La liturgie de ce 32e dimanche ordinaire nous porte à réfléchir sur la sagesse et le discernement. Nous connaissons bien l’évangile des vierges sages et des vierges folles. À sa première lecture, nous comprenons certes la sagesse des premières et l’insouciance des secondes. Nous pourrions sans difficulté voir un manquement dans la pratique élémentaire de la charité. Mais, la pointe de cette parabole ne souhaite pas marquer une potentielle radinerie des vierges sages, mais l’insouciance des vierges folles.
Sagesse des vierges, sagesse du Christ
Ce qui constitue la sagesse de nos vierges sages c’est leur préparation, leur disponibilité pour attendre l’époux malgré l’attente. Nous approchons de la fin de l’année liturgique et du début de la joyeuse attente du temps de l’Avent. C’est le temps de la vigilance bienheureuse où nous pouvons préparer nos cœurs à la rencontre de Celui qui est la sagesse par excellence.
Prenons-nous la route avec Jésus ?
La question que nous devons nous poser en ce 32e dimanche du temps ordinaire est de savoir si nous avons le désir de nous mettre en route, d’être disponible. Savons-nous mettre de la sagesse dans nos impatiences et laisser Dieu habiter le temps ? Non pas qu’il faille être attentiste en attendant que Dieu pourvoie — cela serait faire fausse route.
Dieu est-il avec nous ?
Mais, mettons-nous Dieu dans nos projets, nos attentes, nos entreprises ? Avons-nous la sagesse de le rendre partie prenante de nos vies ? Notre disponibilité est un critère de discernement pour accueillir la vie que Dieu nous fait chaque jour. Disponibilité aux autres et disponibilité à Dieu sont une seule et même disponibilité. Sachant, toutefois, que l’une et l’autre sont différentes, bien qu’ordonnées l’une à l’autre.
Compagnons de Jésus
Le psaume 62 de ce dimanche nous fait comprendre que notre vie, notre cœur sont tendus vers Dieu. Nous comprenons qu’il est le cœur de notre vie, la source qui nous désaltère. C’est donc par un compagnonnage avec Dieu, avec Celui qui dit la sagesse entre ses mains, que nous cheminons au cours de notre vie.
La sagesse du psaume 62
Bienheureux celui ou celle qui peut souscrire pleinement à cette belle prière du psalmiste. Dire la louange, rester des heures à lui parler, crier de joie auprès de lui. Cette personne qui vit dans cette dynamique est vraiment pleine de foi et de sagesse. Pourtant, nous demeurons souvent un peu loin de cette description idyllique du priant et du croyant.
Désirer suivre le Christ de plus près
Le désir de servir le Christ, de prier avec lui, de le mettre dans toute notre vie est présent. Pourtant, trop souvent il reste sur le pas de la porte. Nous aimerions avoir cette sagesse de saint Alphonse Rodríguez, patron des frères jésuites. Sa biographie raconte qu’à chaque fois qu’une personne sonnait à la porte du collège de Palma de Majorque, il répondait : « J’arrive, Seigneur ».
La sagesse du temps présent
Voir en chacun la figure du Christ, n’est-ce pas l’invitation qui nous est faite depuis notre baptême ? Avouons que cela devrait nous habiter chaque instant de notre vie. Mais voilà, parfois nous oublions que Dieu est présent à nos côtés. Nous le cherchons bien souvent ailleurs que dans la simple présence de l’autre qui marche avec nous sur la route de la vie.
L’huile de la foi
Aussi, nous avons besoin de la lampe de la foi pour avancer dans cette découverte. Cette lampe dont les réserves d’huile ne s’achètent pas au magasin. Elles sont inépuisables si nous mettons notre espérance dans le nom du Seigneur. Cette espérance à laquelle Paul nous initie dans la seconde lecture. Elle n’est pas une chimère, mais une invitation à nous laisser saisir par le Christ et ainsi à se réconforter les uns les autres.
Suivre le Christ : notre priorité ?
C’est le Christ qui est notre objectif premier. Il ne s’agit pas de l’idolâtrie, mais de puiser dans un compagnonnage chaleureux la force pour ne pas désespérer. Parce que si nous regardons objectivement notre monde, nous voyons davantage de guerres, de dévastations, de conflits que de havres de paix et de fraternité.
Bâtir la fraternité
Mais, notre mission de chrétien c’est justement de chercher à bâtir cette fraternité. Elle est l’annonce du Royaume, la concrétisation des promesses du Christ. La fraternité ce n’est pas accepter n’importe quoi par complaisance. C’est remettre l’autre au centre de son humanité et l’inviter à être acteur de sa vie.
Sagesse et préparation
Cette certaine sagesse de la vie, nos vierges sages l’ont mise en pratique à l’égard des vierges folles. Les premières n’ont pas cherché à pénaliser les secondes en refusant de leur donner de l’huile. Au contraire, elles les ont invitées à aller en prendre chez le marchand. C’est un conseil plein de sagesse qui pourtant met en lumière l’impréparation de leurs consœurs moins prévoyantes.
Se disposer pour la rencontre
Ainsi, nous pouvons également comprendre qu’une mission cela se prépare. Tout sacrement, toute rencontre, tout ce qui est sérieux doit être habité d’une préparation. Ce n’est pas une chose académique, ni même didactique. Il s’agit d’une disposition du cœur. D’ailleurs, une formule liturgique dit : « Disposons nos cœurs à la célébration de l’Eucharistie de toute l’Église. » Cette formule pénitentielle ne consiste pas à nous conduire à battre notre coulpe. Il s’agit de nous disposer à la rencontre, d’être prêt à un cœur à cœur avec Jésus.
Jésus, maître et ami
Il est cet ami que nous rencontrons au cœur du monde pour lui transmettre la joie et la paix du Christ. Ne pas se préparer c’est passer à côté de l’intensité de la rencontre. C’est un peu comme ne pas s’échauffer avant un entraînement sportif. Nous comprenons mieux ainsi l’importance de la disponibilité apostolique que requiert notre vocation baptismale.
Disponible pour mettre le feu au monde
Dieu compte sur nous pour mettre le feu de son amour en plein monde. Il a besoin de toute notre disponibilité, de toutes forces, de tout son amour pour que nous bâtissions avec Lui le Royaume et sa justice. Ne doutons pas que son amour et sa grâce nous accompagnent.
Compter sur la sagesse de l’Esprit
Mais, nous avons besoin de son aide pour les mettre en pratique en les déployant dans toutes les dimensions de notre vie. Ainsi, comptons sur l’Esprit du Père et du Fils qui nous donne sagesse, force et courage. Comblés de ces dons, nous pourrons alors partir en plein monde vivre et annoncer l’Évangile du Christ par et dans toute notre vie.