méditations au coeur du monde / vendredi, octobre 18th, 2024
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Dans la prière d’ouverture de ce 29e dimanche ordinaire, nous demandons au Seigneur : « Fais-nous toujours agir pour toi d’une volonté ardente, et servir ta gloire d’un cœur sans partage. » Cette demande est particulièrement éclairante. Elle met en lumière les tensions qui nous habitent dans le service. Ainsi, il s’agit bien d’agir pour le Seigneur quand nous agissons pour et avec nos frères et sœurs. De même, ce n’est pas nous et notre propre gloire que nous recherchons, mais celle du Seigneur. Alors, nous prenons conscience que le service de Dieu et de nos frères et sœurs n’est pas toujours évident.

Agir pour qui et pour quoi

Il nous arrive parfois d’agir par égoïsme, par intérêt, par affection… et non pas de manière désintéressée. C’est plus ou moins volontaire et, reconnaissons humblement notre fragilité ici aussi. Agir comme un serviteur du maître est un appel qui nous est fait. Par cette attitude, nous pouvons être le reflet du comportement du Christ.

Agir à la suite du Christ

Dans l’Évangile, il n’est jamais en position de supériorité. Il laisse aux autres toute leur place pour qu’ils puissent marcher à sa suite. Ainsi, être serviteur, ce n’est pas être servile, mais être à sa juste place. À la suite du Christ, en le choisissant pour maître et pour ami, nous comprenons que la main tendue à l’autre est un geste d’amour et de foi.

Avec le Christ, vivre une proximité fraternelle

Tendre la main, c’est aussi se montrer désarmé. C’est donc agir comme Jésus, à sa suite. C’est cette voie que Paul nous indique dans la seconde lecture. Il nous montre le Christ pour comprendre comment il s’est fait proche de nous. Cette proximité est une invitation à reconnaître notre humanité comme le lieu de passage du Christ. Il n’a pas fait semblant et ses douleurs, ses joies, ses peines n’étaient pas feintes. La croix n’a pas été un lieu de supplice virtuel. Aussi, nous savons que nos situations humaines douloureuses ont un écho dans le cœur du Christ. Rien de ce qui nous touche ne lui est étranger. Ainsi, dans cette proximité, nous trouvons de la consolation et de l’espérance.

Chercher la ressemblance du Christ

L’agir du Christ est une invitation à nous laisser rejoindre par cette proximité pour marcher à sa suite et à son exemple. Ressembler au Christ, être animé de sa compassion ne consiste pas à faire du mimétisme, à être des clones du Maître. Il s’agit davantage de nous laisser inspirer par l’Esprit qui nous donnera l’audace de trouver notre singularité dans l’unité du corps du Christ. En fait, cet agir du Christ, comme serviteur du Père, nous conduit à découvrir que sa force réside dans l’abandon à la volonté du Père. Jésus ne fait rien sans avoir pris le temps de prier le Père de se laisser mouvoir par l’Esprit. C’est dans cette grande proximité, dans cette unité des personnes divines, que nous avons nous aussi à situer notre action.

Agir en contemplant à la suite du Christ

Si nous remettons notre vie, notre désir devant Dieu, dans la contemplation de la Parole de Dieu, nous nous laisserons alors inspirer par le souffle de Dieu. Nous pourrons prendre davantage la tenue du serviteur et laisser sur le bord de la route nos tentations de tout diriger, de tout mener, de devenir « maîtres des horloges ». Bien sûr qu’il faut pouvoir tenir la barque de la vie et prendre des décisions pour éviter qu’elle n’échoue pas sur des bancs de sable. Pour autant, il faut savoir s’en remettre pleinement à la volonté du Christ. Ainsi, ce qui importe, ce n’est pas de savoir si nous siégerons à la droite ou à la gauche du Christ. Il y a de la place pour tous dans le cœur de Dieu à condition que nous manifestions le désir de nous laisser rejoindre par son amour et sa paix.

Sommes-nous disponibles pour les autres ?

Ce qui importe, c’est notre capacité à faire de la place à l’autre dans nos vies et dans nos cœurs. C’est alors que l’imprévu de Dieu pourra se manifester dans nos vies. Courir après les places, les honneurs, les titres est une satisfaction de court terme. Cela peut flatter notre ego, mais surtout nuit à cette égalité entre toutes les personnes. Alors que désirer devenir serviteur à la suite du Serviteur du Père, c’est entrer dans une relation d’amour et de proximité. C’est aussi reconnaître que nous ne sommes pas suffisants à nous-mêmes et que nous avons besoin des autres pour agir et grandir.

Participer et agir pour faire croître l’œuvre de Dieu

Le Christ nous a choisis comme disciples missionnaires, car cela importe au Père que sa création porte du fruit et construise le Royaume. Ainsi, notre vie se doit d’être une participation à l’œuvre de Dieu.

Placés aux carrefours du monde

Nous n’avons pas à chercher à être ici ou là dans la hiérarchie céleste, mais placés en plein monde pour témoigner de la joie de connaître le Seigneur. Voilà ce qui importe vraiment : être là, au cœur du monde, de notre vie et œuvrer à davantage de solidarité, de fraternité, de sororité. D’autres qui ne suivent pas le Christ le font tout aussi bien, mais si nous, qui choisissons le Christ pour maître et pour ami, ne le faisons pas, nous trahissons son message.

Agir au cœur du monde en fidélité à notre baptême

Au-delà, suivre le Christ, agir à sa suite et devenir serviteur, c’est honorer la dimension royale de notre baptême. Car, dans cette conception chrétienne, le roi est celui qui est au service. Le responsable n’est pas le chef à qui tout est dû, mais celui qui cherche à honorer les autres, à les valoriser, à les mettre en route.

Chef et serviteur

Le chef est alors le serviteur par excellence. Repensons à Jésus lors de la dernière Cène. Il s’est agenouillé, prenant le tablier de serviteur, pour laver les pieds de ses disciples. Lui, le Fils de Dieu, a fait ce geste pour nous entraîner à sa suite. Alors, que nous faut-il d’autre pour nous mettre à son école et devenir jour après jour davantage les serviteurs les uns des autres ?

Contempler l’agir du Christ

C’est un chemin quotidien de contemplation qu’il nous faut prendre en nous inspirant de l’attitude du Christ dans l’Évangile. Il s’agit vraiment d’ouvrir son cœur à la tendresse de Dieu, de le laisser nous montrer la route qui conduit à mieux aimer et servir. Chacun d’entre nous est appelé à entrer dans cet appel, dans la générosité du cœur de Dieu.

Faisons vraiment confiance à Dieu et demandons-lui de nous communiquer sa grâce pour agir comme Lui. Nous pouvons le faire, par exemple, avec la dernière strophe du psaume 32 de ce dimanche, telle une proclamation d’espérance : « Que ton amour, Seigneur, soit sur nous, comme notre espoir est en toi ! »