Avec Bartimée, au bord du chemin, crions vers Jésus


Méditations au coeur du monde / jeudi, octobre 24th, 2024
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« Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Cette question, Jésus nous la pose dans l’Évangile de ce 30e dimanche du temps ordinaire (Mc 10, 46b-52). Il nous la pose comme à Bartimée, l’aveugle au bord du chemin. C’est étonnant que Jésus nous interroge sur ce que nous voulons. N’est-il pas le Fils de Dieu, omniscient, tout-puissant ? N’est-ce pas Lui qui a créé l’univers ? Alors, pourquoi nous demande-t-il ce que nous voulons ? À quoi bon lui dire ce que je veux, s’il sait tout ?

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

Oui, c’est vrai. Il connaît le cœur de l’homme qui est malade et compliqué. Mais il l’aime par-dessus tout, cet homme qui ne cesse de vouloir chercher Dieu. Même au cœur de nos contradictions, de nos renoncements, de ce que nous n’aimons pas, Dieu nous aime et nous cherche. Il veut nous rencontrer pour entrer en dialogue avec nous. Mais Dieu ne force pas les portes fermées, parfois verrouillées à plusieurs tours de notre cœur.

À la suite de Bartimée, crier vers Jésus

Pourtant, nous sommes souvent, tel l’aveugle de l’Évangile, au bord du chemin, le cœur brûlant de désir. Mais notre cri de désir de rencontrer le Christ n’est pas entendu. Nous le faisons taire, de peur de déranger Jésus, telle la foule que nous voyons l’entourer dans l’Évangile de ce dimanche.

Inviter à aller vers Jésus

Pourtant, Jésus nous invite à aller vers Lui. Il invite aussi ceux qui font obstacle à l’expression du désir de l’autre de le laisser s’exprimer. Nous pouvons penser à toutes ces fois où nous avons eu une réaction de rejet, de mépris, voire d’élitisme par rapport à une prière, une pratique spirituelle. Souvenons-nous que nous ne sommes pas des douaniers de l’amour de Dieu. Il ne nous revient pas d’autoriser telles ou telles personnes à aller vers Dieu. Nous n’en avons ni la capacité, ni reçu la mission, et encore moins la responsabilité.

Passeurs et porteurs des grâces du Royaume

En revanche, notre mission est bien d’être des passeurs, des porteurs des grâces du Royaume, là où nous sommes, tels que nous sommes. C’est bien pour cela que Jésus nous demande : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Il s’agit pour nous d’être en mesure d’exprimer le désir de croissance qui nous brûle le cœur, tel Bartimée qui veut recouvrer la vue. Il nous le demande personnellement, intimement, intensément sans préjuger de notre réponse. Aussi, cette question est personnelle.

Une réponse personnelle

La foule et ceux qui conduisent Bartimée à Jésus ne répondent pas pour lui. Parce que l’évidence de l’intime n’est pas forcément la logique de la foule. Nous ne devons jamais nous substituer les uns aux autres. Au contraire, nous devons favoriser la singularité de la relation entre le cœur de chacun et le cœur du Christ. C’est dans cette conversation mystérieuse, dans ce dialogue intime que le lien unique entre Dieu et chaque individu se tisse, s’épanouit et se renforce.

La foule, Bartimée, et moi

Même si la foule peut conduire au Christ, elle n’est pas là pour dire ce qu’Il veut pour chacun de nous ni la question que le Christ nous pose. C’est important de bien percevoir ce qu’il nous revient de faire à la fois comme communauté, mais aussi comme disciples de Jésus. Certes, nous avons besoin de l’Église pour conduire au Christ et elle doit permettre à chacun de tisser un lien intime avec Lui. C’est ce lien, cette proximité avec le Christ qui nous donne d’en parler autour de nous.

Annoncer le fol amour de Dieu

Parce qu’il est merveilleux de connaître le Christ, d’être des compagnons de Jésus, et même son ami. Mais il nous revient de l’annoncer. Sans annonce, sans proclamation de l’Évangile de Dieu, Fils bien-aimé du Père, Bartimée n’aurait jamais entendu parler de Jésus. Il n’aurait pas pu crier sur le chemin de Jéricho : « Fils de David, aie pitié de moi ! » Prier le Fils de David, c’est reconnaître que Jésus est le messie de Dieu.

À la suite de Bartimée, confesser sa foi

Bartimée, sur le bord de la route, confesse sa foi. Il ne réclame rien, n’exige rien de Dieu, ne demande pas d’être guéri. Il veut seulement que le Fils de David, le Fils bien-aimé du Père, pose sur lui son regard. En cela, il peut ressembler à l’homme riche sur lequel Jésus pose son regard pour l’aimer.

Désirer être embrassé dans l’Amour de Dieu

Ce que désire Bartimée, c’est être embrassé par le regard de Dieu. Quel paradoxe pour un aveugle de vouloir être regardé. Et nous ? Voulons-nous voir Jésus ? Avons-nous le désir d’être embrassés par son amour ? Sommes-nous demandeurs de cette tendresse de Dieu que le Christ nous propose ?
Cette proposition que le Christ nous fait nous conduit à désirer devenir davantage ses témoins, ses amis.

Confessions de foi et évangélisation

Ce qui importe, c’est aussi que nous soyons capables à la fois de confesser notre foi, tel Bartimée, mais aussi d’entendre des femmes et des hommes de ce temps crier vers Jésus. La miséricorde et l’accueil du Christ sont inépuisables, nous ne sommes jamais trop à vivre de cet amour, à vouloir servir Dieu.

Faire croître l’Amour

Ce service de Dieu ne consiste pas d’abord à faire quelque chose, à œuvrer pour le Royaume, à apporter une pierre à l’édifice d’évangélisation. Servir Dieu rend l’homme libre comme Lui, nous dit le jésuite Didier Rimaud. C’est-à-dire que cela doit nous entraîner dans une communion d’amour toujours plus grande. C’est cet élan du cœur qui nous fait, à l’appel du Christ, nous débarrasser de notre manteau, de tout ce qui nous entrave pour bondir dans les bras de Dieu. Il nous attend tel le Père du Fils prodigue.

Invités aux noces de l’Agneau

Tout est donné, tout est offert, tout est consommé pourvu que nous prenions place avec Lui au festin des noces de l’Agneau. Lorsque le Christ nous demande : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? », il nous propose de choisir le chemin de sa vie. C’est une invitation à cheminer avec Lui en lui confessant notre amour.

Annonce et réconciliation

C’est Lui qui vient « travailler le cœur des hommes : pour que les ennemis se parlent à nouveau, les adversaires se tendent la main, et que les peuples cherchent à se rencontrer » (Prière eucharistique 2 pour la réconciliation).

Joie et disponibilité

Renouvelons donc notre confiance en Dieu, faisons monter vers Lui nos prières et nos louanges, car nous savons qu’il nous donne la force, le dynamisme et l’enthousiasme. Cette prière nous aidera à entrer dans la joie du Père. Elle nous rendra davantage disponibles pour œuvrer avec Lui à la réconciliation de ce monde. Puisse le Seigneur être notre joie et nous conduire à en témoigner, aux carrefours du monde.